Wiggins n’ayant plus la tête aux grands tours, Froome contraint à l’abandon en première semaine, c’est désormais sur celui que l’on attendait comme lieutenant que la formation Sky compte pour réussir son Tour de France. Pour Richie Porte, c’est une occasion à saisir.

Pas de Giro, plus de Froome

A l’intersaison, Dave Brailsford avait un plan bien précis. Porte devait aller sur le Giro et le gagner, quête dans laquelle avait échoué Bradley Wiggins un an plus tôt. Puis Froome devait décrocher un deuxième Tour de France, accompagné ou non de son fidèle lieutenant, là n’était pas le plus important et cela devait dépendre de l’état de fraîcheur de l’Australien. Mais à l’approche du printemps, tout a été chamboulé. Entre ses performances peu rassurantes du début de saison et une gêne au dos trop présente, Froome ne garantissait pas les résultats attendus. On semblait bien loin de la saison 2013 où le natif de Nairobi avait tout raflé de février à juillet. Avançant un virus – dont on ne saura jamais vraiment s’il était si important qu’on la fait croire, ou même réel – pour justifier le forfait de dernière minute de Richie Porte sur le Giro, la Sky faisait une croix sur la course rose, mais espérait s’assurer le sacre sur la Grande Boucle.

En effet, au grand départ de Leeds, la situation autour de Froome était très similaire à celle de l’an passé, en Corse. Richie Porte, son lieutenant depuis sa prise de leadership au sein de la formation britannique, était à son service. Forcément rassurant. La suite, on la connaît : trois chutes en deux jours et un abandon pour le Kenyan blanc ont propulsé l’Aussie comme leader de l’équipe à la bande bleue. Il faut dire que Dave Brailsford avait anticipé, après la première chute de Froomey vers Lille. Sur les pavés, en effet, l’ancien porteur du maillot rose était déjà protégé, exempté de travail auprès de son leader qui rendra les armes au cours de l’étape. Si comme tous les autres cadors, il a pris un éclat par rapport à Vincenzo Nibali, il est parvenu à largement limiter la casse : moins bien que Kwiatkowski et Van den Broeck, mais mieux que tous les autres. Et à la première journée de repos, il est le dauphin du Squale, à 2’23 « seulement ».

Le podium en vue

A 29 ans, Porte est arrivé à maturité. Plus confirmé que jamais, il a appris aux côtés de Wiggo et Froomey. Désormais, c’est sur lui que se repose la Sky, et le garçon a l’air d’apprécier. Dans la montée de la Planche des Belles Filles, c’est d’ailleurs lui qui a roulé pour tenter de revenir sur Nibali. Comme un grand. « Ca fait du bien de voir que c’est moi qui prends la course en main, qui prends les responsabilités. » Un coureur aux qualités semblables à celles de ses prédécesseurs, mais qui ne pourra pas opter pour la même stratégie : la Sky ne semble pas pouvoir cadenasser les montées comme elle l’avait fait, déjà la Planche, en 2012. Alors Porte va devoir la jouer autrement, « attaquer Nibali, être agressif. » Et l’Australien ne le cache pas, il espère bien recevoir le soutien des autres outsiders, notamment de la Movistar et de son leader Alejandro Valverde. Histoire d’atteindre la meilleure place possible à Paris.

Si la victoire semble presque déjà envolée au profit d’un Vincenzo Nibali trop fort pour ceux qui sont encore là, le podium doit être l’objectif d’un Richie Porte en quête d’un peu de reconnaissance de la part du grand public. Septième du Tour d’Italie en 2010 et porteur du maillot rose, il n’a plus connu pareille exposition depuis son transfert chez Sky. C’est le moment d’y remédier. Celui que son manager Dave Brailsford définit comme « un joli plan B » a donc l’opportunité de devenir un leader à part entière, tout en se différenciant de Wiggins ou Froome. « Bradley avait sa manière de faire les choses, un peu réservée. Chris a la sienne, plutôt décontractée. Moi quand je veux quelque chose, je le veux tout de suite », expliquait ainsi le Tasmanien il y a quelques jours. Au moins, le peloton est prévenu. Sans avoir les dents qui rayent le parquet, Porte a des ambitions. Être un lieutenant sur la Grande Boucle ne semble pas être un problème s’il a un leader d’envergure à aider. Mais dès la saison prochaine, il voudra sans doute et à juste titre un rôle de leader sur un autre grand tour. Que Sky ne pourra pas lui refuser s’il réussit dans son opération juillettiste.

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