Il n’est toujours que l’ombre de l’auteur du doublé Milan-Sanremo Paris-Roubaix qu’il a réalisé en 2015, mais John Degenkolb reprend de belles couleurs. Aujourd’hui, c’est lui qui règle le sprint derrière l’intouchable Marcel Kittel. Le retour au haut niveau n’est pas loin.

La mauvaise passe

Le coup de coude de Sagan à Vittel, qu’il ait été involontaire ou conscient, a fait des dégâts. Mark Cavendish a dû rentrer à la maison. Mais il y a eu, sur le moment, une autre victime, collatérale du contact entre les deux champions du monde. John Degenkolb. « J’ai toujours très mal. Je ne peux pas vraiment bouger mon bras, je ne peux pas attraper les bidons ou les musettes, mon épaule est trop fragile. Ce sont donc mes coéquipiers qui le font pour moi », se plaignait encore l’ancien moustachu à l’arrivée aujourd’hui. Pourtant, il a terminé deuxième, comme une renaissance. « Ça me pompe beaucoup d’énergie mais l’adrénaline sur la fin me permet presque d’oublier la douleur. »

La douleur, une sensation que connaît John Degenkolb comme peu dans le peloton. Lui qui nous confiait avant le départ du Tour qu’il venait de passer « la pire année de sa vie, mentalement comme physiquement. » Il y a un an et demi, l’Allemand avait été renversé par une voiture à l’entraînement. Après une saison 2015 de rêve, l’année 2016 a été celle du cauchemar. En manque de confiance et de condition, lui d’habitude si souriant avait triste mine. Cette année, il a doucement relevé la tête en s’offrant des top 10 sur les trois premiers monuments de la saison (septième à Sanremo et sur le Ronde, dixième à Roubaix). Sur ce début de Tour néanmoins, Degenkolb a déçu. Il nous laissait entendre qu’il ne pourrait pas « jouer la gagne quand le final sera trop plat » mais tout de même, sa treizième place à Liège annonçait un Tour maussade.

Petit à petit, Johny fait son nid

La chute affolante à Vittel aurait pu complètement lui faire perdre pied. Au contraire, John Degenkolb est monté en puissance depuis. Dixième à Troyes, cinquième à Nuits-Saint-Georges et donc deuxième aujourd’hui. « L’arrivée était très nerveuse. Quand j’ai vu Marcel me passer par la droite, j’ai pris sa roue et dans son sillage j’ai réussi à accrocher la deuxième place. C’était un peu un miracle de me trouver derrière lui. Si il n’avait pas été si mal positionné au lancement, je n’aurais probablement pas pu jouer le podium aujourd’hui. » Il est vrai que Degenkolb a été malin en suivant son ancien coéquipier. Mais il doit aussi son sprint à son placement et à sa vélocité retrouvée.

L’optimisme naguère divaguant est en tout cas de retour dans l’éternel sourire de l’Allemand : « Je suis content de cette deuxième place. Ma forme est bonne et je suis optimiste pour la fin. C’est un gros boost pour ma confiance. » En confiance, John Degenkolb peut espérer décrocher un succès qui mettrait fin à pratiquement deux ans de désolation. Son premier bouquet sur le Tour n’est pas si loin, malgré l’épouvantail blond du sprint : « Aujourd’hui Marcel était imbattable, c’est clair. Il est tellement talentueux que je ne vois personne pouvoir le battre en un contre un. Mais tout peut arriver sur le Tour, chaque jour a ses surprises. » Il reste quatre sprints massifs, alors John Degenkolb aura certainement une chance de retrouver la saveur d’une victoire de prestige. Il y avait pris goût.

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