C’est l’un des transferts qu’on n’attendait pas vraiment, et qui a aussi surpris sa propre équipe. Fabio Aru, en signant chez UAE Emirates, laisse Astana en plan. Alexandre Vinokourov a beau se plaindre, le mal est fait, et en 2018, la formation kazakhe risque de faire pâle figure.

Le coup de poignard

Astana n’était déjà pas une équipe très homogène ces dernières années, mais elle avait au moins l’habitude de compter dans ses rangs des coureurs capables de remporter des grands tours. Il y avait Vincenzo Nibali jusqu’à l’hiver dernier, dans une moindre mesure Mikel Landa, parti il y a maintenant deux ans, et Fabio Aru, bien sûr, vainqueur d’une Vuelta, deux fois sur le podium du Giro, champion d’Italie en 2017 et véritable figure de proue de son équipe depuis le départ du Squale. Mais le Sarde, après six saisons sous la coupe de Giuseppe Martinelli puis Alexandre Vinokourov, a décidé de changer d’air. Et du côté des dirigeants, on n’a que peu apprécié cette fin en eau de boudin. Compréhensoble. « Il aurait dû nous le dire (qu’il voulait partir) juste après le Tour de France, pointait du doigt « Vino » pour le site kazakh Vesti. Nous aurions pu utiliser notre budget pour faire signer un autre coureur, comme Uran… »

Sauf que voilà, Aru ne s’est pas vraiment embêté avec les conventions. Vinokourov veut le poursuivre en justice pour n’avoir pas respecté une clause de son contrat. Un moyen de ne pas rester les bras croisés face à une situation embarrassante, mais qui au final, ne va pas changer grand chose : Astana, dans le top cinq des plus gros budgets du peloton avec environ vingt millions d’euros annuels, va perdre cet hiver son meilleur coureur et ne le remplacera pas. Impossible, mi-octobre, de trouver un leader encore sur le marché. Donc Astana devra faire avec le même effectif que cette année, renforcé par des coureurs de compléments, de Fraile à Cort Nielsen en passant par Hernandez, Houle, Villela et Hirt. Un mercato qui ne traduit pas les ambitions de l’équipe il y a encore quelques semaines, qui rêvait d’un grand tour et pourquoi pas du Tour de France.

Prier pour l’éclosion de Lopez

Le coup de gueule passé dans les médias, Alexandre Vinokourov fait donc tout, désormais, pour s’adapter. Par chance, il compte dans ses rangs la pépite Miguel Angel Lopez, capable d’éclore à tout moment pour devenir le successeur de Fabio Aru. Mais si on ne doute pas que le Colombien sera un jour capable de jouer la gagne sur trois semaines, rien ne dit que ce sera le cas dès la saison prochaine. Et en ce qui concerne l’autre leader, Jakob Fuglsang, l’énigme est encore plus grande. En remportant le Dauphiné et en jouant les premiers rôles sur le Tour avant d’être contraint à l’abandon, il a surpris tout le monde cette année. Mais c’est parce qu’on ne l’attendait pas à ce niveau qu’on peut redouter un retour à la norme pour le Danois. L’hiver passé, sera-t-il le même coureur que l’été dernier ? Si oui, incontestablement, Astana pourra tenter de sauver les meubles.

Tout reposera donc sur ce duo Lopez-Fuglsang, qui s’il répond présent comme Vinokourov en rêve, pourrait permettre à la formation kazakhe de jouer le haut du classement sur les trois grands tours. En revanche, si un ou les deux larrons ne sont pas à la hauteur des attentes les plus optimistes de leurs dirigeants, la chute pourrait être brutale. Astana revivrait alors ses pires années, lorsqu’elle errait sans trop savoir quelle direction prendre entre l’ère Contador, arrêtée en 2010, et celle de Nibali, débutée trois ans plus tard. A l’époque, le leader par défaut s’appelait Roman Kreuziger, et malgré sa bonne volonté, il n’avait pas mené son équipe vers les sommets. C’est tout ce que veut éviter Alexandre Vinokourov.

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