Deux minutes et seize secondes, c’est ce que Nairo Quintana a concédé aujourd’hui à Chris Froome sur le chrono. C’est beaucoup, mais pas trop. Le Colombien avait un matelas suffisant, et l’incroyable performance du Britannique n’a pas suffi à lui faire lâcher son maillot rouge. S’il ne craque pas demain à l’Alto de Aitana, il remportera sa première Vuelta.

Tout en gestion

Lorsqu’il avait pris le maillot rouge pour la première fois à La Camperona, Nairo Quintana avait le sourire. Mais il savait que ce n’était pas suffisant. Déjà, il avait en tête de repousser son rival Chris Froome à « au moins trois minutes ». C’est l’avance qu’il jugeait nécessaire en vue de ce fameux contre-la-montre de 37 kilomètres, à deux jours de l’arrivée à Madrid. Jour après jour, il a donc tenté de lâcher le Britannique. Sans jamais y parvenir en montagne. Mais grâce à Alberto Contador, il a réussi à mettre à mal le leader de la Sky sur une étape jugée presque anodine. Résultat, ce matin, le Colombien comptait 3’37 d’avance sur son dauphin. Bien plus que ce que le Britannique pouvait lui reprendre sur le seul chrono. Impressionnant de facilité, Froome s’est montré au niveau attendu. Il devait être au meilleur de sa forme en troisième semaine, il semble l’être. Mais Quintana n’a pas craqué, il a lâché juste ce qu’il fallait. Un peu plus de deux minutes, pour garder exactement 1’21 d’avance.

Avant l’ultime grande étape de cette Vuelta, sur le papier, c’est assez pour conserver son maillot rouge. Surtout que depuis sa prise de pouvoir, Quintana n’a jamais été inquiété par Froome en montagne. Il n’y a en réalité qu’à Peña Cabarga que le Britannique a repris du temps au leader colombien : quatre secondes, sur bonifications. Le leader de l’équipe Movistar a donc toutes les raisons d’aborder avec sérénité le dernier rendez-vous important de ces trois semaines. L’Alto de Aitana, au sommet duquel sera jugé la dernière arrivée en altitude, a davantage de chances de voir une nouvelle démonstration du maillot rouge qu’un retournement de situation. L’enfant de Boyaca est le patron de ce Tour d’Espagne, encore plus lorsque la route s’élève. Et le contre-la-montre n’a rien changé à la domination du Colombien.

Une victoire puis de nouveaux défis ?

Après la triste expérience d’il y a deux ans, où Quintana avait dû abandonner la Vuelta sur chute et alors qu’il avait pris le maillot rouge, le grimpeur de poche se dirige donc vers une revanche et une victoire devant ses deux grands rivaux des dernières années : Chris Froome et Alberto Contador. Un symbole fort, peut-être celui d’une passation de pouvoir. L’Espagnol n’est vraisemblablement plus capable de remporter une épreuve de trois semaines en présence du Colombien ou du Britannique. Et Froome, lui, n’avait encore jamais eu à s’incliner face à Quintana sur un grand tour. A 26 ans, Quintana rentrerait donc dans un nouveau cercle : celui des coureurs qui ont remporté au moins un Giro et une Vuelta. Restera la dernière étape, aller briller sur le Tour, pour rejoindre les très rares champions vainqueurs des trois grands tours : Anquetil, Gimondi, Merckx, Hinault, Contador et Nibali. Rien que ça.

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