Ce n’est plus un secret, l’équipe néerlandaise Vacansoleil–DCM est appelée à disparaître officiellement à la fin d’une saison 2013 bien terne pour la structure d’Hilaire Van der Schueren. Des résultats sérieusement en demi-teinte accompagnés d’une impasse financière, et voilà comment on pourrait auto-proclamer la mort de cette équipe. Un vivier de coureurs talentueux et expérimenté est donc incité à quitter les locaux de la maison batave, sans pour autant que les transactions soient facilitées…

Une fin en queue de poisson

En l’espace de quelques semaines, les propos du directeur sportif et manager de la structure à la marque aux camping-cars sont très vite passés de l’optimisme au pessimisme. Alors que l’annonce du retrait des sponsors clés que sont Vacansoleil et DCM était passée presque inaperçue au cours de la saison, l’hypothèse d’une reprise complète par le fournisseur italien Bianchi s’est considérablement obscurcie, au point même de disparaître. Préférant aller voir si l’herbe était plus verte du côte des rivaux d’Argos–Shimano, l’équipementier à l’aigle à coupé court à ce qui était envisagé de longue date. Un coup d’épée dans l’eau dont se serait bien volontairement passé Daan Lujkxx, manager général, contraint à trouver de toute urgence une solution. Annonçant successivement être en possession d’accords attendant d’être finalisés avec des compagnies du Benelux, le couperet est tombé lorsque les deux sociétés mères se sont simultanément retirées. Pourtant, le projet de cette structure, vivant le vélo, avait jusque là été un franc et réel succès. S’installant en 2005 sous le nom de Fondas Imabo–Doorisol en Continental, la petite équipe a gravi conformément les échelons pour accéder au rang suprême du World Tour en 2011.

Forte de quelques figures de proue comme Romain Feillu ou Björn Leukemans, la petite Vacansoleil s’est très vite fait une place parmi les grands, en se faisant remarquer avec de jolies révélations, comme celle de Thomas De Gendt. Auréolée de 23 victoires pour sa première année dans l’élite, la formation néerlandaise récidive en 2012 avec 16 victoires pour ce qui sera sa saison la plus aboutie. Entre les coups d’éclats de Lieuwe Westra, la sensation de Thomas De Gendt sur le Giro et un Paris-Tours remporté par Marcato, l’avenir semblait être doré pour la structure. D’ailleurs, le recrutement 2013 allait dans ce sens et promettait sur le papier avec Grega Bole, Juan Antonio Flecha, José Rujano. Mais le bilan est finalement bien terne. Westra n’a pas confirmé, les flandriennes furent à demi-mot ratées, Rujano a été curieusement transparent et impliqué dans une affaire de dopage, tout comme le Russe Novikov, pris pour sa part au GW1516. La première casserole ? Actuelle dernière du World Tour avec un compteur très maigre et stagnant autour de 125 points – soit plus de 200 points de retard sur Argos qu’on prédisait reléguée au second plan -, elle a énormément déçu au cours d’une année fatale qui sera impossible à oublier.

Et maintenant ?

Le rêve est terminé. Il n’y aura pas de repreneur, selon les mots du staff, qui s’apprête à tourner la page. Mais que faire d’un effectif consistant et assez intéressant de 29 coureurs, tous anxieux à la question de retrouver un employeur ? La solidarité des cultures va sans doute primer, en premier lieu. La formation Lotto-Belisol s’est ainsi employée cette année sur le marché des transferts et a attiré dans ses filets le talentueux sprinter belge Kris Boeckmans, ainsi que Pim Ligthart et Frederik Veuchelen. Lieuwe Westra a trouvé son bonheur du côté d’Astana, et les pépites de frères que sont les Van Poppel ont un avenir tracé chez Trek tandis que Barry Markus déménage chez le voisin Belkin. Le problème est tout autre pour les grimpeurs et puncheurs de l’équipe. Lagutin ira en Russie chez Rusvelo alors que Rafael Valls et Marco Marcato ont des contacts en Italie, le premier chez Lampre et le second chez Cannondale. Wout Poels, révélé sur la Vuelta 2011, sera lieutenant de luxe au sein de l’armada OPQS, peut-être en compagnie de De Gendt.

Mais rien n’est encore fait dans ce dernier dossier. Malgré ses lancinants appels du pied, le fantasque baroudeur belge n’a pas de pistes certaines pour 2014. A l’image de son équipe, il a été très en dessous des attentes ces derniers mois, et sa fidélité à la formation l’ayant vu exploser influe dans la balance des négociations. En compagnie de Björn Leukemans ou d’autres spécialistes des classiques, comme Grega Bole et Juan Antonio Flecha, il se dit de plus en plus qu’une petite partie de l’ancien effectif pourrait fusionner avec l’équipe Continentale Pro Accents Jobs–Wanty. Une restructuration autour des bases ? Un scénario envisageable mais à prendre avec des pincettes tellement la situation semble bancale. Mais cette fin subite prouve que la crise touche tous les pays. Euskaltel n’est que l’arbre qui cache la forêt. Même chez nos amis Belges et Néerlandais, où le cyclisme est roi, rien n’est simple.

 

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