On n’est pas encore en juillet. On est en même loin. Pourtant, Nairo Quintana prend ses marques en vue de la grande messe de l’été. Cette semaine en Romandie, il a parfaitement géré la course : une attaque lui aura suffit pour faire les écarts, puis contrôler sur le chrono et lors de l’ultime étape de montagne.

Une semaine pour se rassurer

Un métronome. Troisième à San Luis, vainqueur en Catalogne, troisième au Pays-Basque, et donc – presque logiquement – vainqueur en Romandie. C’est bel et bien le scénario qui se profile pour Nairo Quintana, signe que la préparation du Colombien est pour le moment réglée comme du papier à musique. Jamais, ces trois dernières années, il n’avait remporté deux courses par étapes avant d’entamer le premier grand tour de sa saison. C’est déjà chose faite en 2016, alors même qu’en juin l’attend encore une épreuve de préparation avant le Tour de France. Et puis la Romandie a un goût forcément particulier : c’est une épreuve qui a su s’imposer comme un passage privilégié des futurs vainqueurs à Paris. Cadel Evans en 2011, Bradley Wiggins en 2012 et Christopher Froome en 2013 ont su faire le doublé. Quintana pose donc les jalons du succès qu’il espère tant en juillet prochain.

Et il le sait, pour gagner le Tour, il ne suffit pas d’être le meilleur grimpeur. Il faut une âme de gestionnaire – même si certains ne manquent pas de dire que c’est regrettable – et une capacité à ne pas perdre dans les contre-la-montre le temps gagné en montagne. La semaine romande a suffi, à elle seule, à montrer que le Colombien regroupait toutes ces qualités. L’unique offensive lancée par le leader de la Movistar, dans la montée vers Morgins, aura permis de faire sauter tout le monde, à l’exception d’un Ilnur Zakarin qui n’aura finalement pas été un danger par la suite. Même la victoire de Thibaut Pinot sur le chrono de Sion n’a pas inquiété l’enfant de Tunja, tranquillement placé à neuf secondes du Français. Alors ce samedi, sur ce qui était censé être l’étape reine, il n’a eu qu’à surveiller ses rivaux. Il n’a pas attaqué, et a même laissé son coéquipier Ion Izagirre se battre pour sa place au général. Sûr de lui, Quintana n’avait même pas besoin d’équipier.

Pas l’ombre d’un doute

Alors bien sûr, remporter le Tour de Romandie n’assure rien. Ce n’est même pas un signe aussi fort qu’une victoire sur le Dauphiné. Christopher Froome version 2014 peut en témoigner. Mais le grimpeur de poche n’a pas laissé place au moindre doute dans sa gestion de la semaine, contrairement à certains de ses rivaux, Froome en tête. Il a couru comme un patron, en confiance et simplement en quête d’informations sur sa forme actuelle. Après deux étapes de montagne et un chrono, il a de quoi être rassuré. Plus que jamais, il a les yeux rivés vers un seul objectif : l’emporter sur le prochain Tour de France. Et plus que jamais, il s’impose comme le principal favori dans la course au maillot jaune. « J’ai gagné en maturité », expliquait-il après son succès final dans le Tour de Catalogne. L’auto-analyse est juste. Quintana, année après année, monte en gamme. Pour la première fois cet été, il ne pourra plus espérer décrocher le maillot blanc, mais il espère bien le troquer contre un autre paletot, bien plus mythique.

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