A trois jours de l’arrivée, Steven Kruijswijk est bien accroché à son maillot rose. Il a trois minutes d’avance sur son premier poursuivant et fait preuve d’une grande sérénité dès que la route s’élève. En dépit des deux grosses étapes de montagne prévues vendredi et samedi, plus personne ou presque ne l’imagine céder sa place de leader.

Sur les dix dernières éditions, huit des leaders à trois jours de l’arrivée ont fini par l’emporter. Les deux exceptions ? David Arroyo en 2010 et Joaquim Rodriguez en 2012, et ils n’avaient pas autant d’avance que ce que compte aujourd’hui Steven Kruijswijk. En revanche, l’un ayant été battu par le favori Ivan Basso et l’autre par l’inattendu Ryder Hesjedal, ils ont montré que les surprises et les exploits étaient possibles. Chaves, Valverde et Nibali peuvent donc encore espérer. Mais le leader de l’équipe Lotto-Jumbo a de quoi se rassurer. Depuis dix ans, aucun des coureurs ayant eu la chance de compter trois minutes d’avance à ce stade de la course n’a ensuite cédé le maillot rose. A noter, il s’agissait à chaque fois du grand favori : Basso en 2006, Contador en 2011 et 2015, et Nibali en 2013. C’est dans cette lignée que s’inscrit donc Kruijswijk.

Le Hollandais est un homme de troisièmes semaines. Lors du dernier Giro, il avait enchaîné les bonnes performances, terminant cinquième à Cervinia puis à Sestrières. Il était ainsi passé, en deux jours, de la neuvième à la septième place du classement général, dépassant Caruso et Trofimov, et échouant à seulement douze secondes de König. Mais surtout, dans ces dernières étapes de la course rose, il avait également repris deux minutes au leader Alberto Contador, à l’époque mis en difficulté par le duo Aru-Landa d’Astana. Kruijswijk dans le rythme des meilleurs, ce n’est donc pas nouveau. Et si l’on en croit son passif sur les grands tours, ça arrive toujours au meilleur moment : lorsque tout se joue. Sur le Tour l’an dernier, il était aussi passé de la 28e à la 24e place du général dans les trois derniers jours. Et sur le Giro – déjà – il y a trois ans, il avait également gagné deux places au classement. C’est un habitué des fins en boulet de canon.

Il y a un an, l’enfant d’Eindhoven venait sur le Giro pour se tester et savoir s’il était capable d’assumer un rôle de leader. Sa septième place l’avait rassuré. Douze mois plus tard, le voilà solide maillot rose, mais surtout lucide et sans fausse modestie. Beaucoup auraient pu annoncer qu’ils étaient heureux de goûter aux joies du paletot de leader, mais qu’un podium les aurait satisfait. Pas Kruijswijk. Sûr de lui, dès qu’il a pris le maillot rose, il a affiché ses ambitions de le conserver jusqu’à Milan. Il le sait, personne ou presque ne l’attendait aussi haut, même pas lui. Mais maintenant qu’il y est, il ne compte laisser sa place à personne. Le seul discours qui vaille pour résister aux offensives qui vont arriver ces deux prochains jours.

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