Quelques relais, et c’est le drame. Ce dimanche, dans la descente du col d’Eze, Tony Gallopin était aux côtés de Geraint Thomas, et il a roulé pour revenir sur la tête de course. Un choix que beaucoup lui reprochent, en oubliant que le Français avait ses propres intérêts, et qu’il n’a en rien menacé la victoire de son coéquipier Tim Wellens.

Le coup parfait ?

Geraint Thomas a un peu plus de 30 secondes de retard sur Alberto Contador lorsqu’il bascule au sommet du col d’Eze. Le maillot jaune n’est virtuellement plus sur ses épaules. Sergio Henao, qui l’a tiré sur la fin de la montée, est à bout de souffle. Mais Tony Gallopin est également présent dans la roue des deux Sky. Le temps de récupérer un peu d’une montée qu’il a voulu gérer, il commence à prendre des relais. Rapidement, l’écart diminue avec les trois hommes de tête, où Tim Wellens, coéquipier du Français, accompagne Contador et Porte. Quelques instants, on se dit donc que Gallopin va mettre en péril les chances d’un autre coureur de l’équipe Lotto-Soudal. Mais sur la Promenade des Anglais, le résultat plaide pour l’Essonnien : Wellens a gagné, et lui a remporté le sprint des poursuivants, prenant la quatrième place. Au passage, il a sauvé sa huitième place au général, un temps menacée lorsqu’il était à l’arrière. Tout va donc pour le mieux.

Tactiquement, on pourrait parler d’un coup parfait. Pourtant, beaucoup sont tombés sur Gallopin pour lui reprocher ses décisions dans les 15 derniers kilomètres. Une incongruité. Le Français savait pertinemment quelle était la situation à l’avant de la course, et il a parfaitement réussi à jouer sur les deux tableaux. Seul face à Porte et Contador, son coéquipier Wellens n’offrait aucune garantie de victoire. Certes il ne venait pas de sortir, contrairement à ses deux adversaires, mais il avait passé une bonne partie de la journée en tant qu’échappé. Au contraire, le héros malheureux de Paris-Nice 2015 apparaissait comme le meilleur sprinteur des coureurs encore en lice pour la victoire d’étape, ce qui s’est confirmé dans la dernière ligne droite, où il a réglé son petit groupe. Dans l’hypothèse où tout le monde aurait été revu, Gallopin aurait donc surement levé les bras.

La liberté de courir

Si sur le moment, la surprise de voir rouler Gallopin était légitime, tout le monde aurait dû saluer sa performance après-coup. Revenir sur le groupe intercalé était judicieux, aussi bien pour la victoire d’étape que pour le général. Et Wellens, lui, a eu assez de marge pour préparer son sprint et lever les bras dans les derniers hectomètres. Finalement, le puncheur-sprinteur de 27 ans a donc œuvré pour mettre toutes les chances de victoire du côté de son équipe. Qu’on lui reproche son attitude est dès lors tellement paradoxal… Il reste qu’à l’arrivée, au micro d’Eurosport, le Français a expliqué qu’il était assez proche de Thomas : « C’est quelqu’un que j’apprécie. […] Je préfère que ce soit lui qui remporte le général. » Les aficionados de Contador n’ont pas apprécié, les détracteurs de la Sky non plus. Mais finalement, chaque coureur n’est-il pas libre de faire ce qu’il veut ? En plus de défendre ses intérêts personnels et ceux de son équipe, Tony Gallopin a aidé un ami. Et c’est ça qui lui vaut tant de critiques. Mais très franchement, si ça n’avait pas été Thomas au détriment de Contador, est-ce que quelqu’un aurait crié au scandale ?

 

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