Le Tour est fini depuis une semaine, mais ses acteurs n’ont pas tous été récompensés à la hauteur de leurs exploits. La Chronique du Vélo répare ces injustices en décernant ses récompenses de la Grande Boucle. Nous terminons aujourd’hui avec l’award du coureur le plus surprenant de la Grande Boucle, Tiesj Benoot.

Un Flandrien capable de terminer dans les vingt premiers du Tour, ce n’est pas courant. Mais Tiesj Benoot n’est pas un coureur commun. En 2015, il était devenu le premier néo-pro à terminer le Tour des Flandres dans les cinq meilleurs depuis Freddy Maertens quarante-deux ans plus tôt. L’an dernier il s’était notamment fendu d’une cinquième place sur le Tour de Pologne. Capable de tout, partout, Tiesj Benoot a de nouveau tracé son sillon avec celui des meilleurs dans presque toutes les étapes de ce Tour. Un phénomène.

Tout terrain

Il est l’un des plus grands espoirs du cyclisme international. À n’en pas douter, Tiesj Benoot va vite inscrire son nom dans l’imaginaire du peloton. À 23 ans, le Belge n’a pourtant pas de succès probant chez les pros. Il n’a même rien gagné du tout. Ce qui pourrait inquiéter certains n’alarme pas le coureur de Lotto-Soudal, tant il semble sûr de sa force. Mais le Gantois a le mal du siècle, bon partout, il n’a pas encore entièrement décidé quel chemin emprunter pour réussir la grande carrière qui lui est promise. Surnommé “le nouveau Museeuw” après ses débuts tonitruants en 2015, où, à seulement 21 ans, il avait terminé troisième de l’Handzame Classic, quatrième du GP Samyn et sixième d’A travers les Flandres avant d’éclabousser le Ronde d’une brillante cinquième place, la voie flandrienne semblait faîte pour lui. Depuis, le jeune prodige n’a pas confirmé son talent certain sur les pavés. Faute à la malchance et à des abandons précoces, il n’a pas pu terminer un autre Tour des Flandres. C’est d’ailleurs son compatriote Jasper Stuyven qui accapare désormais la lumière. Troisième du Het Nieuwsblad l’an passé, quatrième de Kuurne cette saison, Benoot n’a pourtant pas perdu ses aptitudes.

Seulement voilà, depuis son exploit vers Audenarde il y a un peu plus de deux ans, Benoot a également montré une panoplie bien plus complète. Cinquième du GP de Montreal en 2015, quinzième de l’Amstel cette année, il est aussi un puncheur de haut vol, comme l’avait esquissé son parcours junior et ses réussites à Liège. Privé jusqu’à maintenant des autres rendez-vous des ardennaises, le Belge aimerait sans doute s’y faire les dents très prochainement. Mais plus surprenant, Benoot a étalé de véritables caractéristiques sur les courses par étapes. Cinquième du Tour de Pologne 2016 à la surprise générale, il a confirmé cette année sur le Dauphiné en terminant douzième. « Je ne m’attendais pas à rester à ce niveau cette semaine, avec les favoris », avouait-t-il alors. Le Belge avait dompté l’un des démons des flandriens l’été venu, la chaleur. « Il faisait très chaud et réaliser une aussi bonne prestation par une telle température est une bonne chose. Par le passé, la chaleur était un point sensible, mais je peux mieux y faire face maintenant.» Dans son équipe, les performances encourageantes du prodige maison n’étaient pas passées inaperçues. Le Tour a définitivement installé l’idée que le Belge pouvait être performant sur plusieurs jours. « On avait vu l’an dernier qu’il pouvait être bon sur les courses par étapes. En Suisse ou en Pologne, il avait été à son aise. Cette année, il a aussi été très bon sur le Dauphiné mais on n’espérait pas qu’il soit aussi fort sur trois semaines », nous expliquait Marc Wauters, l’un de ses directeurs sportifs, à la veille de l’arrivée à Paris.

Un moteur surpuissant

Tiesj Benoot a étonné dans sa propre équipe : « C’était son premier grand tour, il n’avait donc pas de références. Dans ce genre de cas, vous ne savez jamais à quoi vous attendre, donc c’était une belle surprise », ajoute Marc Wauters. Lui-même était conscient d’avoir réalisé une belle Grande Boucle et en retirait déjà les aspects importants pour l’avenir. « J’apprends vraiment à connaître mon corps et je pense que c’est déjà quelque chose de positif. » Mais ses dirigeants restent très prudents quant à son futur sur trois semaines, le statut de favori se refusant naturellement (et physiquement) à lui avec l’amaigrissement de plus en plus visible des favoris à la victoire finale : « Je ne pense pas qu’il puisse gagner un grand tour, admet Wauters, il est encore très jeune, mais il ne devrait pas autant progresser sur les grands tours que sur d’autres types de course. Après, s’il peut encore évoluer jusqu’à faire ce qu’a réalisé un Warren Barguil cette année, ce serait super, il a le potentiel pour gagner des étapes. » Devenir un chasseur d’étapes serait un rôle qui siérait mieux à son profil de flandrien de plus de soixante-dix kilos dans un peloton qui a lancé la course à la maigreur pour se parer de jaune.

D’ailleurs, le Belge était proche d’ouvrir son compteur cette année : « Il n’en était pas loin. L’étape que claque Uran à Chambery, Tiesj était dans le bon coup avec Barguil, et s’il avait eu plus d’expérience, il aurait pu se retrouver avec le Français dans le petit groupe qui a réglé le sprint. Il avait assez de jambes mais il a perdu trop d’énergie bêtement. Il doit encore apprendre à bien lire la course et quand il le fera, il gagnera », espère Wauters. Douze fois dans les trente premiers sur ce Tour, Benoot a été omniprésent. Capable de gagner sur tous les terrains, même quand ça grimpe, le jeune prodige aura des opportunités de jouer la victoire dans les prochaines années. Pour sa première participation, il a en tout cas fini vingtième, un classement que n’ont jamais approché ses illustres prédécesseurs Johan Museeuw, Tom Boonen ou Fabian Cancellara, spécialistes des classiques de printemps. Trop façonné pour que sa silhouette passe inaperçue au milieu des grimpeurs de ce Tour, il en a étonné beaucoup cet été. Avec les moteurs qui vrombissent dans chacune de ses cuisses, il devrait continuer encore longtemps.

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