Demain après-midi se disputera la très attendue épreuve contre-la-montre de ces championnats du monde, sur un tracé avec peu de dénivelé mais d’une certaine longueur, 57,9 kilomètres. Au rayon des favoris, un duo se distingue concrètement : celui formé par Fabian Cancellara, recordman de la discipline avec quatre titres acquis entre 2006 et 2010, et son rival Tony Martin, nouveau roi de l’effort en solitaire et double vainqueur sortant.

Avantage Cancellara sur les derniers mois

Ces deux dernières années, l’Allemand avait pris un net ascendant, profitant de l’orientation de plus en plus marquée de Cancellara vers les classiques du printemps. La donne s’est encore confirmée avec le doublé Tour des Flandres – Paris-Roubaix de l’un, tandis que l’autre accumulait les succès lors des contre-la-montre des diverses courses par étapes. Absent du Tour de France, où Martin remporta l’étape du Mont-Saint-Michel, Cancellara a opté pour une préparation différente, faisant le choix de s’aligner en Autriche puis en Pologne. Pari gagnant, puisque quelques semaines plus tard, il reléguait son adversaire de toujours à trente-sept secondes sur l’unique chrono du Tour d’Espagne, le baromètre des Mondiaux.

Certes, le parcours y était bien plus accidenté que celui proposé aux coureurs lors du mondial, Domenico Pozzovivo arrachant même une 3e place surréaliste. Mais ce résultat semble confirmer l’état de forme exceptionnel du Suisse, à l’aise en montagne et au service de Chris Horner, tandis que Martin, moins aérien sur les bosses, animait tout de même les étapes de plat. Avantage physique et psychologique pour le Bernois, qui, rappelons-le, n’a été battu qu’une seule fois par l’Allemand lors d’un mondial, c’était en 2011 du coté de Copenhague.

Autre donnée à prendre en compte, le fait que Cancellara vise également la course en ligne. Bien évidemment, il lui faudra donner toute son énergie pour décrocher la médaille d’or contre-la-montre, mais n’aura-t-il pas dans un coin de la tête l’idée de s’économiser pour ne pas annihiler toutes ses chances de briller sur la course en ligne ? On se souvient qu’à Mendrisio en 2009, il avait évoqué le contrecoup de cette grande dépense d’énergie délivrée quelques jours plus tôt pour expliquer son manque de punch dans le final, après avoir démontré tant de facilité au cours des quarante voire cinquante derniers kilomètres.

Les outsiders ne sont pas si loin

Tout d’abord, on se doit d’aborder le cas Wiggins. Suivant une préparation spécifique pour cette épreuve depuis son échec du Giro, le champion olympique de la discipline, focalisé sur cet objectif, a retrouvé ses meilleures jambes de rouleur, en atteste ses démonstrations en Pologne (Cancellara à 56”, Phinney à 1’14), et tout récemment sur le Tour de Grande-Bretagne, dont il vient de remporter le classement général.  Un peu plus lourd que lors de son sacre olympique, le Wiggins rouleur n’a sans doute jamais été aussi fort, sur route en tout cas. Point important, il sort d’un tour d’une semaine tandis que ses adversaires n’ont pas couru depuis la fin de la Vuelta.

Dernier coureur capable de l’emporter : Taylor Phinney. L’Américain, qui avait échoué à 5 secondes de Martin à Valkenburg a encore progressé tout au long de cette année 2013, confirmant son entrée dans le cercle très fermé des meilleurs rouleurs du circuit World Tour. S’il n’est pas parvenu à remporter le moindre chrono, Phinney s’est placé à de nombreuses reprises. Vainqueur au sprint en Pologne, à son aise sur les classiques de début de saison, il a pris du coffre et pourrait logiquement viser la médaille d’or.

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