Le garçon n’a que 23 ans mais fait déjà peur à tout le peloton. Déjà entré dans le cercle ferme des meilleurs sprinteurs du monde, il fait aussi partie des plus à l’aise sur de courtes bosses. En plus de ça, il aime les courses d’un jour, surtout quand elles sont difficiles. De quoi en faire l’un des grands favoris – voire l’homme à abattre – pour la course en ligne des Mondiaux.

L’homme le plus complet du peloton

L’inconnue de la course repose évidemment dans son déroulement. Le parcours, s’il a déjà été analysé des dizaines de fois, nous cache encore bien des surprises. Est-ce que les grimpeurs parviendront à faire sauter tout le monde et à résister jusqu’à l’arrivée ? Les puncheurs seront-il capables de tenir en conservant assez d’énergie pour se disputer la victoire finale ? Et quelques sprinteurs à l’aise lorsque la route s’élève seront-ils en mesure d’accrocher les roues de devant ? Chaque scénario donne des favoris différents, avec malgré tout un homme qui revient à chaque fois : Peter Sagan. Lui, l’homme capable de jouer la gagne sur Milan-Sanremo, puis sur le Tour des Flandres quelques semaines plus tard, et enfin de remporter le maillot vert du Tour face à Cavendish, Greipel et Kittel. Le Slovaque est un phénomène dont personne ne connait véritablement la marge de progression. Le parcours florentin devrait nous aider à en savoir un peu plus.

Mais très clairement, suite à sa tournée nord-américaine, on peut affirmer que Tourminator est en très grande forme. S’il n’a pas gagné le GP de Québec, c’est uniquement parce qu’il en a trop fait dans le final. Une des rares erreurs tactiques de sa jeune carrière, qu’il a tenu à rectifier quelques jours plus tard en s’imposant presque facilement à Montréal. La marque d’un grand champion qui apprend de chaque course. Et malgré son âge, il en connaît déjà un rayon. Après avoir passé ses premiers mois chez les pros à dompter les sprints, il s’est attelé cette année aux classiques. Sans pour l’instant de victoires sur les Monuments, mais avec des promesses plein la tête. Pour l’année prochaine, c’est sûr, mais aussi pour cette fin de saison. Le printemps a permis à Sagan de mieux comprendre comment se court une épreuve d’un jour. Et après en avoir remporté quelques unes, il veut passer à l’étape supérieure. Les Mondiaux en sont l’occasion parfaite.

Imbattable ?

Tout cela fait évidemment du Slovaque un favori important. Un homme que presque personne n’imagine absent dans le final. En clair, le favori numéro un si l’on devait choisir parmi les prétendants à la victoire finale. Mais de là à ériger le garçon en coureur imbattable, il y a un sacré pas. Car de nombreux éléments jouent contre lui. La pancarte qu’il aura, déjà. On ne parle que de lui depuis des semaines, et seul un scénario de course semble pouvoir le mettre réellement en difficulté : une bataille entre purs grimpeurs, qui ne laisserait de la place qu’à quelques privilégiés. En supposant bien sûr qu’après avoir fait la différence dans les bosses, ces hommes parviennent à maintenir leur avance jusqu’à l’arrivée. Un déroulement pas improbable mais qui relèverait forcément de circonstances particulières. Pourtant, Sagan aura quelques autres paramètres à gérer. Le plus difficile, celui de son équipe, qui n’a rien à voir avec les armadas espagnole, italienne et belge.

En effet, la Slovaquie, même si elle a pu amener six coureurs, n’a pas eu un grand choix. Le vivier national est assez restreint, et Sagan ne sera pas accompagné de coureurs habitués des grands rendez-vous. Il n’y aura guère que le valeureux Peter Velits pour l’aider dans les bosses, et lui permettre peut-être d’économiser un peu d’énergie. Clairement, aussi fort soit-il, Rambo sera vulnérable si certaines nations ont l’objectif de l’éjecter du peloton. Un scénario qui n’est pas à exclure tant le vainqueur du dernier Gand-Wevelgem fait peur. Loin d’être l’unique favori, Sagan aura donc malgré tout un statut particulier. Avec l’objectif avoué, même s’il est resté discret ces dernières semaines, de remporter le maillot arc-en-ciel. Motivé comme jamais, le prodige ne sera pas imbattable. Mais ses concurrents devront ruser pour s’en défaire, et avoir une chance de décrocher la victoire. Car si Sagan est là dans le final, les autres ne pourront que le regarder.

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