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Réglé comme une horloge, on a du mal à imaginer ce centième Tour de France échapper à Chris Froome – Photo Sky

Il y a encore quelques années, Chris Froome était un inconnu. Mais aujourd’hui, à quelques jours du départ de la Grande Boucle de Porto-Vecchio, on se demande bien qui pourra battre l’archi-favori à la succession de son compatriote et coéquipier Bradley Wiggins.

Sur les traces de Wiggo

Les incertitudes étaient encore légion chez Sky, à l’heure du mercato 2012. Comment appréhender la saison à venir après un Tour de France si particulier, où Froome a dominé son leader ? Et à qui donner le leadership pour 2013 ? Finalement, Dave Brailsford n’a rien eu à décider, tout s’est fait naturellement. Bradley Wiggins, très rapidement hors course sur le Giro, victime d’un pépin physique, n’a pas pu se remettre en vu du Tour. Malgré les différentes déclarations annonçant que Froome serait bien le leader en juillet, ce forfait de Wiggo a apaisé tout le monde, et permis de se concentrer sur le natif de Nairobi. Pour lui, la saison avait parfaitement débutée. En février, sur le modeste Tour d’Oman, il avait répété ses gammes avant de remettre le couvert sur Tirreno-Adriatico. Deux courses sur lesquelles il a devancé un certain Alberto Contador, déjà annoncé comme son futur rival sur la Grande Boucle. Un mano a mano qui a su nous tenir en haleine jusqu’à aujourd’hui, à la veille du départ.

Dans son style si caractéristique, droit et stable sur sa machine, avec une cadence de pédalage impressionnante, il a continué sa razzia des courses à étapes sur le Critérium international. Puis sur le Tour de Romandie, où il a emporté avec lui une victoire sur le prologue qui montrait alors son efficacité sur l’effort solitaire. Mais c’est véritablement sur le Dauphiné que Froome est devenu irrésistible. “Je ne suis pas à 100%” déclarait-il pendant la course. Info ou intox ? En tout cas son niveau sur l’épreuve alpestre a été suffisant pour surclasser tous ses adversaires. Son dauphin est même son coéquipier Richie Porte, le seul à le suivre, et d’assez loin. Ce que l’on retiendra de la course, c’est donc avant tout un Contador, en deçà des attentes, relégué à plus de quatre minutes en seulement une semaine. Chez le Britannique, la préparation a été minutieuse et pour l’instant mené à la perfection, ce qui n’est pas sans rappeler celle de Bradley Wiggins la saison dernière. On connait la suite…

L’heure est venue

L’histoire de Chris Froome, désormais, tout le monde la connaît. Depuis la Vuelta 2011, ses performances ne cessent d’impressionner, et certains se demandent encore comment l’enfant du Kenya, formé au centre mondial du cyclisme a pu atteindre un tel niveau. Celui qui avait découvert le Tour en 2008 sous les couleurs de la Barloword a franchi les étapes à un rythme effréné ; le même auquel il les parcours désormais. Entre temps, son maillot et son statut ont changé. Le voici leader de la meilleure équipe du peloton pour la plus grande épreuve au monde. Il lui aura fallu être patient, attendre dans l’ombre du leader charismatique Bradley Wiggins, qui l’a sûrement empêché de remporter deux grands tours en l’espace de quelques mois. Mais qu’importe, désormais, l’histoire est lancée, et rien ne sert de se tourner vers l’arrière. Froome est sur le devant de la scène depuis peu, mais il a déjà 28 ans, et le besoin de réussir au plus vite. Ce n’est pas le moment de trembler, car ce Tour qu’on lui promet, il va tout de même falloir aller le chercher.

Parce qu’au départ de Porto-Vecchio, il ne sera pas – encore – en jaune, et n’aura aucun avantage chronométrique sur ses adversaires. Alors oui, on l’annonce meilleur en chrono, meilleur en montagne, mieux entouré, mieux préparé et écrasant ces trois semaines de courses. Mais ce statut est pour lui nouveau sur une épreuve aussi importante, et s’il assure qu’avec les conseils de Bradley Wiggins, qu’il a vu sous le feu des projecteurs l’an dernier, il a pu apprendre et se préparer à la pression médiatique qui va sans cesse s’alourdir sur ses épaules, rien ne sera facile. Cette fois-ci, la bataille sera bien plus longue que sur les épreuves qu’il a remporté depuis la reprise à l’hiver dernier. Cette fois, aussi, les rivaux seront plus féroces, plus motivés, plus nombreux et aussi plus forts. Froome est le vainqueur annoncé avant même le départ, mais Froome est aussi le coureur que tout le peloton veut faire tomber de son piédestal. Le maillot jaune sur le podium des Champs-Elysées, un soir de juillet 2013 après une arrivée nocturne sur la plus grande avenue du monde, le tout en apothéose d’une centième édition du Tour historique, il n’est pas seul à en rêver. Même s’il semble être le plus légitime…

Etienne Jacob

>> Retrouvez tous nos articles de la saga “Place au Tour” en préambule de la centième édition en cliquant ici.


 

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