Manquer la 100e édition de la plus grande course qui soit semble totalement impensable. Pourtant, certains grands noms manqueront à l’appel au départ de Porto-Vecchio : écartés par leur direction, en méforme, ou même volontairement tournés vers d’autres objectifs, ces habituelles têtes d’affiches de la Grande Boucle feront cette fois l’impasse. Parfois forcés dans la douleur, tant la cruauté de l’annonce des 9 élus en a laissé plus d’un sur le carreau. Mi-contraint, mi-consentent, le tenant du titre Bradley Wiggins ne sera ainsi pas présent au départ de Corse pour défendre son titre.
- Bradley Wiggins (Sky Pro Cycling)
Voir un maillot jaune renoncer à sa couronne sans lutter est un fait rare. Dans l’histoire récente, les vainqueurs précédents avaient plutôt été entravés dans leur quête de doublé par diverses suspensions et affaires de dopage. Peu à l’aise en 2013 après avoir écrasé la saison 2012, Wiggins suit le même chemin que Gilbert et Boonen, qui n’avaient pas réussi à conserver leur meilleur niveau deux années de suite. Marqué par son échec sur le Giro, le Britannique tente de se reconstruire progressivement, et vise désormais les championnats du monde de Florence en septembre. Ne passant pas par la case Vuelta, il se préservera en prenant part à des épreuves d’une semaine, à l’instar d’un Fabian Cancellara.
- Fabian Cancellara (Radioshack-Léopard Trek)
Nous avons déjà évoqué le cas du Suisse lors d’un précédent article. Délestant le chrono, peu envieux de gâcher son talent au service de leaders défaillants, Cancellara préfère préparer la fin de saison au calme, sur les Tours d’Autriche et de Pologne. Une bonne manière d’évacuer la pression engendrée par son nouveau doublé Paris-Roubaix / Tour des Flandres, de tester ses aptitudes sur ces terrains vallonnés, présents par légion en Pologne, qui lui permettront de prendre la mesure de ce qui l’attendra au cours du mondial Florentin.
- Thor Hushovd (BMC Racing Team)
L’abondance de biens de la firme américano-helvétique fait des malheureux : outre Greg Van Avermaet, dépité par sa non-sélection pour le Tour, c’est maintenant Thor Hushovd qui se voit écarter du groupe qui accompagnera Cadel Evans et Tejay Van Garderen. Les deux leaders ont pris leurs habitudes avec certains coéquipiers, tels que Brent Bookwalter ou Marcus Burghardt, précieux lors de la conquête du titre en 2011. Le Norvégien, multiple vainqueur d’étapes et ancien maillot vert, a traversé la saison sans convaincre : son nom prestigieux ne lui a pas suffit pour s’assurer une place au sein des neuf sélectionnés.
- Tom Boonen (Omega Pharma Quick-Step)
L’histoire d’amour entre le Belge et le Tour de France a souvent été mouvementée. On se souvient aisément de ses infortunes sur les éditions 2009 et 2011, de son éviction liée à sa prise de cocaïne en 2008… Maintenant que sa formation peut compter sur un nouveau leader performant sur les sprints tel que l’est Mark Cavendish, Boonen ne se sent plus dans l’obligation de revenir là où il a tant souffert ces dernières années. L’ancien maillot vert annonce même que les chances de le revoir un jour au départ du Tour sont infimes, d’autant plus qu’il ne souhaite pas dérégler le train parfaitement huilé de l’Express de Man.
- Vincenzo Nibali (Astana)
Impérial sur le Giro, Nibali a choisi d’agir avec prudence en ne tentant pas un improbable doublé. Le 3e du Tour 2012 n’avait pas été en mesure de garder le contact avec Christopher Froome en montagne ; certainement extenué après ses efforts du mois de juin, sa décision de renoncer à la Grande Boucle semble tout à fait logique. Comme d’autres, il cherchera à préparer dans les meilleures conditions les championnats du monde courus sur ses terres en Italie. Cristallisant les espoirs d’une nation en manque de réussite depuis le sacre de Ballan en 2008, Nibali aura énormément de pression sur les épaules.
Louis Rivas
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