Déjà vainqueur du Tour de France, Wiggins compte bien dompter le redoutable Giro - Photo Flickr, Robin McConnell
Déjà vainqueur du Tour de France, Wiggins compte bien dompter le redoutable Giro – Photo Flickr, Robin McConnell

Sir Bradley Wiggins est un homme plein d’ambitions. Non content de mener l’équipe Sky sur le Giro qui débutera demain à Naples, il brouille les pistes en s’affichant clairement comme étant en position de défendre son titre sur le Tour de France deux mois plus tard. Un discours qui ne sème pas le trouble au sein de la formation britannique, qui a renouvelé sa confiance a Chris Froome, qui sera assuré de recevoir le soutient total de son équipe sur la Grande Boucle. En bon leader, Wiggins devra courber l’échine et accepter la situation. Son présent, c’est le Giro. Une course de grande envergure qui sied plus que l’on ne le croit à ses capacités de coureur de grands tours.

Une préparation minutieuse

Fin stratège, le champion olympique a joué avec les médias au cours des derniers mois ; divaguant sur sa participation à des courses aussi diverses que Paris-Roubaix ou la Vuelta. Pendant que Christopher Froome et Richie Porte accumulaient les succès sur la route, il est resté au cœur de l’action en  faisant ainsi parler de lui dans la presse, une façon de se placer en patron, mais aussi de diluer la pression qui pèse sur les épaules des hommes forts de la Sky. Concrètement, sa seule préoccupation majeure a toujours été de réussir son Tour d’Italie, trois ans après avoir été écarté des débats sur cette même course pour cause d’ennuis physiques. En possession du maillot rose après le prologue,  l’accumulation des chutes et un coup de froid subit en deuxième semaine avait empêché le tout frais 4e du Tour de France de défendre pleinement ses chances au général. La désillusion de l’édition 2010 fut dure à digérer pour Wiggins, qui s’était sans doute promis de gommer cette défaite dans le futur.

Depuis le début de saison, il a assez peu roulé. Après un retour discret en Oman (74e), il a ensuite enchainé avec des performances plus dignes de son statut en prenant la 5e place aussi bien du Tour de Catalogne que de celui du Trentin. Un échauffement rassurant où le vainqueur du Tour a su suivre sans problème les grimpeurs en haute montagne, notamment son futur rival Nibali qui n’a pas semblé dominateur malgré son état de forme bien plus avancé. De plus, les repérages des étapes clés du Giro n’ont pas manqué d’être effectuées par un Wiggins toujours en quête de perfection. Que ce soient les mythiques cols du Galibier (15e étape), du Stelvio (19e) ou des Trois Cimes de Lavaredo (20e étape),  ou encore les fameux contre-la-montre de Saltara (8e étape, 55 km) et de Polsa (16 km en côte)  – qui lui permettront assurément de faire la différence – tout a été reconnu et étudié de façon à n’avoir aucune surprise le moment venu. Chaque hectomètre est encré dans la mémoire d’un Wiggins qui emmagasine quantité d’informations utiles qui lui permettent d’économiser son énergie au court de l’effort.

Une armada taillée pour contrôler les débats

Comme à son habitude, il bénéficiera du soutient d’équipiers de premier choix pour contrôler la course en montagne. Le train de la Sky en altitude rappelle celui de l’US Postal qui parvenait à placer Lance Armstrong sur orbite avec la régularité d’un métronome. L’isolation puis l’asphyxie de ses adversaires les plus féroces permettra à Wiggins d’annihiler toute possibilité d’offensive, comme sur le dernier Tour de France où le 3e, Vincenzo Nibali, s’était rapidement résigné à attaquer l’infranchissable mur de la Sky. Devant leur public, les Italiens seront cependant plus à même de tenter de débloquer la course, Scarponi et Nibali en tête. Contrairement à la Grande Boucle, le Giro est généralement difficile à contrôler, même pour les machines aussi bien rodées que la Sky. Surtout que Henao et Uran n’ont pas la même faculté que le trio Rogers-Porte-Froome à imposer un train régulier et efficace.  Konstantin Siutsou, qui a fait forte impression sur ses dernières courses par étapes et Dario Cataldo, deux fois 12e du Tour d’Italie, seront aussi de la partie, et feront ainsi office de premier et second étages de la « fusée ». Leur polyvalence sera précieuse, notamment pour rouler dans la vallée.

Enfin, il est important de signaler que Pinarello, l’équipementier de la Sky, vient de fournir à Bradley Wiggins un tout nouveau matériel à la pointe de la technologie. Un vélo révolutionnaire pour partir à l’assaut du Giro, que rêver de mieux ? Avec un tel outil de travail, couplé à ses formidables qualités de rouleur, l’Anglais part avec un avantage certain sur ses rivaux. Il sera difficile à décrocher en montagne, et aura déjà pris les devants au général grâce au contre-la-montre de 55 kilomètres qui devrait lui garantir deux voire trois minutes d’avance sur son plus proche poursuivant. À la manière d’un Denis Menchov sur les soixante-et-une bornes du chrono des Cinque Terre en 2009, il a les capacités pour écraser la course dès le début de la deuxième semaine.

Louis Rivas


 

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