Dominateur sur le Tour du Trentin, Vincenzo Nibali a marqué des points psychologiquement - Photo Giro del Trentino
Dominateur sur le Tour du Trentin, Vincenzo Nibali a marqué des points psychologiquement – Photo Giro del Trentino

Entre Vincenzo Nibali et le Tour d’Italie, c’est une relation particulière qui s’est créée au fil des années. L’enfant du pays y a démarré à 22 ans, et ne s’est depuis jamais arrêté de progresser. 19e pour sa première participation, il a terminé 11e l’année suivante, avant de monter deux fois sur le podium en 2010 et 2011. D’abord sur la troisième marche, puis sur la deuxième. Après une tentative sur le Tour de France soldée par un nouveau podium, le Squale revient sur ses terres avec un objectif très clair : être sur la plus haute marche à Brescia.

Bradley Wiggins toujours dans les pattes

Après avoir subi la domination sans partage de l’équipe Sky sur le Tour de France, Nibali souhaitait s’aligner sur le Giro pour être plus tranquille. Evidemment, rien n’allait être facile, mais l’absence de Wiggins et sa bande pour cadenasser la course devait lui permettre de s’épanouir davantage. Surtout qu’avec son arrivée chez Astana, il devenait leader unique, n’ayant plus à supporter la pression d’être dans la même équipe que le mythe Ivan Basso, toujours source d’ambiguïté au niveau du leadership. Oui mais voilà, tout semblait trop beau, trop rose. Bradley Wiggins a décidé de venir lui aussi en Italie, pour remporter un deuxième grand tour et laisser – du moins c’est ce qui avait été dit au départ, on ne sait plus trop quoi en penser désormais – la voie libre à son coéquipier Chris Froome sur le centenaire de la Grande Boucle.

Pour le Requin de Messine, c’est donc un retour à la case départ. En plus d’Evans, Sanchez ou Scarponi, il devra affronter l’inévitable Wiggo. Et si en théorie le Britannique est moins avantagé par le parcours, plus montagneux qu’en juillet dernier, le contre-la-montre de 55 kilomètres autour de Saltara nous rappelle forcément celui de Chartres, où l’homme aux rouflaquettes avait étouffé la concurrence. Vincenzo Nibali devra donc attaquer, encore et toujours, en espérant avoir un peu plus de réussite que sur le Tour, où il n’avait jamais été en mesure de distancer ni Wiggins ni Froome. Des souvenirs qui rongent forcément le Transalpin au moment de prendre le départ de ce 97e Giro. Parce qu’en réalité, peu de choses ont changé depuis l’été dernier, les Sky semblent toujours aussi forts…

Soutien, expérience et tempérament

A l’intersaison, Nibali n’est pas venu seul chez Astana. Rejoignant de nombreux italiens, il en a emporté quelques uns dans ses bagages en quittant Liquigas. Du coup, il sera accompagné d’hommes qu’il connaît bien sur ce Tour d’Italie : Agnoli, Vanotti, Aru et Tiralongo, sans oublier Kessiakoff ou Zeits, de sérieux équipiers lorsque la pente s’élève. Mais surtout, même s’il n’a que 28 ans, Niba pourra compter sur une expérience assez rare. Seul Scarponi, celui qui l’avait devancé sur le podium il y a deux ans, peut se targuer de connaître aussi bien l’épreuve. Ayant déjà terminé quatre fois la course rose, Nibali en connaît presque chaque col, et avant même le départ, il a déjà sûrement coché les étapes où il devra faire la différence sur un Wiggins qui expérimente le rôle de leader de l’autre côté des Alpes. Un réel avantage pour l’ancien vainqueur du Tour d’Espagne, qui marque là un point précieux face au Britannique.

Clairement, la duel annoncé entre les deux favoris, si la décision se fait bien entre eux, se jouera sur des détails. Comme le dit Gianni Savio, c’est au départ « plus ou moins 50-50 entre Wiggins et Nibali. » Tout au long de la course, rien ne devra donc être laissé au hasard. Après avoir marqué son territoire sur Tirreno-Adriatico puis sur le Tour du Trentin, le Sicilien part peut-être avec un léger avantage, qui pourrait être bonifié sur les routes de son pays par un soutien sans relâche du public présent. De quoi amener Nibali à appuyer encore plus fort sur ses pédales lorsque son tempérament d’attaquant le poussera à passer à l’offensive. Il suffira alors peut-être d’un ou deux mètres pour faire le trou avec Wiggins, puis s’envoler vers le sommet et prendre plusieurs minutes d’avance. Un ou deux mètres qui représentent cependant beaucoup par rapport aux quelques centimètres qui sépareront la première de la deuxième marche du podium à Brescia. Pour être tout en haut, Nibali sait donc ce qu’il lui reste à faire : être le meilleur, et faire craquer Bradley Wiggins. Ce ne sera pas simple…

Robin Watt


 

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