Vainqueur sur tapis vert en 2011, Michele Scarponi a pour ambition de gagner sur le terrain ce Giro 2013 - Photo Sirotti
Vainqueur sur tapis vert en 2011, Michele Scarponi a pour ambition de gagner sur le terrain ce Giro 2013 – Photo Sirotti

Montant progressivement en puissance sur ces deux derniers mois, Michele Scarponi avance pourtant dans la discrétion la plus totale. Malgré son statut d’ancien vainqueur et sa saison tout à fait correcte, il a été rayé de la short-list des potentiels candidats à la succession de Ryder Hesjedal. A tort ou à raison ? Difficile d’avoir un avis tranché sur la question, tant le manque de punch de l’Italien s’était avéré rédhibitoire face à une concurrence pour le moins modeste sur les pentes du Giro 2012.

Une sanction salutaire ?

Suspendu quelques temps pour son implication dans l’affaire Ferrari, le leader de la Lampre a effectué un retour convaincant sur le Tour de Catalogne, avec une 3e place que l’on n’attendait pas. Plus impressionnante encore,  sa présence dans le final de Liège-Bastogne-Liège avec une 5e place à la clé confirme qu’il ne s’est pas trompé de chemin. Souvent trop actif sur les courses du mois de mars, Scarponi perdait du jus pour les échéances véritablement importantes telles que Liège ou le Giro. Sa saison 2011, point d’orgue de sa carrière, a aussi paradoxalement fortement marqué le coureur italien. Présent dès le début de saison avec des offensives sur Tirreno-Adriatico et Milan-Sanremo, puis « dominateur » des poursuivants du déclassé Alberto Contador sur le grand tour le plus exigeant physiquement de la dernière décennie, il avait ensuite enchainé avec une Vuelta parcourue de manière transparente. Rebelote l’année suivante, où un Scarponi déjà usé enchaîna un redoutable combo Giro-Tour pour ce qui sera un semi échec – 4e du Tour d’Italie, pas de victoire d’étape en France.

Désormais frais et reposé, il pourra à nouveau faire étalage de ses qualités de grimpeur-puncheur et de coureur offensif, une vertu essentielle pour espérer distancer Bradley Wiggins là où le Britannique reste prenable : lors des étapes de transitions accidentées. En effet, le train Sky extrêmement bien rodé ne laissera probablement pas une offensive se décanter en haute montagne, d’autant plus qu’aucun des concurrents majeurs du vainqueur du Tour de France (Nibali, Hesjedal et Scarponi) ne lui semblent nettement supérieurs. A contrario, les traditionnelles étapes mouvementées qui jonchent le parcours de ce Tour d’Italie seront autant de chances pour Scarponi de faire la différence. On se souvient notamment du scénario épique de l’Aquila en 2010, qui avait totalement désorganisé une formation Liquigas qui jusque là tenait la course d’une main de maître.

Une équipe sans doute trop faible

Mais comme chaque année, le problème du coureur de la province des Marches réside dans la faiblesse de l’équipe Lampre. Si le départ d’Alessandro Petacchi libère des places qui étaient jusque-là réservées aux poisons-pilotes du Spezian, le panel des grimpeurs de la formation italienne n’est pas affolant. Hormis le valeureux Niemiec, aucun ne semble en mesure d’accompagner son leader plus loin qu’au pied du dernier col. L’état de forme de José Serpa, ancien habitué des tops 20 mais peu en réussite depuis son agression du mois de janvier, inquiète et laisse la formation rose et bleue dans l’embarras. Face à l’armada Sky qui tentera d’asphyxier la concurrence, la présence d’équipiers d’appoint sera indispensable pour protéger Scarponi au maximum. Ses rivaux, Nibali et Hesjedal, dotés de coéquipiers solides, n’auront pas ce problème que rencontrera forcément la Lampre.

En prenant en compte le contre-la-montre plat de 55 kilomètres qui lui coûtera une grosse poignée de secondes, au moins par rapport à Bradley Wiggins, sa marge d’erreur pour espérer figurer en première position du classement final semble extrêmement réduite. Mais le retour des bonifications au sommet des étapes de montagne est un point positif pour un coureur dont l’explosivité en côte reste importante. Une grande partie de la course pourrait donc se jouer sur ce point stratégique qui avait disparu lors de l’édition 2012 et pénalisé Joaquim Rodriguez dans la course à la victoire finale. Alors concrètement, Scarponi devra faire la différence seul et en force pour reconquérir la course rose, deux ans après son seul et unique succès.

Louis Rivas


 

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