La Colombie retrouve cette année des couleurs. Uran, Henao et surtout Quintana, ils sont nombreux à briller en montagne, et les jeunes poussent déjà derrière. Carlos Betancur, de l’équipe AG2R La Mondiale, a été sacré meilleur jeune du dernier Giro. Après une impasse judicieuse sur le Tour de France, le Colombien aborde la Vuelta apaisé, et peut sans doute viser le podium.

Carlos Betancur a commencé sa saison de la plus belle des manières. Présent sur les ardennaises, il a terminé 3ème de Liège Bastogne Liège, et 4ème de la Flèche wallonne. Un palmarès qui donne le ton, à seulement 23 ans. Aligné sur le Giro pour apprendre en équipier de luxe de Domenico Pozzovivo, il s’est retrouvé très à son aise lorsque la route s’élèvait. Rafal Majka n’a pas pu l’empêcher de remporter le maillot de meilleur jeune, et une belle 5ème place au général. Si l’on pensait auparavant que Betancur finirait comme un coureur de classiques, il a montré de belles qualités de grimpeur, et une récupération à toute épreuve sur trois semaines. En Espagne, les rôles seront donc inversés. C’est lui qui sera épaulé par les Domenico Pozzovivo, Rinaldo Nocentini et Ben Gastauer. Celui qui se définit comme un “attaquant né” aura donc beaucoup à prouver sur les arrivées escarpées de la Vuelta.

Deux grands tours, c’est trop ? 

La Vuelta sera donc le deuxième grand tour de la saison pour le Colombien de l’équipe française. Dans une phase d’apprentissage, Betancur va donc pouvoir continuer d’apprendre et de comprendre ce qu’est une course de trois semaines. Mais il y a des raisons de penser que c’est une erreur. Si l’enchaînement d’un Giro et d’un Tour est souvent plus difficile que le Giro-Vuelta, Betancur, n’a aucune référence sur les dernières courses. Quand des Basso ou Majka s’alignaient sur un Tour de Pologne très montagneux, Betancur lui a snobé la course d’une semaine, ainsi que la Classica San Sebastian remportée par Tony Gallopin. Le manque de rythme pourrait donc jouer des tours à l’ancien lauréat du Baby Giro. Il est parfois compliqué de se remettre en jambes pour aborder un second pic de forme en fin de saison, et la Vuelta peut-être un risque pour le Colombien. Mais si cet aspect n’est pas à négliger, on peut aussi penser qu’il bénéficiera d’une fraîcheur incomparable à celle des Mollema, Valverde, Rodriguez ou Kreuziger, qui sortent d’un 100e Tour de France très éprouvant.

Un parcours adapté

Depuis plusieurs années, la Vuelta multiplie les arrivées au sommet, souvent courtes. Cette année, nous aurons le droit à l’Angliru, le Zoncolan espagnol. En tout, on dénombre pas moins de onze arrivées au sommet. Betancur, lui, est tout de même plus à l’aise quand les côtes ne durent pas trop, et il pourra cocher plusieurs étapes. Reste à savoir s’il préférera jouer le général ou gagner une étape (qui a dit “les deux” ?). Surtout que le plateau sera relevé : Valverde, Nibali, Mollema, Basso, Rodriguez, Kreuziger… Mais on pourrait éventuellement assister à des alliances colombiennes en montagne entre Henao, Uran et le leader d’AG2R si un Espagnol s’oppose à eux. Betancur est lancé dans le grand bain pour sa première Vuelta, avec les grands du peloton, et pourrait courir le Tour l’année prochaine. Après un beau Tour de France, l’équipe de Vincent Lavenu est tombée sur LA bonne pioche avec Carlos Betancur, et compte bien enfin monter sur le podium d’un grand tour, cette fois si sans avoir besoin d’un déclassement – comme ça avait été le cas pour John Gadret sur le Giro 2011.

Etienne Jacob

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