C’est sur lui que reposent presque tous les espoirs de victoire tricolore. Il y a deux ans, Thibaut Pinot avait accompagné Vincenzo Nibali et Jean-Christophe Péraud sur le podium, à Paris. Aujourd’hui, il apparaît comme le principal outsider derrière quatre hommes qui ont déjà remporté des épreuves de trois semaines. Alors forcément, tout un pays espère le voir briller, jusqu’à faire un peu – beaucoup ? – mieux qu’en 2014.


2016 marque un changement pour le Franc-Comtois. Trois victoires, déjà, dans l’effort solitaire : personne ne l’aurait prédit il y a encore deux ans. A l’époque, le grimpeur de la FDJ avait déjà progressé en chrono, mais cela restait son principal défaut – après avoir résolu sa phobie passagère des descentes. Il assurait travailler, mais les observateurs se demandaient si cela allait payer. Devenir un rouleur en restant un grimpeur est toujours une tâche compliquée. Pinot y est parvenu. Fini l’appréhension du chronomètre, qui souvent lui a fait perdre quelques places dans les grandes courses par étapes. Désormais, il sait même y faire la différence. En Romandie, c’est dans le contre-la-montre de Sion qu’il est allé chercher son podium. Et son titre de champion de France de la discipline, acquis ce week-end, doit encore le rassurer. Tout en s’affirmant comme l’un des meilleurs grimpeurs du peloton, il est devenu un rouleur plus qu’acceptable.


Depuis deux ans, sur les courses par étapes du World Tour auxquelles Pinot participe avant le Tour de France, sa régularité est impressionnante. Hormis le dernier Dauphiné où il est passé au travers, il a toujours répondu présent. Cette saison, il a même décroché son premier podium à ce niveau – le Tour 2014 mis de côté – en Romandie. S’il y a un an, il avait donc échoué dans son ambition de confirmer en juillet son bon début de saison, 2016 lui offre une nouvelle chance. Désormais habitué à côtoyer les cadors sur une semaine, il n’a plus à rougir au départ d’une épreuve comme la Grande Boucle. Il n’a plus grand chose à envier à Froome, Quintana, Contador et Aru, sinon leur palmarès et des détails qui peuvent encore faire la différence.


C’est une sorte de superstition. 2012, premier Tour de France, Pinot se révèle. Victoire d’étape à Porrentruy, dixième place au général, il est le Français qui fait vibrer tout un pays pendant trois semaines. Il ne devait même pas être de la grande messe juillettiste, il y a finalement brillé de mille feux. Mais l’année suivante, alors qu’il est attendu pour la confirmation, il passe à côté de l’épreuve, paniqué notamment dans les descentes. Il faut attendre 2014 pour le voir revenir le couteau entre les dents, jusqu’à aller décrocher un podium inespéré au départ du Tour. C’est alors une année sur deux que Pinot aura brillé sur les routes de la Grande Boucle, une logique respectée en 2015. Si sa victoire a l’Alpe d’Huez a sauvé les meubles, il n’était pas là où il voulait être : dans la bagarre, avec les gros. Mais finalement, les plus superstitieux en sont heureux. Car c’est peut-être de très bon augure pour cette année…

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.