Oui Peter, on aime te voir plaisanter avec Degenkolb, Greipel et les autres, après les sprints intermédiaires. Mais déjà, il fallait qu’on te le dise, on aime moins la queue de cheval que tu arbores depuis peu. Et puis surtout, on ne peut se satisfaire de tes innombrables deuxièmes places. On veut te voir gagner, et tu devrais y songer, parce que le maillot vert, cette année, passera sans doute par là.

Le Havre, c’était l’occasion rêvée

Ce jeudi vers Le Havre, tu avais une occasion en or de lever les bras pour la première fois depuis plus de deux ans sur le Tour. L’arrivée en côte était faite pour toi. Depuis hier, on a d’ailleurs été nombreux à repenser à tes victoires acquises sur la Grande Boucle en 2012, à Seraing ou Boulogne-sur-Mer. Les profils étaient similaires, et à l’époque, tu n’avais laissé aucune chance à tes concurrents. Alors quand tu vois Stybar qui s’en va, pourquoi ne pas y aller ? Surtout que le Tchèque, tu le connais un peu. Sur les classiques déjà, il t’as enquiquiné. Rappelle-toi les Strade Bianche, tu y étais ! Tu ne peux pas faire celui qui ne savait pas. Surtout que tout le printemps, il t’as suivi : il était dans ta roue sur Tirreno, lors de l’arrivée à Arezzo. Il était encore pas loin sur le Tour des Flandres, et il a été présent jusqu’au bout sur Paris-Roubaix, quand tu étais déjà bien loin…

Alors oui, il ne gagne pas souvent, mais c’est pas une raison pour lui laisser autant de libertés. D’autant que ce n’est pas la première fois que tu te fais avoir. Jusque là, on ne t’en voulais pas d’avoir été vaincu par André Greipel. Il est beaucoup plus puissant que toi, et il a toute une équipe autour de lui. Mais lorsque le parcours te favorise, tu dois saisir ta chance. Ce soir, tu aurais dû être en vert, mais ta deuxième place permet à l’Allemand de conserver le paletot. Rater de telles occasions n’est plus permis. Pas avec le nouveau barème, qui offre sur certaines étapes – et notamment celle d’aujourd’hui ! – 50 points au vainqueur. Ce qui a marché l’année dernière, où tu as remporté le maillot vert sans gagner une seule étape, pourrait être bien plus compliqué sur ce Tour 2015. Greipel est vraiment impressionnant, et en l’absence de Kittel, il pourrait faire une véritable razzia. Tu dois donc absolument réagir si tu veux encore monter sur le podium parisien, et te rapprocher du record de Zabel, détenteur de six maillots verts consécutifs.

En retard sur tes temps de passages

D’autant que Peter, on ne voudrait pas te porter la poisse, mais ces trois dernières années, au soir de la sixième étape, tu portais le maillot vert. On veut bien ne pas pinailler, et dire que ce soir tu n’es franchement pas loin, à seulement trois points de Greipel. Mais si l’on en croit les premiers sprints de la semaine, l’arrivée de demain n’est pas faite pour toi, et tu seras relégué un peu plus loin encore. Dans les deux prochaines semaines, il va donc falloir que tu t’actives pour aller chercher des points : à Cambrai et au Havre, tu en as pris, pas Greipel, et ça n’a pas suffit ! D’où la nécessité de passer la vitesse supérieure. L’arrivée à Mur de Bretagne, samedi, pourrait t’offrir une nouvelle opportunité de faire la différence. Mais ça ne suffira pas, et vers Rodez ou Valence, tu seras aussi attendu, malgré ton isolement chez Tinkoff. Alors brise le mauvais sort et lève les bras, sinon, on va commencer à s’inquiéter sérieusement…

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.