Après trois maillots verts remportés assez largement par Peter Sagan, l’organisation du Tour a décidé de modifier le barème pour récompenser davantage les victoires d’étapes. En l’absence de Kittel, pour concurrencer le Slovaque, il faudra compter sur Degenkolb et Kristoff. Mais pas sûr que ça suffise…

Les purs sprinteurs au second rang ?

S’il avait été au départ, et compte tenu de sa domination sur les deux dernières éditions de la Grande Boucle, Marcel Kittel aurait légitimement été un candidat au maillot vert. Surtout avec la « prime à la victoire », qui offrira 50 points au vainqueur sur les six étapes classées « sans difficulté particulière », contre seulement 30 points au deuxième. Mais sans l’Allemand, les purs sprinteurs, représentés par Mark Cavendish et André Greipel, risquent de ne pas avoir véritablement leur mot à dire dans la course au paletot vert. La faute notamment aux sprints intermédiaires, dont le modèle a été changé en 2011 pour devenir un élément important dans la course au classement par points. Ça a confirmé la tendance des dernières décennies : pour décrocher le maillot vert, il faut passer les bosses un minimum. Seuls Cavendish et Petacchi ont réussi à briser le signe indien depuis dix ans…

En 2015, il y a donc peu de chance que ça change, et le maillot vert devrait se jouer entre trois hommes qui sont presque davantage des spécialistes des classiques que des sprinteurs. Alexander Kristoff et John Degenkolb, deux monuments au palmarès pour chacun, tenteront ainsi de concurrencer un Sagan qui peine à concrétiser sur les classiques mais qui reste un des coureurs les plus complets du peloton actuel. Que l’un des trois monte sur le podium parisien s’inscrirait donc dans la continuité des sacres de Boonen, Freire, Hushovd et bien sûr Sagan. Mais alors que ces trois dernières années, on n’attendait personne d’autre que le Slovaque pour remporter le maillot vert, cette fois, avec des coureurs au profil similaire et sans doute plus efficaces, il faudra que le natif de Zilina hausse son niveau.

Le veulent-ils vraiment ?

Intrinsèquement, Degenkolb et Kristoff sont plus rapides que Sagan et ont donc largement, les moyents de jouer la gagne dans la course au maillot vert en profitant de quelques succès d’étapes. Mais le sprinteur de l’équipe Tinkoff-Saxo, on le sait, prendra le soin de s’accrocher un maximum dans les étapes vallonnées voire montagneuses, histoire de prendre les points des sprints intermédiaires ou de se retrouver dans des finals d’étapes sans ses concurrents. Tout pourrait donc reposer sur l’implication des deux rivaux annoncés du Slovaque : s’ils font du classement par points un véritable objectif, ils devraient être capables de mettre fin à l’hégémonie de Sagan. Mais les deux hommes ont toujours privilégié, sur les grands tours qu’ils ont disputés, les victoires d’étapes au paletot de meilleur sprinteur. Tout le contraire de Sagan.

Peut-être qu’il faudra alors compter sur des outsiders plus inattendus, comme Bryan Coquard qui avait un moment tenu la dragée haute à Sagan l’année passée. Pour le reste, un garçon comme Edvald Boasson Hagen a tout à fait les qualités pour disputer, sur la durée, le maillot vert. Sauf que son niveau continue de poser question, et il est impossible de vraiment compter sur lui. Côté français, Bouhanni et Démare, à l’instar de Cavendish et Greipel, ne passet sans doute pas assez bien les bosses. Le maillot rouge décroché sur le Giro par le sprinteur de la Cofidis l’avait été face à une concurrence clairement moins féroce. Finalement, malgré les modifications du règlement, censées resserrer la lutte pour le maillot vert, Sagan pourrait donc encore s’imposer presque tranquillement. Une constante.

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