Sept étapes de montagne, six arrivées en altitude, trois autres pour puncheurs, et seulement quatorze kilomètres de chrono individuel. Le Tour 2015 fait la part belle aux grimpeurs, plus encore que l’édition 2014. De quoi nous rappeler la tendance prise par les autres grands tours, et surtout la Vuelta. Mais au fait, est-ce une bonne chose ?

Favoriser les grimpeurs

Il fut un temps pas si lointain sur la Vuelta où les parcours devenaient chaque année plus difficiles. Ca s’est un peu calmé depuis deux éditions, mais le Tour semble malgré tout prendre le même chemin – avec du retard, vous avez dit ? On pourrait avancer que les organisateurs de la Grande Boucle ont observé leurs voisins pour éviter quelques erreurs, mais ce n’est vraisemblablement pas le cas. La mode n’est déjà plus à l’indigestion de cols, mais Christian Prudhomme n’en tient pas compte. Alors sur le papier, bien sûr, c’est alléchant : Alpe d’Huez, Pra Loup, Plateau de Beille ou La Toussuire, çà en fait des stations prestigieuses qui accueilleront la 102e édition de l’épreuve reine du cyclisme. Surtout que le Mur de Huy, le Mûr de Bretagne ou l’ascension de Mende seront aussi au programme. Soit en tout neuf arrivées au sommet promises aux grimpeurs, et qui doivent apporter spectacle et indécision.

Alléchant, mais peut-être un peu trop illusoire. On l’a vu sur la Vuelta, trop de difficultés dictent parfois une tactique de course attentiste de la part des leaders. Et il est légitime d’avoir peur que cela arrive sur les routes hexagonales en juillet prochain. Surtout que ce ne sont pas les quatorze bornes de chrono individuel à Utrecht qui feront la différence. Alors il reste bien l’épreuve de 28 kilomètres par équipes entre Vannes et Plumelec, juste avant la première journée de repos. Mais quel leader a aujourd’hui une équipe assez faible pour réellement perdre le Tour sur une telle journée ? Donc oui, tout se jouera en montagne. Les candidats au maillot jaune à Paris auront l’embarras du choix, et largement la possibilité de chacun cocher une étape différente pour passer à l’offensive. Mais entre nous, on sait qu’il y a peu de chances que cela parte dans tous les sens. L’étape du Plateau de Beille risque d’éclipser les deux précédentes dans les Pyrénées, idem pour celle de l’Alpe d’Huez dans le deuxième massif au programme.

La bonne idée des pavés, et le retour des mythes

Bien sûr, certains points du parcours dévoilé ce mercredi – mais connu depuis quelques jours déjà – sont également très réjouissants, mais ils passent presque au second plan. Parmi eux, il y a les pavés, prévus pour la quatrième étape, entre Seraing et Cambrai. Une réussite de 2014 logiquement reconduite, et qui apportera un peu plus de piment. En effet, entre la Belgique et le Nord de la France, il est impossible de se cacher. Les faibles se retrouveront derrière, bien loin des meilleurs. En juillet dernier, sous une météo capricieuse, on en avait eu l’illustration avec un Nibali virevoltant prenant déjà une sacrée option en vue de la victoire finale. Et puis 2015 sera aussi le retour des cols mythiques au programme. La montée de Pra Loup, théâtre de la prise de pouvoir de Bernard Thévenet en 1975, est remise au goût du jour, côtoyant le Plateau de Beille et l’Alpe d’Huez, où des pages de l’histoire cycliste se sont écrites à chaque passage.

On est donc prêts à faire – presque – comme si de rien n’était pour la quantité d’étapes de montagne qui pourrait virer à l’indigestion. Mais pour ça, il faudrait des coureurs audacieux, qui n’hésitent pas à utiliser chaque ouverture que proposera le parcours. Ca n’a pas toujours été le cas ces dernières années, mais des garçons comme Vincenzo Nibali ou Alberto Contador sont largement capables de relever le défi. C’est peut-être des coureurs de ce calibre qu’il a manqué sur les éditions du Tour d’Espagne jugées légèrement décevantes malgré une accumulation d’arrivées au sommet. Le parcours du Tour a donc été « vueltaisé », mais son plateau pas encore. De tout cœur, on espère alors que la Grande Boucle de l’été prochain ne se résumera pas à une course de cote. Mais si par malheur c’est le cas, on pourra dire que l’organisation l’a cherché…

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