Frustrés par l’annulation de l’étape reine de Tirreno-Adriatico et par une pâle arrivée au sommet sur Paris-Nice, les grimpeurs ont le couteau entre les dents au départ du Tour de Catalogne. Surtout que l’épreuve ibérique demeure une exception dans le paysage des courses par étapes avec l’absence de contre-la-montre au cours de la semaine. Résultat, presque tous les prétendants à une victoire finale sur un grand tour cette année sont au rendez-vous.

– Les Favoris

***** Alberto Contador : Dans tous les esprits, le favori, c’est bien lui. Le Pistolero a dégainé à plusieurs reprises sur un Paris-Nice tronqué, ne s’avouant jamais vaincu, même lorsque le profil n’était pas en sa faveur. Cette fois-ci, avec deux grandes étapes de montagne, Alberto Contador aura donc davantage l’opportunité de montrer, pour sa dernière année professionnelle, qu’il reste le patron sur ce genre de courses. Sur des pourcentages aussi prononcés, il semble avoir un petit avantage par rapport à Froome, qui n’a plus couru depuis l’Andalousie, mais aussi sur des coureurs comme Porte ou Aru, qu’il a battu en France et au Portugal. De quoi légitimement espérer remporter enfin son premier Tour de Catalogne, une des rares courses qui lui échappe.

**** Richie Porte : Tenant du titre, l’Australien compte bien se remettre en selle après avoir échoué à conserver sa couronne sur Paris-Nice. Arrivé diminué physiquement suite à ses pépins du mois de février, le coureur de la BMC disputera par la même occasion sa première course par étapes en compagnie de Tejay Van Garderen, placé dans la position du lieutenant. En ayant décalé son pic de forme, on attend encore plus de Porte, qui, il y a un an, volait sur les pentes pyrénéennes. Un rendez-vous extrêmement important, avant d’opérer une coupure jusqu’au Tour de Romandie, qui marquera le début d’une marche en avant vers le Tour de France.

– Les Outsiders

*** Chris Froome : Le Britannique devrait presque être le favori de n’importe quelle épreuve World Tour en raison de son CV, mais c’est bien vite oublier ses faux pas répétés en Catalogne. Seulement sixième en 2014, confirmant qu’il était possible de le battre à la pédale, sa venue l’an passé ne fut pas meilleure, il avait lâché prise systématiquement au pied des ascensions finales. Il est donc clair que le Kenyan Blanc n’est plus aussi impressionnant qu’en 2013 sur ses courses préparatoires, mais il paraît malgré tout impossible de l’exclure du jeu pour la victoire finale. Victorieux du peu relevé Herald Sun Tour en ouverture de la saison, où se situe t-il ? C’est la grande question, et cette semaine doit permettre d’y répondre.

*** Nairo Quintana : Le Colombien est resté en retrait en ce début de saison, et pour cause, il a prévu de retarder au maximum son pic de forme, prévu en juillet. Séparé d’Alejandro Valverde au niveau de son programme de courses, Quintana tentera de faire en Catalogne aussi bien qu’il y a trois ans, lorsqu’il s’était imposé au sommet de Vallter 2000. Avantagé par le retour du peloton en haute altitude, sera t-il dès les premières étapes au contact des tout meilleurs et incisif comme on le connaît ? C’est la principale inconnue qui réside autour du leader de la Movistar, qui affiche des ambitions élevées sur les courses à la maison.

*** Fabio Aru : Sixième du Tour de la Communauté de Valence et dauphin de Contador en haut de Malhao, Fabio Aru se prépare méticuleusement pour son premier Tour de France. Absent du groupe Astana sur Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, le Sarde n’a pas connu l’extrême amertume ressentie par Vincenzo Nibali après le retrait de l’étape reine, et part plus serein dans ses objectifs annuels. Sixième l’année dernière, il n’avait pas laissé un souvenir impérissable en haut de la Molina, terminant en dehors des dix premiers. Avec lui, les performances relèvent souvent de l’ordre du tout ou rien, et il est bien difficile de savoir quelle est sa motivation à l’entame de la semaine.

*** Joaquim Rodriguez : Le natif de Barcelone rêve de pouvoir accrocher à son palmarès un troisième Tour de Catalogne. Bien aidé par un tracé favorisant les petits gabarits explosifs, Purito ne semble pas encore dans une condition optimale. Preuve en est, sur Tirreno-Adriatico, il a cédé trois minutes à Zdenek Stybar à Pomarance. Mais alors qu’on le pense à bout de souffle, le spécialiste des forts pourcentages apparaît toujours des plus fringants en retrouvant l’air du pays. Attention donc à ne pas trop se regarder, sous peine de le voir fausser compagnie à ses petits camarades sous la flamme rouge.

– À ne pas sous-estimer

** Romain Bardet et Domenico Pozzovivo : Vainqueur d’une étape à Gérone en 2015, le Transalpin d’AG2R la Mondiale n’a pas pu briller sur ses terres la semaine dernière. Mais solide depuis le mois de janvier, passant par le Tour Down Under et le Tour d’Oman, il a été chargé par Vincent Lavenu de rééditer sa performance de l’an dernier (3e du général). Tout comme Romain Bardet. Deuxième en Oman, défait par le seul Nibali, l’Auvergnat n’a pas réussi à tirer profit de sa dynamique sur les routes de Paris-Nice. Alors en Catalogne, où aucune hiérarchie n’a été établie, et on peut aisément s’attendre à voir les deux larrons se partager les tâches.

** Daniel Martin : Tout avait bien commencé pour la recrue irlandaise de l’équipe Etixx, qui décrochait son premier succès sous ses nouvelles couleurs à Fredes, lors du Tour de Valence. Toujours aussi excellent dans la finition, Martin n’a pas confirmé en Oman, et n’a tout simplement plus couru depuis la mi-février. Son expérience sur le Tour de Catalogne, qu’il a remporté en 2013, demeure précieuse, et son caractère offensif pourrait faire la décision, quand on sait que le général se joue souvent à coup de secondes dans le circuit final autour de la colline de Montjuic.

** Ilnur Zakarin : Où s’arrêtera le Russe ? Lauréat de la sixième étape de la Course au Soleil, en haut de la Madone d’Utelle, personne ne semble en mesure de venir lui contester la victoire lorsqu’il affiche une forme aussi éclatante. Rouleur de formation, celui qui a remporté un Tour de Romandie devrait cependant s’effacer sur ce type de parcours, où il aura moins de marge de manœuvre qu’un Joaquim Rodriguez plein de punch. Mais si la méforme de l’Espagnol venait à se confirmer, la doublure est déjà toute trouvée.

* Esteban Chaves : Révélation parmi tant d’autres de la dernière Vuelta, la mascotte de l’équipe Orica-GreenEDGE part sans pression de Calella pour atteindre Barcelone avec les honneurs. Leader attitré de sa formation, il jouera le rôle de dynamiteur sans forcément attendre les dernières ascensions pour se montrer. Véritable feu follet, le Colombien fera tout pour exprimer son tempérament, en attendant de trouver l’ouverture dans les cinq premiers si quelques favoris se loupent.

* Rigoberto Uran : Évoluant maintenant pour le compte de l’équipe Cannondale, Rigoberto Uran n’a pas changé ses ambitions : il a toujours le Tour d’Italie comme point d’orgue de sa saison. Encore frileux à l’iddée de faire un choix entre les classiques ardennaises et les grands tours, le nouveau protégé de Jonathan Vaughters se doit de réaliser un résultat après des premiers mois timides. Spécialiste du Tour de Catalogne, où il a fini quatre fois parmi les cinq premiers et remporté une étape en 2012, il doit rassurer. Peut-être davantage avec une étape qu’avec un bon classement général.

* Warren Barguil : Que nous réserve le Breton pour sa course de reprise après son terrible accident à l’entraînement ? La qualité du terrain est déjà de son côté, et si les jambes répondent présentes, il ne sera alors pas bien dur de le montrer tant Barguil aime se montrer offensif. Aller chercher un top 10 permettrait au Français de lancer sa saison, deux mois après tout le monde.

Mentions : Tom Dumoulin, Robert Gesink, Ryder Hesjedal, Miguel Angel Lopez, Louis Meintjes, Jarlinson Pantano, Sergio Pardilla, Primoz Roglic et Rafael Valls.

Retrouvez le parcours et la liste des engagés sur le site officiel de l’épreuve.

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