En cette fin d’année, il est l’heure de revivre les plus beaux moments de la saison. Ceux qui nous ont fait bondir de notre canapé, ému ou révolté. Ceux que l’on retiendra longtemps, malgré les années qui passeront. Au gré des articles marquants de 2017, nous vous proposons donc de vous replonger dans ces épisodes un peu à part. A chaud, comme si vous y étiez. Aujourd’hui, retour sur la victoire d’Alejandro Valverde sur Liège-Bastogne-Liège, un jour où le monde du vélo pensait surtout à Michele Scarponi, décédé la veille.

Doigts levés vers le ciel au moment de franchir la ligne d’arrivée, Alejandro Valverde n’a pas gagné que pour lui. Ce quatrième Liège-Bastogne-Liège remporté par l’Espagnol est aussi, un peu, celui de Michele Scarponi. Son ami, tragiquement décédé samedi matin.

Dans toutes les têtes

Les larmes étaient toutes proches de couler sur les joues d’Alejandro Valverde. Et sa quatrième victoire sur le monument wallon n’y était pas pour grand-chose. C’est en réalité le souvenir de Michele Scarponi qui était dans tous les esprits. Et peut-être encore plus dans celui de l’Espagnol, grand ami de l’Italien. Les deux hommes étaient nés à quelques mois d’intervalle et sont tous les deux passés chez les pros en 2002. Alors même s’ils n’ont jamais couru sous les mêmes couleurs, ils avaient pris l’habitude de se côtoyer dans le peloton. Ce matin, au départ de Liège-Bastogne-Liège, Alejandro Valverde avait promis de reverser ses gains à la famille de Scarponi en cas de victoire à Ans. Difficile d’imaginer qu’un autre coureur aurait agi différemment, mais c’est bien l’Espagnol qui fut le premier à en parler. L’émotion qui s’empara de lui juste après l’arrivée n’était donc pas feinte.

Souvent, sur Liège-Bastogne-Liège, les deux larrons avaient croisé le fer. En 2013, ils avaient même terminé presque roue dans roue : Valverde était troisième, Scarponi cinquième. C’est sans doute ce genre de souvenirs qu’a ressassé l’Espagnol au moment de franchir la ligne. C’est encore ce à quoi il devait penser, visage entre les mains et, déjà, les larmes au bord des yeux, lorsque toute l’équipe Movistar est venue le féliciter. Puis est venue l’heure de passer devant les micros, et l’Espagnol s’est fendu d’un nouvel hommage à son ami transalpin. « Je veux dédier cette victoire à Scarponi », a-t-il sobrement confié. Encore une fois, l’émotion était forte et Valverde pas loin de craquer. Le caractère historique de la victoire, lui, passait au second plan. Ce sera le cas pour toujours. Il faudra du temps pour oublier le contexte et se concentrer sur le palmarès, où Valverde rejoint Moreno Argentin, à une longueur de Merckx, seul quintuple vainqueur de l’épreuve.

L’émotion plus forte que l’ennui

Cette émotion fera aussi oublier la course à laquelle on a eu droit. Attentiste, comme – presque – toujours sur la « Doyenne » depuis plusieurs années. Pendant 260 kilomètres, on a attendu que les cadors se décident à bouger, sans vraiment que cela nous surprenne. Et quand tout s’est décidé dans la côte d’Ans, personne, finalement, n’était étonné. Tout s’est simplement déroulé comme prévu, parce qu’il devient très compliqué de sortir des schémas préétablis sur Liège-Bastogne-Liège. Dan Martin a encore fait deuxième – comme mercredi sur la Flèche, et plusieurs fois déjà, dans le passé, sur les ardennaises, Alejandro Valverde a encore gagné. Ce Liège, vu de l’extérieur, aura donc finalement été dans la lignée de ce qui nous est offert d’habitude. Sauf qu’en réalité planait le souvenir d’un homme à qui tout le monde avait envie de rendre hommage. Et c’est tout ce qui mérite d’être retenu pour le moment.

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