Il existe des amours qu’on n’explique pas. Et d’autres, en revanche, qu’il est facile de justifier. Les tifosi italiens savent très bien pourquoi ils aiment Vincenzo Nibali. Parce qu’il respecte le vélo dans sa façon de courir. Parce qu’il rappelle aux transalpins leurs gloires passées. Et parce qu’il a toujours fait passer le Giro avant tout le reste.

L’espoir d’une nation

Le Squale ne pouvait pas être absent de la centième édition, encore moins depuis qu’il sait qu’elle passera chez lui, à Messine. Question d’histoire. « C’est une édition particulière, je suis le tenant du titre et en plus, la course passera chez moi », expliquait-il en novembre dernier, au moment d’annoncer que la course rose serait son grand objectif de 2017. Alors comme pour les autres favoris de l’épreuve, nous aurions pu parler chiffres. Analyser les statistiques de Nibali cette saison, ou bien son passé sur le Tour d’Italie. Mais qu’aurions-nous rajouté par rapport à l’an passé ? Tellement peu, si ce n’est un maillot rose supplémentaire qui veut dire beaucoup, mais ne change pas grand chose au fond. Vincenzo Nibali est sur le Giro chez lui. Dire que le Sicilien courra à domicile ne serait pas assez fort. C’est tout un peuple qui sera là pour le porter jusqu’à une troisième victoire finale, encore plus en l’absence de « l’autre » italien, Fabio Aru.

Une Italie à ses pieds

Mais s’il y a tant d’unité derrière Nibali, ce n’est pas uniquement parce qu’un drapeau vert-blanc-rouge précède son nom dans les classements. Ce n’est pas non plus parce qu’il a placé tout en haut des plus grandes courses cette même tunique tricolore – que souvent, il porte en plus sur le dos. C’est parce qu’il fait vibrer les tifosi par sa façon de courir. Par sa façon de gagner, mais aussi de perdre. Avec panache, quoi qu’il arrive. En 2014, après sa victoire dans le Tour de France, l’Italien avait sorti une autobiographie. Il y décrivait Chris Froome comme un coureur « robotique ». Et ajoutait : « J’espère que je suis plus excitant à regarder quand je cours. » La réponse est bien sûr oui, et le garçon le sait. Jamais il ne s’est contenté d’un maillot de leader. Jamais, non plus, il n’a abdiqué avant la fin. Le Tour 2014 ou le Giro 2016, pris parmi tant d’autres, suffisent à illustrer cette mentalité.

Vincenzo Nibali fascine. Et voilà qu’aujourd’hui, il intrigue aussi. Son début de saison est un mystère qui l’a notamment vu hors du coup sur Tirreno-Adriatico : inhabituel. Son seul succès est donc intervenu en Croatie il y a plus de dix jours maintenant, là où personne n’était venu le concurrencer. « Je ne pense pas avoir à prouver quoi que ce soit à quelqu’un d’autre que moi-même », justifiait-il récemment dans le magazine Procycling. Les mots d’un quadruple vainqueur de grands tours, l’un de ceux qui peut se targuer d’avoir remporté Giro, Tour et Vuelta. « Je suis impulsif dans la vie, donc je le suis aussi quand je cours, justifie Nibali. Ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de gagner mais c’est comme ça que je suis, et ça a déjà marché quelques fois pour moi. » Alors surtout, qu’il ne change pas. Qu’il l’emporte ou non à Milan, il sera de toute façon toujours dans le cœur des Italiens.

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