La deuxième étape de cette Vuelta 2013 nous a déjà offert un changement de leader. Janez Brajkovic, qui avait hérité de la tunique rouge sur le contre-la-montre par équipes inaugural, a cédé quelques secondes dans l’ascension finale vers l’Alto do Monte da Groba. Le nouveau leader, c’est donc Vincenzo Nibali. Pas forcément une bonne nouvelle pour le Sicilien…

Astana n’en voulait plus

La formation kazakhe a forcément savouré sa victoire hier soir dans le chrono par équipes. Alejandro Valverde relégué à 29 secondes et Joaquim Rodriguez à près d’une minute, la satisfaction était évidemment au rendez-vous. Et le clin d’œil à Janez Brajkovic, maillot rouge sept ans après avoir déjà pris la tête du classement général du Tour d’Espagne, faisait plaisir à voir. Mais le Slovène le savait, son bonheur serait de courte durée. Dès la deuxième étape, Astana n’avait qu’un objectif : lâcher le maillot rouge. Une échappée de trois coureurs prend alors le large avec l’aval le plus complet des coéquipiers de Vincenzo Nibali. Alex Rasmussen, Greg Henderson et Francisco Aramendia devaient ainsi, en plus de la victoire d’étape, se jouer le gain du maillot de leader. Avec un avantage pour le sprinteur néo-zélandais, longtemps leader virtuel.

Mais certaines équipes en avaient décidé autrement. Lampre et Vacansoleil, notamment, avec la victoire d’étape en tête, se sont mises à rouler. Pour finalement reprendre les trois fuyards, impuissants malgré leurs près de dix minutes d’avance à 40 kilomètres du but… Dans l’ascension finale, tout le monde est repris. Et Nibali ne peut plus calculer. Il cherche les roues de ses rivaux et le sait, le maillot rouge lui tend les bras, même si lui s’en passerait bien. Il se permet d’espérer, un temps, lorsque Nicolas Roche s’envole en tête. Mais l’Irlandais n’est pas assez rapide et échoue à huit secondes du leadership de la course. Le Squale est bel et bien le nouveau leader du Tour d’Espagne, presque malgré lui.

Impossible de le garder jusqu’au bout ?

Ce soir se pose donc une question : que doit faire l’Italien ? Tenter, demain et chaque jour s’il le faut, de « donner » son maillot à un baroudeur ? Pourquoi pas. Mais la montée finale de ce dimanche a fait une sacré sélection. Et de nombreux coureurs, à plusieurs minutes de Nibali, savent déjà qu’ils n’auront pas la chance de goûter au paletot. Le principal intéressé, lui, ne peut pas se permettre de laisser le maillot à un concurrent, ni même un outsider. On n’est jamais trop prudent, l’épisode du Giro 2010 – et de David Arroyo, longtemps maillot rose et finalement deuxième à l’arrivée – est là pour nous le rappeler. C’est donc avec un cadeau encombrant, presque empoisonné, que le leader d’Astana va devoir courir ces prochains jours.

Pourtant, si la formation kazakhe doit gérer la course chaque jour, c’est presque une certitude, Nibali finira par perdre le maillot rouge. Et à le céder à un concurrent qui ne le lui rendra sûrement pas. Le dilemme est des plus rudes pour le train bleu, qui ne peut tout de même pas cracher sur un maillot rouge. Ils savent aussi que plus les jours passent plus la possibilité de se séparer de ce poids sans mettre en péril les chances de victoire finale seront minces. Et si finalement, du coup, les mieux placés en ce début de Tour d’Espagne étaient les challengers du transalpin, en embuscade au général, à quelques poignées de secondes ? A n’en pas douter, en tout cas, ils ont moins besoin de réfléchir au soir de ce premier week-end de course.

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