Il a cristallisé tellement de frustration. En juillet, jamais Nairo Quintana n’a fait vaciller Chris Froome. Alors sur la Vuelta, qui débute samedi, le Colombien doit se rattraper et effacer, un peu, la déception du Tour. Il faudra pour ça triompher sur une épreuve qu’il n’a encore jamais remporté.

Après son Tour de France raté, ou en tout cas le moins bon de sa jeune carrière, Nairo Quintana sera vraisemblablement animé d’un sentiment de revanche. Il n’a jamais été un coureur qui s’exprime beaucoup dans les médias, alors depuis le podium protocolaire sur les Champs-Elysées, il s’est fait discret. Aucune parole, aucune explication ne justifiera de toute façon l’échec de juillet. La seule chose qui puisse effacer un tant soit peu la désillusion serait pour le Colombien de gagner une première Vuelta. C’est le seul grand tour sur lequel il n’a jamais connu le podium, alors que samedi, ce sera celui au départ duquel il s’est le plus souvent rendu. Mais s’il l’emporte, toutes ces considérations passeront au second plan, et c’est la seule chose à laquelle il doit penser.

Fabio Aru, vainqueur l’an passé, avait fait le Giro mais pas le Tour. Rodriguez et Majka, qui l’accompagnaient sur le podium, étaient eux bien présents en juillet, mais ils n’avaient pas joué le général. Quintana, quatrième à Madrid, était donc une exception, lui qui avait terminé deuxième de la Grande Boucle quelques semaines plus tôt seulement. Cette année, le rapport est inversé. S’il est impossible de connaître dès aujourd’hui le quatuor qui occupera la tête du classement au terme des trois semaines de course, quatre favoris se dégagent : Quintana, Contador, Froome et Chaves. Et parmi eux, seul le dernier cité, qui n’a d’ailleurs pas les meilleures références sur les grands tours, n’était pas de la partie en juillet. Un avantage certain pour Quintana : en 2016, contrairement à l’an passé, ses principaux rivaux ne seront pas plus frais que lui.

Longtemps, Eusebio Unzué, le manager général de la Movistar, s’est entêté. Il voulait faire gagner des grands tours à Valverde, persuadé que son succès sur la Vuelta en 2009 en appelait d’autres. Alors l’Ibère a enchaîné les épreuves de trois semaines, faisant parfois un peu de tort à Nairo Quintana, plus fort que son aîné mais régulièrement contraint de partager le rôle de leader. Sur ce Tour d’Espagne, pourtant, il ne devrait pas y avoir de discussion. Valverde a en effet déjà couru le Giro et le Tour cette année, cumulant 71 jours de course (!), et il est évident qu’il ne pourra pas, à 36 ans, tenir la dragée haute aux autres cadors pendant encore trois semaines. Son seul défi sera peut-être de terminer dans les dix premiers pour rejoindre dans l’histoire Raphaël Geminiani (1955) et Gastone Nencini (1957), les deux seuls coureurs à avoir terminé aussi bien classés dans les trois grands tours d’une même saison.

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