Eusebio Unzué n’a pas chamboulé sa stratégie entre 2014 et 2015. Une nouvelle fois, le manager de la Movistar a tout misé sur deux hommes : l’emblématique Alejandro Valverde et le feu-follet Nairo Quintana. Mais c’est presque exclusivement le premier cité qui a permis à l’équipe espagnole de truster les sommets tout au long de l’année.

Trois raisons d’être satisfaits

Le niveau de d’Alejandro Valverde. Il y a un an, on soulignait la monstrueuse régularité de l’Imbatido. On peut en faire de même en cette fin d’année 2015. A 35 ans, Valverde a peut-être même réalisé la plus belle saison de sa carrière. Comme en 2006, il a levé les bras sur la Flèche wallonne puis sur Liège-Bastogne-Liège, avant de décrocher pour la première fois un podium sur le Tour de France. Au total, il a remporté huit bouquets entre janvier et septembre, auxquels il faut ajouter un nombre incroyable de places d’honneur. Deuxième de l’Amstel, troisième à San Sebastian, quatrième du Tour de Lombardie ou encore cinquième des Mondiaux, le Murcian a été fidèle à sa réputation, présent à chaque fois qu’on l’attendait. Numéro un mondial pour la quatrième fois de sa carrière, l’Espagnol a été sans concurrence sur son terrain de prédilection : il est bien le seul coureur capable de briller sur autant d’épreuves, aussi redoutables sur les classiques que sur les courses par étapes d’une ou de trois semaines.

L’énorme surprise Andrey Amador. Alberto Contador, Fabio Aru, Mikel Landa, et, au pied du podium, Andrey Amador. Voici les quatre premiers du dernier Tour d’Italie, et ce n’est pas grand chose que de parler de « surprise » quant au résultat du Costaricien. Certes, il a pointé à plus de huit minutes du vainqueur, mais il a su résister, sur trois semaines, à des spécialistes comme Hesjedal ou König, sur ses talons jusqu’au dernier week-end. Sixième au sommet de Madonna di Campiglio, le garçon de 29 ans a donc montré qu’il était possible de grimper et de passer correctement les pavés. Jusque là, en effet, c’est surtout lors des flandriennes qu’il s’était montré à son avantage, en témoigne cette dixième place sur Gand-Wevelgem il y a deux ans par exemple. Seul petit hic, ce fut la seule belle performance d’Amador sur une course par étapes cette année, et revoir le Costaricien à ce niveau paraît assez improbable.

Les prouesses des équipiers en montagne. Dans des rôles différents, les seconds couteaux de l’équipe ont pour beaucoup brillé lorsque la route s’est élevée. Giovanni Visconti a été un lieutenant de choix pour Alejandro Valverde et Nairo Quintana, se mettant à plat ventre dans chaque ascension, notamment sur la Vuelta. Alors qu’on le connaissait davantage puncheur que grimpeur, l’Italien a donc été d’une aide aussi précieuse qu’inattendue. Ion Izagirre, de son côté, n’a pas vécu une saison facile, mais s’est consolé en août en remportant le Tour de Pologne. Enfin, Marc Soler, tout jeune coureur de 21 ans, a brillé notamment sur le Tour de l’Avenir en décrochant le classement général final, ne se laissant jamais décramponner dans les trois étapes de montagne de l’épreuve espoir. Du vétéran reconverti au jeune loup aux dents longues, la Movistar a donc prouvé qu’elle avait des ressources lorsqu’il s’agit de grimpeurs.

 Deux raisons d’être déçus

Les accessits de Nairo Quintana. Souvent considéré comme le meilleur grimpeur du peloton, on attendait du Colombien qu’il soit un concurrent sérieux de Chris Froome sur le Tour de France. Mais le leader de la Movistar n’a été qu’une menace lointaine et sporadique pour le Britannique. Pourtant, ce n’est pas ce qu’il y a vraiment à lui reprocher, tant Froome paraissait supérieur. Mais Quintana n’a jamais semblé enclin à tenter le tout pour le tout, à risquer de tout perdre pour gagner. Un tempérament souvent pointé du doigt puisque le garçon, qui a déjà connu le podium de juillet, aurait pu être beaucoup plus entreprenant. Idem sur la Vuelta, ou clairement emprunté physiquement, il n’a jamais été en mesure de jouer la victoire. Après avoir remporté le Giro l’an passé, le natif de Tunja termine donc cette saison 2015 bredouille, excepté un succès presque anecdotique sur Tirreno-Adriatico.

La non-progression d’Adriano Malori. Vainqueur des chronos de Tirreno et de la Vuelta en 2014, l’Italien avait marqué son territoire, et fait comprendre qu’il était bien l’un des meilleurs rouleurs du peloton. Mais cette saison, la progression attendue n’est pas arrivée. Comme l’an passé, il a gagné à quatre reprises dans l’exercice solitaire, mais cette fois sur des épreuves bien moins réputées. Il n’y a que le contre-la-montre des Mondiaux qui vient réhausser le niveau de sa saison, puisqu’il y a décroché la deuxième place à seulement neuf secondes du vainqueur Vasil Kiryienka. Mais l’épreuve, remportée par le Biélorusse, avait un caractère particulier. Sans Wiggins et Cancellara et avec un Martin emprunté, il est difficile de connaître la valeur du lauréat, et donc par ricochet de ses poursuivants. A 27 ans, Adriano Malori reste donc un rouleur de talent, mais qui est encore loin de dominer la discipline comme on pourrait l’attendre.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.