Maillot blanc sur le dos, Phinney prouve sa valeur et prend de plus en plus de place dans son équipe - Photo BMC
Maillot blanc sur le dos, Phinney prouve sa valeur et prend de plus en plus de place dans son équipe – Photo BMC

Paris-Roubaix 2013, Trouée d’Arenberg. Un jeune américain de 22 ans sort du peloton et se montre aux yeux du monde. Il s’appelle Taylor Phinney, et c’est loin d’être un inconnu. Mais son travail est alors remarquable : il dégraisse pour ses leaders de la BMC. S’affirmant comme un coureur très complet à la palette de compétences très large, nous vous présentons le phénomène en détail.

Une horloge… américaine

Comme c’est de plus en plus le cas dans le cyclisme actuel, Taylor Phinney a débuté sur la piste. Et dans ce domaine, l’Américain était loin d’être mauvais, sacré champion du monde de poursuite en 2009 et 2010. Prometteur ? Le garçon ne se stoppe pas en si bon chemin. Passé sur la route, ses qualités déjà entrevues sur les vélodromes vont être vérifiées… sur un autre vélodrome, beaucoup plus célèbre : celui de Roubaix. Affirmant une nouvelle fois sa domination, il s’adjuge deux Paris-Roubaix Espoirs d’affilée et construit sa réputation de futur grand. D’autant plus que sa saison 2010, à 19 ans, est de très bonne facture : une 3e place aux Mondiaux Espoirs de Geelong et un titre de champion national du contre-la-montre, malgré la concurrence. A titre de comparaison,  la référence toutes catégories, Fabian Cancellara, a du patienter ses 23 printemps pour remporter une telle épreuve. En n’omettant pas que le Suisse avait bien moins de concurrents sérieux…

C’est donc avec une certaine logique et des attentes que la BMC le lance dans le grand bain en 2011, où il ne tarde pas à briller. Se concentrant sur les prologues, sa véritable spécialité, il accumule les accessits, et amasse par-ci par-là quelques succès non-négligeables, parmi lesquels l’Eneco Tour. Avant l’éclosion attendue en 2012, notamment sur le Giro. Phinney souhaitait porter le maillot de leader sur l’un des trois Grands Tours, il le fait royalement à Herning, ville départ du Tour d’Italie, avant de se montrer héroïque dans la défense de son maillot rose. Dans le final d’Horsens notamment, où il n’avait pas été attendu par son équipe, il parvint à rentrer seul sur le peloton. Une certaine force de caractère qui à n’en pas douter, le servira à l’avenir. Pour clore en beauté cette année fantastique, le natif de Boulder dans le Colorado, va s’offrir deux médailles d’argent pour ses premiers Mondiaux chez les pros, à Valkenburg. La première sur le chrono par équipe avec BMC, la seconde sur l’épreuve, toujours chronométrée, mais cette fois individuelle.

Une polyvalence de plus en plus remarquée

Toutefois, l’Américain n’est pas seulement un rouleur exceptionnel, et c’est bien ce qui fait qu’on parle de plus en plus de lui. Assurément, il n’est pas double vainqueur du Paris-Roubaix Espoirs pour rien, et l’a récemment fait savoir. Si la BMC possède une pléiade d’hommes de classiques qui brillent régulièrement, c’est parce qu’ils sont bien entourés. Taylor Phinney fait partie de ces équipiers modèles. Cependant, lui espère bien changer de statut, et le plus vite possible. Après deux participations satisfaisantes à l’Enfer du Nord, et deux échecs de BMC, il a au moins semé le doute dans la tête de ses dirigeants. Pourquoi ne pas lui laisser le leadership ? Surtout qu’aujourd’hui, les chasseurs de classiques, à l’exception de Sagan, commencent à se faire vieux. Tous trentenaires, il faut penser à la relève, et Phinney s’impose alors comme une évidence. D’autant plus que le rouleur-flandrien possède aussi une pointe de vitesse tout à fait acceptable qu’il met au profit de son équipe en étant le poisson-pilote de ses leaders assez fréquemment.

Alors évidemment, il ne s’agit pas là de s’enflammer et de placer des espoirs démesurés dans un coureur encore très jeune. Mais le joyau américain est en progression constante depuis plusieurs années, et il serait incongru de faire comme si de rien n’était. Surtout que Phinney a encore le temps. On dit que les Monuments ne s’offrent qu’aux coureurs expérimentés, et l’Américain n’a que 23 ans. Tom Boonen et Cancellara, pour ne citer qu’eux, ont du attendre leur 25e anniversaire. Quant à Peter Sagan, supérieur à bon nombre de ses concurrents, il semble encore lui manquer un petit quelque choses sur les courses les plus prestigieuses. Comme la preuve qu’il ne suffit pas d’être le meilleur. Mais c’est certain, Phinney a un énorme potentiel. Un talent presque inné qu’il a su développer. Reste à bonifier le tout, et à ne pas s’égarer. Pas forcément le plus facile…

Alexis Midol


 

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