A Doha, tout miser sur un unique leader sera la stratégie de plusieurs nations, qui n’ont pas l’effectif pour faire autrement ou qui bénéficient d’un sprinteur tellement indiscutable que la répartition des rôles ne laisse pas de place à l’improvisation. Une option qui s’est souvent avérée payante ces dernières années, même chez des équipes peu représentées comme la Slovaquie, le Portugal ou la Norvège.

Peter Sagan / Slovaquie

Le champion du monde en titre a laissé planer le doute jusque très récemment. Ce n’est que ce mercredi qu’il a officialisé sa participation à la course mondiale de dimanche, en publiant sur Twitter une photo de lui montant dans un avion et un message évocateur : « Il est temps de s’envoler pour le Qatar. » Sans doute le Slovaque avait-il en tête depuis déjà un moment de défendre sa couronne à Doha, mais l’annoncer trop tôt lui aurait mis une pression pas forcément nécessaire. En assurant depuis l’Eneco Tour qu’il n’était sûr de rien, il a pu peaufiner son entraînement en toute tranquillité. Il lui reste désormais à rééditer son exploit de l’an dernier à Richmond. Sur un parcours où il sera bien plus compliqué de faire des différences, il sera pourtant tout aussi isolé, seulement accompagné de son frère Juraj et de Michel Kolar. Mais il a prouvé tout au long de la saison qu’il était un coureur à part. Capable, sur le papier, de réaliser le doublé, comme l’avait fait un Bettini mieux entouré que personne il y a bientôt dix ans.

Fernando Gaviria / Colombie

Il n’a que 22 ans et dispute sa première saison chez les professionnels. Pourtant, rien ne semble impossible pour lui. « Est-ce qu’il peut être champion du monde ? Pourquoi pas ! », nous assurait son coéquipier Tom Boonen à l’arrivée de Paris-Tours, dimanche. Gaviria venait de l’emporter sur ce que l’on présentait comme la grande répétition des Mondiaux, confirmant son entrée dans la cour des grands. « L’âge ne veut rien dire, poursuit Boonen. Ce qui compte c’est ce que tu as dans les jambes. Cette année, s’il n’était pas tombé dans le final, il aurait sans doute remporté Milan-Sanremo. C’est quelque chose de grand. » Alors le jeune colombien sera surveillé sur les routes qataries, fort de son nouveau statut. Mais il a su montrer cette saison que les attentes ne le tétanisaient pas. Le week-end dernier à Tours, l’équipe Etixx a roulé pour lui, et il ne s’est pas manqué. Il a même osé surprendre tout le peloton pour s’imposer avec un brin de panache. Et prendre rendez-vous, forcément.

Michael Matthews / Australie

Lui aura Caleb Ewan dans les pattes, un prodige qui à terme pourrait lui poser quelques soucis de leadership au sein de la sélection australienne. Mais en vue de la course de dimanche, Michael Matthews devrait parvenir à ne pas se faire marcher sur les pieds par un bizut des Mondiaux. Surtout que “MM” a déjà connu le sacre mondial chez les espoirs, avant de finir deuxième l’an dernier à Richmond. Il aime ce genre de rendez-vous, possède la polyvalence nécessaire pour jouer la gagne peu importe le scénario de course, et réalise sans doute la meilleure saison de sa carrière avec une première victoire d’étape sur le Tour de France. Pour les “Aussies”, qui n’ont décroché qu’une fois le titre mondial en individuel – grâce à Cadel Evans en 2009 -, il apparaît donc comme le leader naturel. Surtout qu’autour de lui, il disposera d’une armée de rouleurs et de sprinteurs à même de l’emmener jusqu’au sprint dans les meilleures conditions.

Mark Cavendish / Grande-Bretagne

Avec Sagan et dans une moindre mesure Boonen, il fait partie des prétendants au maillot irisé déjà sacrés par le passé. Au moment d’aborder une épreuve de cette dimension, dont le parcours ne correspond aux sprinteurs qu’une à deux fois par décennie, c’est forcément un avantage. La carrière du Cav’ ne changerait pas du tout au tout avec une victoire dimanche. Il est sans doute le seul dans ce cas. Mais quoi de plus normal, finalement, pour celui qui est sans doute le meilleur sprinteur de l’histoire ? Encore impérial sur le dernier Tour de France, Mark Cavendish n’a plus rien à prouver mais reste une valeur sûre. Alors les Britanniques n’ont même pas à se poser la question du leadership. Malgré les jeunes pousses qui arrivent, l’homme de Man reste le patron. Celui pour qui les huit autres rouleront pendant 250 kilomètres sans sourciller. En espérant le voir remporter le sprint, même s’il n’a plus levé les bras depuis le mois de juillet.

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