Barré dans l’équipe Astana par la présence de Vincenzo Nibali et Fabio Aru, Mikel Landa a pris la décision logique de quitter la formation kazakhe lors de l’intersaison. Arrivé chez Sky, qui l’a chouchouté dès l’hiver en lui attribuant une garde rapprochée, le Basque part à la conquête du Giro, un an après avoir terminé sur la troisième marche du podium. Il veut prendre sa revanche après une édition où intrinsèquement, celui qui devait être un banal lieutenant était régulièrement supérieur à son leader, et même en capacité de distancer Contador. Et si le vrai favori, c’était lui ?

Bien que les organisateurs aient décidé de ne pas empiler les difficultés, alors que le centième Tour d’Italie se profile pour 2017, le chiffre de six arrivées au sommet (avec un cronoscalata) doit plutôt être perçu comme un trompe-l’œil. Les étapes de montagne, comme bien souvent condensées en troisième semaine, seront très dures, et marquées par des enchaînements effrénés de difficultés, n’altérant absolument pas leur caractère majestueux. Mikel Landa, lui, a montré qu’il savait se débrouiller dans les deux cas, et même plus, exceller. Au mois de mai dernier, il s’était imposé deux jours d’affilée, d’abord au sommet de Madonna di Campiglio, au terme d’une ascension régulière et roulante, puis à l’Aprica, après avoir accroché la roue du maillot rose dans le très raide Mortirolo. L’Espagnol est donc un client quand les étapes se terminent au sommet, ce qu’il a une nouvelle fois démontré en début de saison, au Pays Basque ou au Trentin. Les autres sont prévenus.

Pour la course au classement général, deux étapes paraissent déterminantes sur le papier. La quatorzième, avec près de 5000 mètres de dénivelé et six ascensions, et l’avant-dernière, qui proposera trois montées de première catégorie à plus de 2000 mètres d’altitude, le tout en 132 kilomètres. Il faudra donc faire preuves de grandes qualités de récupération. Formé tel un vainqueur de grand tour en devenir, Mikel Landa pourrait convertir ses contretemps de février et mars, où il n’a pratiquement pas pu courir, en une fraîcheur décisive par rapport à Valverde, qui reste sur une campagne ardennaise de haut niveau, Nibali, ayant couru Tirreno « pour rien », et Zakarin, au four et au moulin depuis le lancement de la saison. Nairo Quintana avait bâti son succès de 2014 sur ces mêmes bases.

Formidable escaladeur, Mikel Landa a déjà fait ses preuves sur les grands tours, en équipier. Aux Pays-Bas, le coureur âgé de 26 ans se présentera au départ de son troisième Giro consécutif, tout en ayant disputé quatre fois le Tour d’Espagne. Aux côtés de ses compatriotes Sanchez, Anton, Nieve, et des transalpins de l’équipe Astana, il s’est toujours surpassé en troisième semaine pour amener son leader dans les moments clés. Lauréat de l’étape andorrane à mi-épreuve à la fin de l’été dernier, il avait été un élément incontournable du succès de Fabio Aru, renversant la table à la veille de l’arrivée de la dernière Vuelta. Encore mieux, lors des dernières étapes du Tour d’Italie 2015, en compagnie de l’infatigable Hesjedal, il est le seul à avoir constamment grappillé des secondes au “Pistolero”. Peu désavantagé par un contre-la-montre vallonné, et un cronoscalata répondant à ses attentes, Landa sera dans son jardin. Pur produit de la maison Euskaltel, c’est bel et bien en Italie qu’il a franchi plusieurs paliers. L’heure du couronnement est peut-être toute proche.

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