D’un côté, Stéphane Javalet, manager de HP BTP – Auber 93 : « L’objectif, c’est d’arriver à garder ses meilleurs coureurs. » De l’autre, Michel Gros, un des agents les plus influents du peloton français : « Le principal souci, c’est d’arriver à les sortir de là… » Le marché des transferts est une période compliquée à gérer pour les équipes continentales. Entre volonté de garder ses meilleurs éléments et ambition personnelle, elles doivent se construire dans l’ombre des grandes manœuvres du peloton international.

Garder ses pépites…

« Notre premier credo, ça reste la formation. On permet à nos jeunes de disputer de belles courses, de réaliser leurs rêves. Forcément, c’est parfois frustrant de les voir partir », résume Daniel Verbrackel, manager de Roubaix-Lille Métropole. Troisième du Championnat de France à Saint-Omer, Jérémy Leveau découvrira la Continentale Pro avec Delko Marseille Provence-KTM. A 22 ans, Jérémy Lecroq, troisième du Tour des Flandres Espoir, roulera lui pour Vital-Concept, la nouvelle équipe de Jérôme Pineau. Voir partir ses meilleurs éléments semble inévitable pour ces formations françaises de troisième échelon.

L’exception vient de l’Ile-de-France. Très sollicité, le prometteur Damien Touzé (8e du Tro Bro Leon, 8e du GP de Denain, 8e de Paris-Camembert) a décidé de rempiler avec l’équipe de Stéphane Javalet. « A 21 ans, rien ne pressait. Il a encore des choses à apprendre, d’autant qu’il aura un statut de leader avec nous, chose qu’il n’aurait pas forcément eu ailleurs », justifie le manager de HP BTP – Auber 93. Pourtant, la tentation d’aller voir plus haut est grande pour ces jeunes coureurs. « En terme de salaire, on peut aller jusqu’à 10 000 euros à l’année de différence entre une continentale et une équipe supérieure », avance Michel Gros. Les contrats y sont aussi plus longs (ils dépassent rarement les douze mois en troisième division) et la pression du résultat moins importante. « A quelques exceptions près, on considère que si un coureur fait plus de deux ans en Continental, c’est qu’il pourra difficilement aller plus haut », ajoute Gros.

… et en trouver de nouvelles

Face aux nombreuses sollicitations pour ses meilleurs coureurs, les équipes continentales doivent donc anticiper. « Notre mercato à nous, il a commencé dès les Championnats de France (fin juin) puisqu’on a signé les deux champions de France amateurs », explique Stépahne Javalet, qui espère passer en Continental Pro en 2019. « Inévitablement, c’est une période qu’on est obligé de préparer. On regarde les résultats amateur, on fait jouer le bouche à oreille, on sonde nos directeurs sportifs… », précise Daniel Verbrackel. Quitte parfois à se retrouver avec des deuxièmes voire des troisièmes choix. Pour garantir de nouvelles ressources, la création d’indemnités de formation (qu’on retrouve par exemple dans le football) avait été un temps évoquée. Sans concrétisation pour le moment. Daniel Verbrackel ne rêve pas. « Le système actuel arrange bien les grosses équipes. Le faire évoluer, ce serait la révolution. »

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