Même si à l’arrivée, les championnats du Monde de cyclisme récompensent par la médaille d’or le plus costaud du jour, le titre arc-en-ciel se gagne bien souvent par équipe. Tom Boonen en 2005, Alessandro Ballan en 2008, Philippe Gilbert en 2012, et Michal Kwiatkowski l’an passé, l’ont suffisamment démontré : une équipe complète aux avant-postes pour contrôler le scénario facilite grandement les choses. Alors, à trois jours de la course en ligne de Richmond, quelles sélections nationales paraissent les mieux armées ? En voici sept qui ne seront pas à sous-estimer.

– Le Danemark

Les hommes de l’équipe du Danemark sont en forme, et comptent bien le prouver sur un tracé qui semble convenir à leurs qualités communes, la force et l’audace. Matti Breschel est abonné au rendez-vous du mois de septembre, et collectionne depuis quelques années les tops 10 sur cette course prestigieuse. Troisième à Varèse, deuxième à Geelong, quatrième à Ponferrada, le coureur de l’équipe Tinkoff disputera le Mondial avec son jeune coéquipier bourré de talent, Michael Valgren. Autre élément important, Rasmus Guldhammer, quatrième du dernier Tour de Grande-Bretagne, alors que personne ne l’attendait à ce niveau. Des rouleurs comme Bak et Morkov assureront au collectif une polyvalence certaine, et une organisation complémentaire. Les coureurs du Nord ont le vent en poupe.

– L’Espagne

Ces dernières années, l’équipe espagnole faisait plutôt figure de favorite outrancière de tous les bookmakers. À Ponferrada, chez elle, mais également à Florence, la sélection de Javier Minguez possédait plusieurs coureurs au profil similaire, celui de pur puncheur. Mais, en dépit de ce surnombre assez impressionnant, l’or ne leur est plus jamais revenu depuis le troisième sacre d’Oscar Freire en 2004. La faute à deux champions, Valverde et Rodriguez, qui se sont trop souvent marché sur les pieds quand l’occasion semblait imparable. Une fois de plus, ce sont ces fringants trentenaires qui repartiront au combat sur le circuit atypique de Richmond, mais sans réelles certitudes à la vue de son profil. Certes, Valverde peut réaliser l’exploit, et mener un pays entier sur la route du titre. Mais comment se démènera t-il sans attendre ce qui pourrait ressembler à un sprint en petit comité dans ce circuit vallonné, mais pas trop, et en partie pavé ? De plus, rajoutons que les tensions sont à leurs comble entre son clan Movistar et celui de Joaquim Rodriguez, chez Katusha, après la Vuelta. Si les jambes répondent présent, Juan José Lobato pourrait aussi faire consensus dans le dernier tour.

– Les États-Unis

La “Team USA” sera accueillie en grande pompe par le public de Virginie, qui attend avec impatience la grande messe du dimanche. Mais il faut tout de même relativiser, et se dire que l’équipe américaine est loin d’être favorite sur “ses” Mondiaux. Pour espérer un résultat significatif à l’arrivée, il faudra miser sur un sprint en petit comité, ou sur une course de mouvement dans laquelle Taylor Phinney ou Brent Bookwalter, très à l’aise cet été, trouveraient l’inspiration nécessaire. On se souvient que certaines organisations des championnats du Monde avaient privilégié de manière plus ou moins discrète leurs meilleures chances nationales par un parcours plus ou moins clément. Cela ne semble pas avoir été le cas outre-Atlantique, et tant mieux. Il reste toutefois, côté américain, l’énigme Tyler Farrar…

– La Pologne

Il était bien évidemment impensable de ne pas citer la sélection comportant le champion du monde en titre. Michal Kwiatkowski, vainqueur de fort belle manière en Espagne l’automne dernier, aura cela dit du mal à rééditer son coup de maître. Vainqueur de l’Amstel Gold Race, sur le podium de Paris-Nice, il est tout simplement en train de passer à côté de sa deuxième moitié de saison. Invisible sur le Tour, il n’a signé que deux tops 15 sur les classiques canadiennes comme résultats probants depuis le printemps. On se souvient du formidable état d’esprit de la sélection polonaise il y a douze mois, qui avait pris les choses en main à la surprise générale loin de l’arrivée pour faciliter la tâche à son champion. Sur le parcours de Richmond, Kwiatkowski devrait à nouveau être le leader unique. On imagine mal Rafal Majka jouer sa carte personnelle, et désavantage de taille, ils ne seront que six au départ, contre neuf l’an passé. Maciej Paterski sera la doublure du champion sortant.

– Le Portugal

Rui Costa avait ramené au grand bonheur des Lusitaniens le maillot irisé à la maison, il y a deux années de cela. À Florence, pourtant pas verni par la hiérarchie numérique des sélections nationales, il avait fait parler son intelligence pour faire déjouer les machines italiennes et espagnoles. Une nouvelle fois, ils ne seront que trois portugais au départ de la course en ligne. Mais trois hommes affûtés. Costa, après un Tour raté, a retrouvé des jambes à Montréal, tandis que Nelson Oliveira a crevé l’écran sur la Vuelta, tout comme José Gonçalves, omniprésent dans les échappées et les finals d’étapes. Sur un malentendu, tout reste possible, et la dynamique qui est leur devrait les pousser encore un peu plus.

– La République Tchèque

Au rang des potentielles surprises, la République Tchèque mérite d’être représentée. Beaucoup ont dit que les enchaînements de ces courtes bosses raides et des portions pavées pourraient favoriser les profils flandriens au sein du peloton. Un scénario de course qui irait à ravir à cet autre pays d’Europe Centrale, fort de la présence de Zdenek Stybar en son sein. Le Tchèque fait partie des meilleurs coureurs d’un jour, et possède l’avantage de pouvoir l’emporter dans tous les types de configurations. Attaque décisive, sprint gagnant, il sera aidé dans sa tâche par l’expérimenté Roman Kreuziger, au talent reconnu sur les classiques, mais aussi par l’infatigable Jan Barta, et le remarqué Petr Vakoc. Leur but premier sera de bien faire, mais viser haut ne serait en rien un péché d’orgueil.

– La Slovaquie

Enfin, la Slovaquie de Peter Sagan reste incontournable, même si ce dernier représentera quasiment à lui tout seul les espoirs d’une nation. Son frère ne lui sera plus d’une aide précieuse dès que le rythme s’accélérera, tandis que le sprinteur Kolar n’a jamais couru sur une distance aussi longue. Tout le problème des stars mondiales, défendant les couleurs d’un modeste pays au vivier cycliste encore faible pour épauler un leader de cette envergure. Capable de décevoir, tout comme de surprendre, Peter Sagan devrait être fidèle à sa réputation d’imprévisible, et ne peut être mis sur la touche pour des simples raisons collectives. Il guettera l’ouverture en cas de sprint dans ce dernier kilomètre en faux-plat, dans les rues de Richmond.

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