Il s’était loupé hier, terminant septième du sprint à Gênes. Mais ce lundi, à Sestri Levante, Michael Matthews a mis tout le monde d’accord. Maillot rose sur le dos, il est allé chercher un premier succès d’étape sur ce Giro. De quoi nous rappeler l’édition précédente, ou bien la dernière Vuelta, où l’Australien avait déjà connu pareilles joies.

La « spéciale Orica »

L’équipe Orica-GreenEdge qui remporte le chrono par équipes de première semaine, c’est en train de devenir une constance sur les grands tours. Sur le Tour 2013 puis sur le Giro 2014, l’équipe australienne avait en effet connu le succès collectif, offrant à chaque fois le maillot de leader à l’un de ses coureurs. Mais plus original, à chaque fois, ce même paletot, qu’il soit jaune ou rose, passe d’épaules en épaules, comme pour faire profiter un peu tout le monde. Sur la Grande Boucle, Gerrans avait par exemple volontairement laissé son coéquipier Daryl Impey s’emparer du maillot de leader, lui permettant de devenir le premier Africain à le porter. Sur le Giro, Tuft l’an passé et Gerrans – encore – cette année ont opéré de la même façon, avec un peu plus de logique puisque c’est Matthews qui, les deux fois, s’est emparé du maillot rose.

Un partage du leadership qui reflète parfaitement l’esprit d’équipe des hommes de Shayne Bannan, incarné par le leader Simon Gerrans, qui préfère parler d’une « bande d’amis » que de simples coéquipiers. Sur la Vuelta, le schéma ne s’est pas encore présenté, mais ça n’a pas empêché ce même Matthews, au bénéfice des bonifications et d’une victoire d’étape, de porter le maillot rouge durant quelques jours à la fin de l’été dernier. De ce fait, le garçon s’est au fil des années imposé comme le sprinteur maison chez Orica, après deux premières saisons moins fructueuses chez Rabobank. Avec sa boucle d’oreille, ses piercings et sa gueule d’adolescent, l’ancien champion du monde espoirs est arrivé à ses fins. Il compte désormais vingt succès chez les pros, dont cinq sur les grands tours, des épreuves qu’il n’a au passage jamais traversé sans décrocher au moins un bouquet.

Tout pour Matthews

Le final d’étape de ce lundi a ainsi démontré toute la confiance qu’accorde l’équipe Orica à son sprinteur. Alors que Simon Clarke était le plus rapide d’un groupe de quatre susceptible d’aller au bout, il a cessé de collaborer pour se mettre au service de Matthews. Un rôle éphémère d’équipier qu’il accepte sans broncher, au même titre que l’exemplaire Gerrans, et qui a permis de mettre sur orbite le sprinteur de 24 ans. Presque facilement, il a démarré son sprint à 150 mètres de la ligne, et levé les bras avec le maillot rose sur les épaules. Tout ce dont il rêvait au départ de l’étape. « On ne peut rien demander de plus », confiait-il ainsi après avoir remercié tous ses coéquipiers dans la zone d’arrivée et enfilé ses différents maillots distinctifs. Sourire jusqu’aux oreilles, le Matthews insouciant des débuts a laissé place à un Matthews plein de maîtrise mais toujours aussi joyeux.

Aujourd’hui, il se prend même à espérer conserver son maillot rose quelques jours, comme l’an passé lorsqu’il l’avait porté presque une semaine. Si vers La Spieza ce mardi, cela ne devrait pas poser de problème, l’arrivée au sommet d’Abetone mercredi devrait en toute logique permettre à un autre coureur de s’approprier le paletot de leader. Pourtant, après sa victoire au sprint, l’Australien se montrait d’une confiance rare à Sestri Levante, conscient qu’après mercredi suivront deux étapes à sa convenance : « Je suis en grande forme. Ce qui peut m’arrêter ? Rien j’espère. Je grimpe et sprinte très bien. » Des mots qui sonnent comme le symbole d’un coureur à la marge de progression encore inconnue. A la frontière entre sprinteur et puncheur, Matthews est surtout un gagnant plein d’ambition.

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