Beaucoup d’observateurs doutaient d’un nouveau titre de Tony Martin face à la forme flamboyante d’un Cancellara affichée sur la Vuelta, la fraîcheur d’un Wiggins ayant fait de ce contre-la-montre son objectif majeur. Mais l’Allemand à fait taire les sceptiques, pour de bon. Le meilleur sur l’exercice chronométré, c’est lui !

Des écarts impressionnants et deux déceptions

Sur la ligne d’arrivée, Martin a relégué Bradley Wiggins à 46 secondes, et Fabian Cancellara à 48. Impressionnant ! On aurait pourtant pu croire à un duel plus serré après le premier point intermédiaire, où le Suisse enregistrait 0’’36 d’avance sur le double tenant du titre. Mais visiblement, Spartacus était parti beaucoup trop fort et a payé cette débauche d’énergie dans le final. L’Allemand a une fois de plus été ultra-dominateur. Avec la puissance et le style qu’on lui connaît, il n’à laissé que les miettes à ses rivaux. Il décroche ainsi son troisième titre consécutif dans la discipline, égalant la performance de Michael Rogers (titré en 2003, 2004 et 2005). On attendait pourtant beaucoup plus de Fabian Cancellara avant le départ.

Preuve en est, les bookmakers avaient du mal à se décider entre le Suisse et l’Allemand. Il faut dire que le Bernois avait frappé lors de la  la Vuelta, sur un chrono certes plus vallonné, mais qui montrait bien qu’il était en forme. Faisant illusion sur les premiers kilomètres, il a finalement craqué sur la fin. Alors, assistons-nous à son crépuscule sur l’exercice ? Difficile à dire, mais force est d’admettre que Tony Martin lui est désormais définitivement supérieur. Autre déception, Taylor Phinney. L’an dernier, le jeune américain ne s’inclinait que pour trois secondes sur le parcours de Valkenburg. On pouvait donc légitimement le considérer comme un rival très sérieux cette année. Mais il n’aura jamais réellement inquiété les cadors, terminant à 2’08’’. Bien loin des médailles, ce qui rappelle à l’Américain qu’il a du travail avant de pouvoir titiller Martin.

Pas de miracle pour Wiggins, le record pour Tony ?

Pratiquement invisible cette année, l’homme de l’année 2012 avait prévenu, ce titre mondial du contre-la-montre était son dernier objectif sur route. S’il est monté en puissance tout au long du parcours, pour finalement devancer Cancellara de deux secondes sur la ligne, il n’a jamais pu rivaliser avec le coureur d’OPQS. Mais après une saison difficile aussi bien sur le plan personnel que professionnel, on sent bien que Bradley Wiggins se contente largement de cette médaille d’argent. Malgré tout, sa volonté est intacte : il a affirmé vouloir revenir en 2014, pour le titre cette fois. Malheureusement, entre ses 33 ans et les 28 de Martin, on doute qu’il y ait encore concurrence longtemps.

Mais surtout, Tony Martin, aujourd’hui triple lauréat sur l’épreuve chronométrée, s’approche du record de Fabian Cancellara (quadruple vainqueur). Lui aussi sera donc très motivé l’an prochain, pour égaler le Suisse. Et ultérieurement, sans doute, le dépasser. Car on a de plus en plus de mal à lui trouver des rivaux. Plus les années passent, plus la concurrence doit rendre les armes. Le poids de l’âge se fait ressentir pour des Cancellara, Wiggins, Kiryienka ou Pinotti, et même si des Phinney ou Quaade (la révélation du jour) sont encore jeunes, ils sont encore loin du maître. Surtout qu’on le répète, l’Allemand n’a que 28 ans et encore de belles années devant lui. Contrairement à d’autres, le contre-la-montre est son unique objectif tout au long de la saison. Loin d’un Cancellara qui vise les classiques, lui en reste éloigné et ne se rend sur les courses par étapes que pour briller sur les chronos. Très objectivement, on peut donc affirmer que Martin vient de poser son sceau sur l’exercice chronométré, et pour longtemps.

Kévin Busschots

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.