La saison de Kittel a été désastreuse. Un seul bouquet décroché et une non-sélection pour le Tour de France, c’est à son sujet tout ce qu’il y a à retenir d’un exercice qui arrive à son terme. Pourtant, ça n’a pas vraiment fait tergiverser l’équipe Etixx-Quick Step au moment de sortir le chéquier pour rapatrier et tenter de remettre sur pied celui qui s’était imposé ces dernières années comme le meilleur sprinteur du monde.

La pression d’un transfert pas comme les autres

« Vous ne pouvez pas dire que je vais juste sauter dans les chaussures de Cavendish, a tenu à préciser Marcel Kittel après l’officialisation de sa signature chez Etixx-Quick Step. Il faut que j’apprenne à connaître les gens qui m’entourent, que l’on mette en place un plan. C’est un challenge. » Malgré tout, on a bien affaire, numériquement, à un remplacement. Le Britannique, arrivé chez Patrick Lefevere il y a trois saisons avec le statut de meilleur sprinteur du monde, a fait son temps et part désormais découvrir d’autres horizons. Kittel, l’homme qui a repris le flambeau malgré une saison 2015 très compliquée, arrive donc comme le successeur. La direction de la formation belge ne voulait pas avoir dans ses rangs un sprinteur qui pense davantage aux Jeux Olympiques sur piste qu’à la saison sur route. Avec l’Allemand, il n’y aura pas ce souci. Mais il va falloir le remettre d’aplomb, et même si l’armada qu’il aura autour de lui devrait le mettre en confiance, le reste a surtout de quoi lui faire porter sur ses seules épaules une pression considérable.

Encore sous contrat avec Giant jusqu’en 2017, Kittel n’était en effet pas disposé à changer de crèmerie dès cet hiver. Mais Etixx a racheté sa dernière année de contrat, la preuve d’un investissement dans lequel les Belges ont une totale confiance. Une telle situation est rarissime dans le cyclisme, avec comme précédents cas les seuls Cancellara et Cavendish, au détail près qu’ils avaient personnellement racheté leurs années de contrat pour pouvoir s’engager ailleurs. Lefevere, qui décrit sa nouvelle recrue comme « un des meilleurs sprinteurs de l’histoire », a au contraire fait sortir le chéquier à son équipe. Il veut monter une équipe autour de l’Allemand de 27 ans, qui voyait son importance diminuer au sein d’une équipe Giant de plus en plus axée sur les grands tours. Mais on a du mal à imaginer que ce soit la seule chose qui ait motivé le départ de Kittel. Même si le principal intéressé botte en touche à chaque fois que le sujet est évoqué, sa non-sélection sur le Tour de France a forcément joué un rôle, en dégradant ses relations avec sa direction.

L’obligation de se reprendre

Si pour Kittel, le choix de se rendre dans une formation qui pourra tout mettre en place autour de lui est d’une logique implacable, il n’était pas évident que Lefevere ferait des pieds et des mains pour signer le coureur allemand. A l’époque où il avait recruté Cavendish, le Britannique sortait d’une année de champion du monde, avec trois victoires sur la Grande Boucle malgré une équipe dévouée à Bradley Wiggins. Mais pour le natif d’Arnstadt, tout est différent. S’il a bien pris le pouvoir du sprint mondial en 2013 et 2014, Kittel a sombré en 2015. En juillet dernier, mis sur la touche par son équipe, il confiait être « dans la pire période de [sa] carrière ». Avec seulement 33 jours de courses cette année, trop souvent conclus par un abandon, l’octuple vainqueur d’étape sur le Tour n’a levé les bras qu’à une reprise, sur une étape du Tour de Pologne. On attendra bien évidemment beaucoup plus dès le mois de janvier, sous ses nouvelles couleurs. En ne sachant pas très bien où ce transfert exceptionnel mènera Marcel Kittel.

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