Avec un mondial qatari qui fera la part belle aux sprinteurs, tous les autres n’ont d’autres choix que de se concentrer uniquement sur le dernier grand rendez-vous à leur convenance, le Tour de Lombardie. Du moins pour les grimpeurs et spécialistes de grands tours qui ont poussé leur saison jusqu’à l’épreuve italienne, dont fait partie Romain Bardet. Avec Esteban Chaves, il est le seul à venir tenter de remporter celle qu’on a longtemps appelé la classique des feuilles mortes.

Un favori presque logique

Après avoir orienté sa saison sur le Tour de France, qu’il a terminé à une belle deuxième place, le natif de Brioude s’est fixé comme dernier objectif de l’année 2016 la classique lombarde. Un choix rendu plus évident puisqu’une coupure a été possible après son enchaînement Grande Boucle – Jeux Olympiques. Émoussé à Rio, il s’est accordé une bonne plage de repos afin de revenir au meilleur de sa forme. « J’ai bien coupé en août pour avoir plus de fraîcheur en fin de saison, chose que je n’ai jamais réussi à faire dans ma carrière », a déclaré le Français avant sa reprise début septembre au GP de Fourmies. Passé par les épreuves canadiennes de Québec et Montréal, une fois de plus à l’offensive et où une place d’honneur est à chaque fois venue ponctuer sa journée, le leader de l’équipe de Vincent Lavenu est revenu en forme samedi dernier en prenant la deuxième place du Tour d’Emilie. Neuvième mercredi de Milan-Turin, dernière épreuve de préparation au Tour de Lombardie, il a une fois de plus tenté sa chance dans la dernière ascension, par deux fois.

S’il n’a pas levé les bras sur ces semi-classiques italiennes réservées aux puncheurs-grimpeurs, ce n’est pas pour autant inquiétant. D’une part parce que le Tour de Lombardie offre un profil assez différent de celui de ses petites sœurs. L’arrivée n’est tout d’abord pas placée au sommet d’une courte bosse, effort convenant plus à un puncheur qu’au Français. L’épreuve est plus longue, 241 kilomètres, mais surtout cinq difficultés importantes s’enchaînent dans les cent dernières bornes qui mèneront le peloton à Bergame. Ce qui ne sera pas pour déplaire au tricolore. On se souvient de la victoire de Vincenzo Nibali l’an dernier et de la différence qu’il avait créé dans les descentes. Terrain de jeu où Bardet se sent à l’aise et qui lui avait permis de décrocher son premier podium sur le Tour en juillet dernier, sur l’étape de St-Gervais-Mont-Blanc. C’est peut-être pour cette raison qu’il apprécie le monument automnal. « J’aime le Tour de Lombardie. C’est une course légendaire qui me convient et dans laquelle j’espère m’illustrer », assure-t-il. L’absence du Requin de Messine, en plus de celle de Contador qui aurait lui aussi pu faire figure de favori, font d’autant plus augmenter les chances de l’Auvergnat. Même s’il n’a jamais réellement brillé sur les courses d’un jour au niveau World Tour.

Toujours à la recherche d’un podium sur les classiques

S’il a l’habitude de se montrer offensif sur les plus grandes classiques du calendrier, comme le rappellent ses fréquentes attaques sur les ardennaises, ses résultats ne sont cependant pas significatifs. Sur les 33 épreuves World Tour d’une journée qu’il a disputé, le dauphin de Chris Froome en juillet dernier n’a terminé que quatre fois dans les dix premiers, avec au mieux une place de cinquième sur le GP de Montréal en 2014. Et la Lombardie n’a jamais été pour lui une réussite. En trois participations (en 2012, 2014 et 2015), il n’a jamais fait mieux que 17e. Sa longue saison, entamée au mois de février, touchera donc à sa fin ce samedi après une année 2016 qui l’a vu passer un cap. « Quoi qu’il arrive, je suis satisfait d’être encore en mesure de jouer la victoire sur ces courses prestigieuses après une saison aussi longue et intense. Etre à l’avant de février à octobre est un motif de satisfaction. Cela confirme tous les progrès et le bien fondé du travail effectué depuis des mois. » La victoire reste son seul but mais une place d’honneur ne pourra pas être considérée comme un échec. Parce que sa saison est déjà réussie.

La course se déroulera sans immense favori et sans équipe capable de cadenasser la course. Un scénario offensif devrait donc plus aisément pouvoir se mettre en place qu’à l’accoutumée. L’envoi d’un équipier dès le départ, qui pourrait servir de relais dans une des ascensions qui viendra ponctuer la fin de journée est fort probable. Romain Bardet aura d’ailleurs une des formations les plus puissantes avec Pierre Latour, Jan Bakelants, Domenico Pozzovivo, Alexis Vuillermoz ou encore Mickaël Chérel. Reste que la liste des outsiders est, du coup, assez longue, et qu’il faudra avoir des yeux partout. En plus de jambes solides.

Nos Favoris

**** Romain Bardet, Esteban Chaves
*** Dan Martin, Miguel Angel Lopez, Alejandro Valverde, Julian Alaphilippe
** Fabio Aru, Adam et Simon Yates, Rigoberto Uran, Daniel Moreno, Rui Costa
* Warren Barguil, Tony Gallopin, Wouter Poels, Bauke Mollema, Philippe Gilbert

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