Il est un grimpeur revenu d’une terrible chute, et devenu en un an une référence lorsque la route s’élève. Sur la Vuelta 2015, Esteban Chaves avait impressionné tout le monde en rivalisant avec les meilleurs. Il a récidivé en mai dernier sur le Giro, et arrive au départ d’Orense en étant un peu plus qu’un outsider.

Personne ou presque n’attendait Chaves à la fin de l’été 2015, lorsqu’il est venu se glisser dans la bagarre pour la victoire finale sur une Vuelta pleine de surprises. Mais l’enfant de Bogota avait su retrouver ses meilleures sensations et même s’offrir le port du maillot rouge pendant six jours en première semaine. Après cet heureux intermède, il a petit à petit reculé, jusqu’à la septième place à deux jours de l’arrivée. Mais plein de ressources, Chaves avait réussi à arracher un top 5 au général à Madrid. Une performance inattendue mais qu’il a depuis largement confirmé en terminant dauphin de Vincenzo Nibali sur le dernier Tour d’Italie. Le Colombien était autrefois un petit grimpeur qui pouvait dynamiter quelques ascensions, le voilà désormais qui pèse sur les courses de trois semaines. Ça fait une grosse différence, et ce nouveau rôle semble très bien lui convenir.

En 2016, le leader d’Orica a moins couru que ceux qui seront vraisemblablement ses rivaux à partir de ce week-end. Le Giro était le premier grand objectif de sa saison, et il l’a préparé comme il se devait. Mais depuis, il s’est fait très discret. Entre la fin de la course rose et le départ de la Vuelta, Chaves n’aura ainsi disputé que l’épreuve olympique de Rio, près de sa Colombie natale où il a pris le temps de rentrer pendant cette longue coupure. Mais plus encore que ce repos salutaire, c’est le fait de ne pas avoir fait le Tour qui pourrait être le plus grand avantage du Sud-américain. Quintana et Froome, eux, ont disputé les trois semaines de juillet sous tension, alors que Contador a dû quitter l’épreuve meurtri dans sa chair. Plus habitués aux sommets, ces trois-là auront donc un réel déficit de fraîcheur par rapport à Chaves.

Steven Kruijswijk l’a bien aidé en mettant le nez dans le fossé dans l’étape de Risoul, à deux jours de l’arrivée à Milan. Mais finalement, le constat est sans appel : en montagne, lors du dernier Giro, Esteban Chaves était le plus costaud, même s’il n’a pas gagné – terminant à 52 secondes de Vincenzo Nibali après avoir perdu 1’35 sur l’Italien uniquement lors du contre-la-montre. En vue d’une Vuelta qui comptera dix arrivées au sommet et “seulement” 36 kilomètres d’effort solitaire, le Colombien a donc de quoi arborer son sourire si caractéristique. Si les grimpeurs qu’il aura à affronter ces trois prochaines semaines seront sans doute plus coriaces que ceux du mois de mai, il n’aura pas à rougir face à eux. Chaves n’est plus un outsider qui joue les accessits. Pour la première fois, il fait partie des favoris d’un grand tour.

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