Six, déjà. Marcel Kittel a déjà glané six bouquets sur la Grande Boucle, en un peu plus d’une participation. Sacré performance. Il y avait eu Mark Cavendish, archi-dominateur de 2008 à 2012. Désormais, il y a Kittel. L’Allemand est incontestablement le maître du sprint mondial.

La passation avec le Cav’

Le Britannique avait été le grand sprinteur des dernières éditions. De 2008 à 2012, sur cinq éditions, le natif de l’île de Man glane 23 étapes, soit presque cinq par édition. L’équipe HTC-Columbia est la référence et il enfile les succès comme des perles. Avant qu’en 2013, il ne se heurte à Kittel. Deux victoires pour l’Anglais, quatre pour l’Allemand, la passation de pouvoir a lieu. Ce n’est pas la première fois que le natif d’Arnstadt se rendait au départ de l’épreuve juillettiste, il y était déjà en 2012. Mais malade, il avait rapidement abandonné, et c’est en 2013 qu’il fut pour la première fois compétitif.  Et comme Cavendish en 2008 – lui aussi sur sa première participation -, il remporta quatre étapes. Simple coïncidence, sans aucun doute. Mais au moment d’observer les chiffres, cela rend encore plus significative l’avènement de Kittel au sommet du sprint mondial. Puissant comme personne, il n’a aucun concurrent au sein du peloton. Ni Cav’, ni les autres. De Greipel à Sagan en passant par Démare ou Kristoff, personne n’est en mesure de déborder le bolide de 26 ans.

Aujourd’hui, au-delà de ses grosses cuisses, Kittel est le sprinteur le plus puissant du peloton. Sur les sprints du Tour d’Italie, sa puissance dans la dernière ligne droite a été estimée à 1700-1800 watts, ce qui correspond au soulèvement d’un poids de 200 kilos environ à chaque coup de pédale. Cavendish est loin derrière. L’an dernier, à l’arrivée des Champs-Elysées, il confiait avoir vu son capteur de puissance durant le sprint. « J’étais à 1500 watts. Normalement quand je sprinte à 1500 watts, je gagne avec plusieurs longueurs d’avance. » Mais ce jour-là, le vainqueur s’appelait Kittel. Le monde du sprint a changé depuis quelques mois et l’explosion de la bombe allemande. Même sur la plus grande avenue du monde, que Cavendish avait semblé privatiser entre 2009 et 2012, le sprinteur de l’équipe Argos-Shimano de l’époque avait mis fin à l’hégémonie de l’ancien champion du monde.

Un train qui le rend invulnérable

Avant que sa puissance ne lui permette d’être tout bonnement imbattable dans les derniers hectomètres – comme l’a montré sa victoire ce lundi, où lâché en tête de la meute, il n’a jamais été mis en danger -, c’est son train qui fait la différence. Sur cette Grande Boucle où la formation Giant a tout misé sur lui, écartant Warren Barguil pour ne favoriser que son sprinteur, il possède huit équipiers. De Cheng Ji et Roy Curvers les roule-toujours à John Degenkolb l’équipier de grand luxe, personne n’est exempté de travail au sein de la formation néerlandaise. C’est ce qui permet une nouvelle fois  à Kittel de surdominer les sprints. S’il sera très difficile – pour ne pas dire impossible – de décrocher le maillot vert à cause de la présence d’un Peter Sagan toujours placé, enchaîner les victoires pourrait rapidement faire de Kittel l’un des sprinteurs les plus prolifiques de la grande messe hexagonale.

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