Depuis des mois, on ne fait qu’en parler. Mais dans quelques jours, sur le Tour Down Under, Andy et Frank Schleck seront bien coéquipiers, pour la première fois depuis l’été 2012. Le cadet attendait peut-être autant ce moment que son frère, qui n’a pu que s’entraîner depuis plus d’un an et demi. Alors, en même temps que Frank, retrouvera-t-on le véritable Andy ?

Finalement meilleurs en famille

Rappelez-vous il y a quelques années, lorsque sur la Grande Boucle, les observateurs se bousculaient pour affirmer que la présence de Frank empêchait Andy d’aller chercher la victoire, trop occupé par la position de son frère. Quand en juillet 2011, Andy termine deuxième à Paris, et Frank troisième, on commence à se dire que la victoire est plus que jouable si le triple maillot blanc de l’épreuve se lâche enfin, sans toujours vérifier que ses attaques ne font pas trop mal à son frangin. Ce ne fut pas le cas, loin de là… Tout a commencé sur le Dauphiné, en juin 2012. Après un début de saison cauchemardesque, où il ne termine qu’une fois dans le top 30 d’une épreuve, le Luxembourgeois chute. Sur le moment, rien de grave se dit-on, mais finalement, cela lui vaudra un forfait pour le Tour. Frank ira donc seul sur les routes juillettistes défendre l’honneur de la fratrie. Un contrôle positif à l’éphédrine et une descente de gendarmes à l’hôtel Radioshack plus tard, les Schleck devienne une proie facile. L’un a inexplicablement perdu son niveau et l’autre ne court plus. Le Luxembourg a perdu ses deux champions.

Alors même si l’on se dit que c’est passager, la saison 2013 d’Andy nous prouve que non. Si l’on a par moment entrevu du mieux, avec une vingtième place finale sur le centième Tour de France, on est encore loin d’avoir retrouvé le gamin qui tenait tête à Alberto Contador sur le Tourmalet en 2010, où qui portait le maillot jaune à deux jours de l’arrivée en 2011. La pression médiatique est presqu’aussi forte qu’auparavant, mais les jambes de l’ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège ne répondent plus. Et puis cette performance ne fait pas oublier une saison marquée par les abandons en série d’Andy, 11 au total sur l’ensemble de l’exercice, et les rumeurs d’alcoolisme. Alors évidemment, il est difficile d’évaluer l’importance de Frank à ses côtés, mais clairement, la cadet est plus à l’aise lorsqu’il est accompagné. De cinq ans plus vieux, l’aîné de la fratrie parvient à canaliser et motiver son frère lorsqu’il le faut, et Andy, de son propre aveu, en a besoin : « Cela me rassure beaucoup et me rend très confiant. » A l’aube d’une nouvelle saison qu’il qualifie de « nouveau départ », celui qui a sûrement le plus a prouvé se montre donc modeste, mais fait état de sa détermination. « On a connu des moments intenses, puis malheureusement, des moments beaucoup moins heureux. Et tous les deux (avec Frank, ndlr), on va commencer une nouvelle carrière. Cela nous motive énormément. »

Modestes, mais ambitieux

Ces dernières semaines, les interviews des deux frangins se sont multipliées dans les différents médias internationaux, mais partout, le son de cloche a été le même. Les Schleck veulent avant tout regoûter aux joies de rouler ensemble en course. « Tout le monde me demande : le Tour de France, les classiques, tu seras devant ? Franchement, comment pourrais-je être sûr aujourd’hui de remonter sur les podiums ? Moi, je veux juste reprendre du plaisir. Ce sera déjà très bien », confie un Andy qui reste sur ses gardes. Sans doute sait-il que lui n’a pas vraiment d’excuse pour les deux saisons blanches qu’il vient de connaître. Se montrer trop ambitieux pourrait être mal perçu, et de toute façon, cela n’a jamais correspondu au personnage. Cependant, Frank y est allé plus franchement. « On rêve toujours des classiques et du Tour. Pourquoi pas gagner Liège ? J’y crois. C’est une course qui me fait rêver. Le jour où je n’y crois plus, ce sera le moment d’arrêter. » Le Luxembourgeois est en effet très motivé, et s’il ne veut pas parler de revanche, estime avoir subi une injustice qui le pousse encore plus pour revenir au top. « Je veux montrer que je ne suis pas fini », affirme-t-il.

Après s’être entraîné durant toute la période de sa suspension, on imagine bien que Frank va revenir en forme. Et il pourrait amener Andy dans son sillage, en lui redonnant confiance. La fratrie a disparu des résultats depuis près de deux ans, mais à 33 et 28 ans, les deux frangins, équipiers depuis toujours, sont loin d’avoir dit leur dernier mot. Le podium du Tour 2011 paraît certes très loin, mais rien ne dit qu’ils ne referont pas le coup. Andy n’a pas hésité, il y a quelques temps, a parlé de Christopher Froome. Il n’en n’a pas peur, le Britannique n’a monté l’ascension vers Ax-3-Domaines qu’en sept secondes de moins que lui en 2010. Mais Andy est-il réellement capable de retrouver ce niveau d’il y a trois ans et demi ? Il y a fort à parier que même lui n’a aucune certitude à ce sujet ; mais la motivation est de retour grâce à son frère, et le talent ne peut pas s’être perdu aussi subitement. Avec quelques kilos en moins pour le plus jeune et un bon début de saison, qui sait ce que peuvent réaliser les frangins en juillet prochain, sur les routes de la Grande Boucle. La victoire semble inatteignable ? Frank réplique : « On a envie de gagner le Tour, on rêve de le gagner. » Rendez-vous est pris.

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