Le parcours du Tour de France 2014 comportera une étape un peu particulière : la cinquième, entre Ypres et Arenberg. Les coureurs devront franchir neuf secteurs pavés qui font déjà frémir tous les leaders. Chutes ou problèmes techniques peuvent faire perdre le Tour à certains après seulement quelques jours de course…

Méfiance, méfiance…

Ces pavés, cela faisait déjà quelques jours qu’on en entendait parler, et honnêtement, les coureurs comme les observateurs s’y attendaient un peu. Mais l’officialisation a confirmé les craintes de certains, même si ceux que l’on considère déjà comme principaux favoris du 101e Tour de France restent prudents dans leurs analyses. Froome affirme que « les pavés rendront la course plus intéressante », alors que Quintana confie qu’il faudra une très bonne équipe autour de soi pour minimiser les risques. Comme ça avait été le cas pour les frères Schleck en 2010, lorsque Fabian Cancellara avait servit de lièvre et permis à Andy de reprendre quelques secondes à tous ses rivaux. Mais avoir un tel équipier ne fait pas tout. Jens Voigt n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler à tous que Fränk Schleck n’avait pas eu la chance de son frère, et s’était fracturé la clavicule en tombant sur un secteur pavé. « Ça va être spectaculaire, mais stressant pour nous ! », glisse l’Allemand.

Dave Brailsford, manager de Chris Froome chez Sky, a également refusé de montrer sa méfiance dans un premier temps. « Les pavés, c’est une étape à préparer comme les autres », a confirmé le Britannique, avant d’ajouter que « ce n’est pas dangereux. » Romain Bardet, premier français de la dernière édition de la Grande Boucle, lui, ne se cache pas. « Sur 15 kilomètres, pour les non-initiés, il va forcément y avoir des dégâts. Quatre ou cinq kilomètres, deux-trois secteurs, avec un peu de chance ça se passe bien, mais sur 15 kilomètres les spécialistes vont pouvoir vraiment faire la différence. » Pour le grimpeur d’AG2R La Mondiale, il y aura donc deux courses en une : « les spécialistes des classiques voudront gagner l’étape et les protagonistes du général essaieront de perdre le moins de temps possible. » Comme en 2010, encore une fois, où seuls Schleck, Hesjedal et Evans étaient parvenus à suivre les spécialistes Cancellara, Hushovd et Thomas.

Comment appréhender les pavés ?

C’est la question que chaque équipe se pose. Romain Bardet, lui, espère juste qu’il n’aura pas « à faire un stage dans le Nord. » Le Français juge plutôt que « ce sera une question de placement. » Pour Jens Voigt en revanche, c’est davantage dans la tête que ça se joue. « Il faut montrer une certaine agressivité, de l’énergie et de la volonté. » En sachant malgré tout que la malchance peut frapper n’importe qui n’importe quand. Du coup, certains veulent tout faire pour maîtriser les éléments. A commencer par les Sky, bien sûr ! Lorsqu’on lui parle d’un voyage de Froome sur les classiques pour apprivoiser les pavés, Brailsford ne dit pas non. « On regardera la meilleure façon de se préparer. Mais une classique d’un jour comme Paris-Roubaix, ce n’est pas comme une étape de grand tour, il faut faire attention. Malgré tout, c’est clair que plus on est habitué aux pavés, mieux c’est. » Et le Boss de la structure anglaise de conclure, au sujet de Froome sur l’Enfer du Nord : « ce n’est pas impossible. »

Evidemment, Sky n’est pas la seule équipe à y penser. Si l’on imagine mal les Contador et Quintana sur les pavés, les Kazakhs d’Astana pourraient bien y envoyer Vincenzo Nibali. Giuseppe Martinelli, manager d’Astana, a écarté l’hypothèse d’une participation de l’Italien à Paris-Roubaix, « une course trop éloigné des caractéristiques de Vincenzo », a-t-il jugé. « Mais ça vaut peut-être le coup d’aller sur le Tour des Flandres », a poursuivi Martinelli. « Vincenzo doit comprendre comment on court sur ces routes, comment on les affronte. » Du coup, en avril prochain, on pourrait voir les favoris du Tour sur les flandriennes. Et si les deux cadors, Froome et Nibali, s’y aventurent, ils seront sans aucun doute suivis. Car on l’a vu ces deux dernières années, pour gagner le Tour, les Sky avaient tout préparé et savaient exactement comment se dérouleraient la course. Pour les battre, à n’en pas douter, il faudra être au moins aussi méticuleux, et saisir la moindre opportunité pour prendre de l’avance. D’où l’importance de cette cinquième étape…

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