Le geste déplacé de Peter Sagan sur le podium du Tour des Flandres soulève par extension une deuxième problématique : au-delà de l’aspect machiste et délictuel de l’action du Slovaque, il est temps de se questionner sur le maintien des hôtesses sur le final des courses cyclistes. Cette tradition issue des temps anciens perdure malgré l’évolution des mœurs.

Sagan, récidiviste…

« Mon intention sur le podium aujourd’hui n’était pas de manquer de respect aux femmes. C’était juste une blague, je m’excuse auprès de ceux qui seraient choqués. »

La défense maladroite de Sagan face au scandale qu’a provoqué son pincement prouve bien une chose : il n’a aucune conscience de la portée de ses actes. Le sportif bourré d’hormones, immature, pense que tout lui est permis. On le tente, il désire, il obtient. Les réactions en marge de cette affaire sont diverses et variées. Certains s’amusent de l’action de Sagan, d’autres le condamnent volontiers. La direction organisatrice du Tour des Flandres elle, a préféré en rire, signe que les mentalités machistes ont la dent dure dans le milieu. Un milieu qui partage la responsabilité de la faute commise, mais tente d’écarter le problème en dédouanant son champion qui pourtant n’en est pas à son premier coup d’essai…

Déjà égratigné par Fabian Cancellara pour son attitude jugée arrogante au sein du peloton, Sagan multiplie les controverses et ne semble pas retenir les leçons de ses erreurs passées. L’an dernier sur le Tour de France, il avait signé un autographe sur la poitrine d’une jeune femme qui n’avait pourtant rien demandé. S’il ne souhaite pas devenir, toutes proportions gardées, le dom juan, Sagan ferait bien de calmer ses ardeurs licencieuses qui pourraient nuire à sa carrière en plein essor.

Mais les hôtesses, alors ?

Cependant, si le geste du champion n’est pas si facilement excusable, il permet de mettre sur la table un problème qui perdure. En affichant ces demoiselles sur les podiums, dans un seul but décoratif, le cyclisme ne fait qu’entretenir le cliché qui fait de lui un sport « de beaufs » ; à l’image de ces courses automobiles où des potiches en tenues légères se pavanent dans l’unique but de satisfaire la testostérone du téléspectateur bedonnant, reluquant les courbes aguichantes de ces femmes-objets. En pinçant les fesses de cette hôtesse, Sagan a franchi la barrière qui sépare les désirs profonds et enfouis du spectateur et la réalité d’un attouchement sexuel manifeste. L’objet censé être touché avec les yeux est désormais devenu malléable et accessible à la guise du premier libidineux venu !

De quoi remettre en cause la présence de ces jolies jeunes filles sur les podiums. Car même si cette tradition a permis à Christophe Moreau ou George Hincapie de trouver leur âme sœur, elle n’est plus véritablement d’actualité. Dans une société où l’égalité entre hommes et femmes occupe une bonne part des débats sociaux, voir ces hôtesses embrasser chaque jour des hommes qu’elles ne connaissent absolument pas n’est pas un bon moyen de les valoriser. Femmes-objets par excellence, elles ont sans aucun doute un atout à apporter aux différents sponsors présents sur le Tour de France. Mais les organisateurs ont-ils vraiment besoin de les faire monter sur ces podiums en fin d’épreuve ? La question reste en suspend…

Louis Rivas


 

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