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Ledanois, pressé de réussir

Sûr de lui mais profondément modeste, talentueux et incroyablement ambitieux, Kevin Ledanois est un champion du monde espoir pas comme les autres. À Richmond, il avait prédit sa victoire avant même de prendre le départ de la course en ligne. Chez un garçon de 22 ans, une telle ambition pourrait donc passer pour de la prétention. Mais il l'assure, ça n'a rien à voir. Il a juste envie d'avancer rapidement. Il est pressé de réussir.

25 novembre 2015 par Robin Watt  
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Photo : Mathilde L'Azou

« J’y repense chaque jour, on ne peut pas oublier », nous assure Kevin Ledanois en se remémorant le 25 septembre dernier. Ce jour-là, à Richmond en Virginie, il est devenu champion du monde espoir. Depuis, le maillot arc-en-ciel est encadré dans sa chambre. Mais ce titre n’est pas une surprise. Ni pour lui, ni pour son entourage.

À seulement 22 ans, Kevin Ledanois avait annoncé la couleur avant même le départ de la course. « Il avait dit dans les médias qu’il allait gagner, et la veille il m’a appelé pour me redire “Papa, je vais être champion du monde” », raconte son père Yvon, ancien coureur professionnel et aujourd’hui directeur sportif chez BMC.

« Je l’ai toujours connu comme ça, témoigne Marc Fournier, son coéquipier en équipe de France et ancien partenaire à Nogent-sur-Oise. Dès le rassemblement des Bleus dans le Doubs, quinze jours avant l’épreuve, Ledanois fait le show (et le chaud). Il fait comprendre qu’il est confiant et déterminé comme jamais. « Or je sais que quand il annonce comme ça, c’est qu’il est en grande forme », relève Fournier.

Au moment de poser le pied sur le sol américain, le Vendéen n’avait donc aucune raison de se cacher. « J’arrive à dire à l’avance que je vais marcher et avoir un résultat. Alors si la chance est présente avec moi le Jour J, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas », lâche le principal intéressé. Le plus fou reste qu’il a réalisé sa prophétie.

« Quand il a commencé à pleuvoir à cinq kilomètres de l’arrivée, on s’est regardés avec Anthony Turgis. C’était le moment ou jamais. »

Kevin Ledanois

Protégé au sein de l’équipe de France, il attend les derniers kilomètres pour bouger. Le circuit est compliqué, il ne veut pas faire la même erreur qu’un an plus tôt à Ponferrada. Sur les routes espagnoles, il avait été trop gourmand, et en partant de trop loin, il avait grillé ses chances de victoire alors qu’il était persuadé d’avoir les jambes. À Richmond, la stratégie est donc claire.

« J’avais prévu d’attendre la flamme rouge et le pied de la dernière bosse pour attaquer », détaille Ledanois. Tout était préparé, limpide, calculé. Oui mais voilà, la pluie a changé la donne. « Quand ça a commencé à tomber, à cinq kilomètres de l’arrivée, on s’est regardés avec Anthony (Turgis, l’autre leader des Bleus, qui terminera troisième de l’épreuve, ndlr). C’était le moment ou jamais. On avait anticipé et presque espéré cette situation, en dégonflant nos boyaux au maximum. »

Le Français accélère, il est alors dans la première des trois difficultés du parcours. Turgis fait en sorte de laisser un trou, et l’Italien Martinelli, s’il fait illusion quelques secondes, ne peut pas suivre. Il reste moins de quatre bornes, et Kevin Ledanois, 22 balais seulement, est face à son destin. « J’ai revu la course au moins vingt fois en vidéo, sourit-il. La première fois, je n’y ai pas cru, je me suis dit que j’étais fou. Si ce n’était pas moi et que je regardais une autre course, je me dirais que ça ne sert à rien, que le gars va se faire reprendre. »

Sauf que lui résiste. Au sommet de l’avant-dernière bosse, là-même où Peter Sagan a attaqué pour remporter la course élite, Ledanois possède quatre secondes d’avance sur le deuxième, et à peine dix sur le peloton. Et l’écart va se creuser. Quelques minutes plus tard, à 700 mètres de la ligne d’arrivée, soit juste après l’ultime difficulté, il compte dix secondes sur son premier poursuivant et quinze sur le peloton. « J’ai essayé d’aller le plus loin possible en danseuse. Je me suis assis au milieu de la bosse, puis j’ai relancé en haut », raconte-t-il.

Au courage, il parcourt les derniers hectomètres sans trop réaliser ce qui se passe. Avec 50 mètres de plus, il aurait peut-être perdu. Mais finalement, pour moins d’une seconde, c’est lui qui lève les bras. « Quand je passe la ligne, j’ai le sentiment du devoir accompli. Mais j’ai l’impression d’avoir gagné une course comme les autres. Ce n’est que quand je vois les kinés de l’équipe de France en larmes que je réalise ce que j’ai fait », se souvient le Francilien de naissance.

Ne pas douter, surtout de soi

Photo : Mathilde L'Azou

L’assurance du gamin a payé. Il l’avait dit, il l’a fait. « Aujourd’hui quand je relis les interviews et que je revois la course, je me dis que j’ai eu chaud. Si j’avais terminé deuxième, j’aurais eu l’air con », concède-t-il. Mais c’est sa nature. Sûr de lui, pendant la course, il avait refusé que son coéquipier Fabien Grellier le remonte en tête de peloton à un tour et demi de l’arrivée : ce n’était tout simplement pas le bon moment. « Il lui a dit “Tu me remonteras au prochain tour, parce que c’est là que je vais attaquer pour être champion du monde” », raconte Yvon Ledanois. Déroutant.

« J’avais l’impression de voir un gamin prétentieux, il était persuadé que c’était acquis. »

Yvon Ledanois, père de Kevin

Mais le caractère a de quoi séduire. « Je préfère un coureur qui annonce la couleur et qui se rate qu’un autre qui ne dit rien et qui n’est pas sûr de lui », embraye Emmanuel Hubert, manager du phénomène chez Bretagne-Séché Environnement. D’autant que cette confiance en soi n’est pas synonyme de prétention, du moins pas chez Kevin Ledanois. « Le fait d’afficher mes ambitions peut paraître prétentieux, je me suis déjà fait la réflexion. Mais c’est tout le contraire, je n’aime pas me vanter et me mettre en avant », assure le coureur de Saint-Jean-de-Monts.

Une lucidité qui n’empêche pas les gentilles moqueries. « Parfois on en rigole entre potes. On se dit qu’il a du culot, confie Marc Fournier. Mais moi, je sais que Kevin ne se la pète pas du tout. C’est juste son ambition et sa détermination qui prennent de temps en temps le dessus. »

  1. Le déclic sur les courses d'un jour

    19 avril - 13 juillet 2014
    Photo – Elen Rius

    Liège-Bastogne-Liège espoirs en avril et les Championnats d’Europe U23 en juillet jouent le rôle de déclic pour Kevin Ledanois.

    Sur la “Doyenne”, il termine 11e et prouve sa valeur. Puis à Nyon, si tout se goupille mal avec une crevaison à un tour et demi de l’arrivée, le Vendéen est rassuré.

    “J’ai vu que je n’étais pas dépassé par le rythme. Grâce à ces deux courses, j’ai pris conscience que chez les espoirs, j’avais le niveau mondial.”

    Kevin Ledanois
  2. Goûter au monde professionnel

    1 août 2014
    Photo – Morgane Bezannier

    Alors qu’il n’est à Nogent-sur-Oise que depuis quelques mois, Kevin Ledanois devient stagiaire chez Bretagne-Séché Environnement. A 21 ans, il s’apprête à découvrir le monde professionnel.

  3. Premiers pas et premiers exploits

    14 - 18 août 2014
    Photo – Jean-François Quénet

    Kevin Ledanois débute sous ses nouvelles couleurs à l’occasion de l’Arctic Race of Norway. Dès la première étape, il réalise qu’il a les qualités pour jouer quelque chose au général. Au terme des quatre jours, il se classera sixième.

    “Yvon, qu’est-ce qu’il marche ton fils !”

    Thor Hushovd à son directeur sportif Yvon Ledanois
  4. Le premier bouquet, déjà

    13 septembre 2014
    Photo – BNJ

    Sur le Tour du Jura, pour sa deuxième course avec Bretagne-Séché Environnement, Ledanois décroche en solitaire sa première victoire chez les professionnels.

  5. L'échec de Ponferrada

    26 septembre 2014
    Photo – Casey B. Gibson

    Pour ses premiers Mondiaux espoirs, Kevin Ledanois est déjà ambitieux. Mais sans doute un peu trop insouciant. Il attaque trop loin de l’arrivée et grille ses chances de victoire.

    “Il s’en est énormément voulu, car il pensait avoir les jambes pour gagner”

    Yvon Ledanois

    Un échec formateur qui lui permettra de revenir plus fort un an plus tard.

  6. La confiance de l'équipe

    19 février 2015
    Photo – Twitter Ledanois

    Sur le Trofeo Laigueglia, Kevin Ledanois profite pour la première fois de sa carrière de la confiance de toute son équipe.

    “Le parcours me convenait bien, avec une bosse pas loin de l’arrivée. Personne n’était vraiment protégé, celui qui était bien pouvait y aller.”

    Kevin Ledanois

    A 30 kilomètres du but, il sent toutefois qu’il n’a pas les jambes et prévient ses coéquipiers qu’il peut se mettre à la planche pour eux.

  7. Sacré World Tour

    23 mars - 12 avril 2015
    Photo – Stefczu

    C’est lors du Tour de Catalogne que Ledanois découvre le World Tour, et les difficultés qui vont avec. Au bout de quatre étapes, il est contraint d’abandonner. Quelques semaines plus tard, il court Paris-Roubaix, et une nouvelle fois, n’arrive pas au bout. L’élite du cyclisme mondial offre incontestablement quelque chose de particulier.

  8. Briller sur les épreuves de Coupe de France

    5 - 19 avril 2015
    Photo – Mathilde L’Azou

    Paris-Camembert, Tro Bro Leon. Deux tops 10 pour Kevin Ledanois, qui montre encore une fois que sur les courses d’un jour, il est à son aise.

    “J’aime beaucoup les épreuves de Coupe de France, où ça bouge énormément”

    Kevin Ledanois

    Et ça se voit.

  9. La consécration

    25 septembre 2015
    Photo – Belga

    Au terme de sa première saison complète chez les pros, Ledanois décroche ce qui lui avait échappé un an auparavant : le titre mondial chez les espoirs.

    « Il était très revanchard »

    Marc Fournier

    Sur le circuit de Richmond, méticuleux au possible, il ne laisse donc aucune chance à ses adversaires et s’en va chercher ce pour quoi il était venu.

« Je l’ai déjà mis en garde, assure son père. Mais il est comme ça depuis toujours. » Quand Ledanois, dans sa jeunesse, se met en tête de devenir professionnel, son père lui propose un deal. S’il réussit son BTS, il pourra prendre une année sabbatique pour tenter le coup. Une, mais pas deux. Il répond que ça lui suffira. «J’avais l’impression de voir un gamin prétentieux, il était persuadé que c’était acquis », soupire presque Yvon.

En arrivant à Nogent-sur-Oise, en vue de la saison 2014, Ledanois est donc fidèle à lui-même. Il n’y va pas par quatre chemins. Il prévient immédiatement Pascal Carlot, le directeur sportif, qu’il veut rester le moins longtemps possible dans le club de l’Oise. « Je venais pour marcher. Je souhaitais passer pro dès l’hiver suivant », se remémore-t-il.

Dès le mois d’août, il était stagiaire chez Bretagne-Séché, et à la fin de la saison, il signait son premier contrat pro. « Des coureurs qui annoncent de telles choses, que ce soit gagner une course ou passer pro, j’en ai connu assez peu dans ma carrière, témoigne Yvon Ledanois. Mais ceux qui le font, et qui en plus réussissent, ça devient des leaders. On ne peut pas freiner ces coureurs-là, et même si on essaie, le naturel revient au galop. C’est dans leurs gênes. » Fournier abonde : « Pour faire ça, il faut être très fort physiquement, mais aussi mentalement. Pour moi, c’est la marque d’un champion. »

Méticuleux et la tête sur les épaules

Photo : Mathilde L'Azou

Ledanois cultive cette philosophie bien à lui, entre plaisirs et perfectionnisme. « Il est courageux, note Hubert sans hésiter. Il n’a pas peur de faire 250 kilomètres, et je crois que c’est une des bases du vélo. Je dirais qu’il est aussi pugnace. » Son père, sans doute beaucoup plus exigeant, se montre nuancé : « Décrocher ce titre mondial aussi tôt, c’est je pense ce qui pouvait lui arriver de mieux car ça va le booster. Il aime se fixer des objectifs, mais parfois il a aussi besoin de recevoir des coups de pied au cul pour avancer. Pour l’instant, c’est encore un jeune, qui profite de la vie. Il fait le minimum et obtient le maximum. »

À côté de ça, le garçon est méticuleux, aime les choses carrées, et accorde beaucoup d’importance aux apparences. « Il me fait penser à Marc Madiot, avec qui j’ai couru, continue Yvon Ledanois. Il prend autant soin de sa tenue de cycliste que de ses vêtements de tous les jours. Il n’ira jamais rouler avec des affaires à peine propres, il faut que tout soit parfait. » Pas de quoi en faire un homme ennuyeux dans la vie. Kevin Ledanois est presque un fêtard. Qui respire la joie de vivre.

D’ailleurs, sur ce point, le World Tour qu’il espère connaître un jour lui fait un peu peur. « Plus le niveau augmente, moins c’est facile de se faire de vrais amis, et c’est un peu triste. Je ne supporterai pas ça pendant dix ans, j’ai besoin d’être proche des gens avec qui je passe beaucoup de temps. Si c’est pour faire la gueule toute la journée, autant aller à l’usine », assure-t-il. Il parle volontiers d’une bande de potes lorsqu’il évoque son équipe actuelle, Bretagne-Séché Environnement. Mais ses meilleurs amis d’aujourd’hui, il les a connu chez les amateurs. Quand il était possible de relâcher la pression autant que de s’entraîner.

« Parfois, on a l’impression qu’il suffit de le questionner pour savoir quelle carrière il va faire.»

Yvon Ledanois, père de Kevin

Il n’empêche que lui veut rester simple, malgré ce titre mondial qui va donner un nouveau tournant à sa carrière. « Ce qui m’est arrivé ne m’a pas changé, mes amis restent les mêmes, et quand je sors je ne suis pas différent d’avant. C’est le regard des gens qui a changé », avance celui qui roule désormais avec son maillot arc-en-ciel à l’entraînement. Davantage reconnu et respecté, il a été particulièrement marqué par un épisode, à la dernière présentation du Tour de France. « À cette occasion, j’ai salué tous les coureurs, dont Mark Cavendish, se remémore-t-il. Et je pense qu’il a mis un nom sur mon visage. »

Le sprinteur britannique avait tweeté après les Mondiaux espoirs, témoignant du plaisir qu’il avait pris en regardant la course. « C’est super gratifiant de savoir qu’un garçon comme lui me reconnaît et sait qui je suis », savoure Ledanois sans se prendre pour un autre. Son environnement, avec l’expérience de son père et une équipe proche de ses coureurs, l’empêche de se voir plus beau qu’il ne l’est.

Pourtant, avant de passer professionnel, il ne s’imaginait pas véritablement chez Bretagne-Séché Environnement. « Quand on est jeune, on veut être dans la meilleure équipe possible. Si il y a deux ans, on m’avait demandé de choisir entre Bretagne ou Movistar, j’aurais tout de suite signé pour la deuxième option », concède-t-il. Sauf qu’il n’a en réalité pas eu le choix. Emmanuel Hubert était le seul à lui offrir un contrat. Et aujourd’hui, il ne regrette pas.

L’équipe bretonne est l’endroit parfait pour faire ses gammes sur des courses qui lui conviennent. « J’ai toujours eu l’ambition de faire partie des meilleurs mondiaux, mais ma jeunesse aurait pu me faire brûler les étapes », reconnait Ledanois un peu plus d’un an après sa première course chez les grands. Tout était de toute façon planifié depuis le fameux deal avec son père, à la sortie du BTS. « Parfois, on a l’impression qu’il suffit de le questionner pour savoir quelle carrière il va faire », confirme Yvon.

Encore tant à explorer

Photo : Mathilde L'Azou

« Dans trois ou quatre ans, j’espère simplement que je pourrais être leader d’une équipe sur les courses qui me conviendront », assure pour le moment Ledanois. Mais encore faudrait-il savoir s’il est davantage fait pour les classiques ou pour les courses par étapes. Jusqu’à aujourd’hui, c’est en tout cas sur les courses d’un jour qu’il a brillé : quatrième de Paris-Camembert, neuvième du Tro Bro Leon et dixième des Jeux Européens en plus de son titre mondial, il semble fait pour ça.

« Kevin est un coureur de championnats, que j’imagine aussi briguer de belles classiques comme les ardennaises », lâche Marc Fournier sans hésiter. Emmanuel Hubert pense également qu’il est pour le moment plus facile pour son protégé de performer en se fixant sur des courses d’un jour. En revanche, Ledanois lui-même voit les choses différemment. « Personnellement, je me vois davantage sur les courses par étapes. Je sais que je récupère bien, et dans quelques années, si j’apprends à bien gérer mes efforts, je pourrais faire la différence. » Son père Yvon le rejoint sur ce point : « Grimper ne lui posera pas de problème, il pèse 62 kg lorsqu’il est à son poids de forme. »

Quoi qu’il en soit, ces hypothèses balaient d’un revers de main la possibilité de voir Ledanois rester un équipier. « Il sait faire le travail pour les autres, et il sait qu’il faut débuter par ça, avance Yvon Ledanois. Mais il ne veut pas tirer des bouts droits toute sa carrière. À un moment, il attendra que les autres roulent pour lui. » À 22 ans, le champion du monde espoir est de son côté un peu moins revendicatif. Pour le moment en tout cas. « Si je devais n’être qu’un gregario, je serais déçu au début. Mais je m’adapterais, je suis quelqu’un de généreux. Si le leader assure derrière, qu’on a confiance en lui, c’est tout aussi motivant. » Le tricolore est de toute façon passé par là lors de ses premières années chez les espoirs, lorsqu’il fallait travailler pour des coureurs en passe de devenir professionnels.

« Il a une marge de progression énorme. Dans quelques années, on peut imaginer qu’il sera dans les 5 ou 10 meilleurs coureurs français.»

Yvon Ledanois, père de Kevin

En revanche, il y a un point qui ne fait pas débat : le caractère offensif du garçon. C’est d’ailleurs ce qui lui avait porté préjudice à Ponferrada. Attendre le dernier tour et les cinq derniers kilomètres, très peu pour lui. Même s’il apprend, petit à petit, que chez les pros, il faut savoir prendre son mal en patience. « Ça l’a parfois empêché de jouer la victoire, mais il doit persévérer, rester offensif, s’emballe Marc Fournier. Pour gagner une course, il ne faut pas avoir peur de la perdre. Kevin a cet état d’esprit, et il doit s’en servir. » Cela s’inscrit dans la philosophie du garçon, toujours enclin à prendre ses responsabilités.

À Richmond, il était un leader autant qu’un capitaine de route, et il n’a pas hésité à replacer ses coéquipiers. Avant d’attaquer. C’est sur cet aspect offensif qu’il se détache au passage de son idole, Alejandro Valverde. Car sur le reste, du gabarit à la volonté de marcher toute la saison, l’élève a de beaux points communs avec le maître. « C’est lui qui, en plus de mon père, m’a donné envie de faire du vélo », confie le principal intéressé-t-il. La comparaison a donc de quoi le flatter.

Mais avant de pouvoir se targuer d’avoir la même carrière que l’Espagnol, Ledanois savoure. En attendant la reprise. Il y a deux ans, lorsqu’il n’avait encore jamais couru avec l’équipe de France, il était loin d’imaginer qu’il porterait aujourd’hui un maillot arc-en-ciel. « Je me voyais davantage courir dans l’ombre, progresser petit à petit. Mais absolument pas à être mis en avant avec un tel titre. » Le déclic est intervenu lors de Liège-Bastogne-Liège espoirs, en 2014. Onzième à l’arrivée, le Vendéen a réellement pris conscience de son potentiel. « Et encore, il a une marge de progression énorme. Dans quelques années, on peut imaginer qu’il sera dans les cinq ou dix meilleurs coureurs français », assure son père.

En vue de 2016, Ledanois a déjà envoyé son programme de course à Emmanuel Hubert. Il y a coché le Tour de France. Rien ne dit qu’il y sera, mais une fois de plus, c’est une preuve de son insatiable ambition. « Je sais que je serai attendu, mais ça ne me fait pas peur », assure-t-il. Ses objectifs sont très clairs : il veut continuer à prouver sa valeur, et se donner l’opportunité de rapidement découvrir le World Tour. En revanche, qu’on ne lui demande pas de confirmer, car avec l’assurance qui le caractérise, il est catégorique. « Vous voulez que je confirme quoi ? Je suis déjà champion du monde. »

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