Cantonnée à un rôle de formation au vivier italien, l’équipe Bardiani, dirigée depuis de nombreuses années par la famille Reverberi, a livré une très belle copie en 2014, en exportant ses talents en dehors des frontières de la Botte. Outre un Giro en apothéose pour cette petite structure, les invitations furent nombreuses sur le World Tour, avec un effectif 100% “Made in Italy” ayant répondu présent. Et «heureusement», ils vont pouvoir encore profiter de leurs révélations internes l’an prochain, offrant treize victoires et de multiples accessits à la “Green Team”.

Quatre raisons d’être satisfaits

Sonny Colbrelli s’est découvert. On savait que ce jeune transalpin avait des qualités de sprinteur complet, entrevues en 2013, mais il n’avait encore jamais levé les bras. C’est chose faite en 2014, après six premiers mois très prometteurs mais frustrants pour le coureur de 24 ans. Placé à Bessèges, au Tour Méd, sur toutes les classiques préparatoires à Milan-Sanremo, il s’est même fait remarquer sur son premier Monument en se classant sixième, au terme d’une journée éprouvante. Il eut donc fallu attendre le Tour de Slovénie pour le voir décrocher sa première victoire professionnelle. Après ? Un Colbrelli décomplexé, mettant la balle au fond. Tour des Appenins, Mémorial Marco Pantani, Grand Prix de Prato et la difficile Coppa Sabatini, le voilà auteur de cinq succès, qui ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Davide Cassani l’a sélectionné au Mondial de Ponferrada, et pour sa première participation, il prit la treizième place finale, soit le meilleur résultat de l’équipe d’Italie. En prolongeant chez Bardiani, il devrait porter sa formation tout au long de la saison prochaine.

Le Tour d’Italie magistral. Le mot est peut être exagéré, mais pour une petite structure qu’est Bardiani, on ne pouvait vraiment pas mieux faire, hormis un maillot distinctif si l’on est pointilleux. Trois victoires d’étapes, au culot, dont le triomphe d’Enrico Battaglin au terme d’un suspens haletant, en haut du Sanctuaire d’Oropa. La veille, le fidèle Marco Canola s’était adjugé le plus beau succès de sa carrière, tandis que Stefano Pirazzi se vengeait de ses errances passées sur une dix-septième étape pour baroudeurs. Un chiffre qui aurait pu être encore plus pesant, si le malheureux Bongiorno n’avait pas été victime d’un excès d’enthousiasme de la part d’un tifoso dans le Monte Zoncolan, mais clairement, le billet est déjà pratiquement validé pour le prochain mois de mai.

La pépite Ruffoni. À seulement 23 ans, Nicola Ruffoni peut déjà se targuer d’avoir battu Mark Cavendish pour sa première saison professionnelle ! C’était sur le Tour du Poitou-Charentes, et le garçon a indéniablement du potentiel sur des sprints purs. Très véloce, explosif et adepte des risques, le plus dur sera de confirmer dès les premières courses de l’année à venir, mais sa deuxième moitié de saison laisse augurer les meilleures choses… Les départs de Modolo et Pasqualon ont été comblés dans le domaine du sprint.

Les coups d’éclat signés Edoardo Zardini. Ce grimpeur de 25 ans a franchi un palier en 2014, après des débuts assez timides. Vainqueur en solitaire de la première étape du Tour du Trentin, il s’est également signalé sur le Giro dans quelques échappées. Son profil reste encore à déterminer de façon claire, mais ses possibilités ne sont pas si limitées sur les courses d’une semaine, comme en témoigne son Tour de Grande-Bretagne. Audacieux, il joua crânement sa chance, en gagnant l’étape du Mont Tumble, avant de redescendre dans la hiérarchie, la faute en partie à l’effort solitaire. Quel rendement en 2015 ?

Deux raisons d’être déçus

On attendait un peu plus d’Enrico Battaglin. Neveu de l’illustre Giovanni Battaglin, Enrico est depuis longtemps catalogué comme un chasseur de classiques en devenir. Néanmoins, force est de constater que le natif de Marostica stagne depuis deux années. Certes, il y a ces deux bouquets conquis sur sa course de cœur, à savoir le Giro, mais c’est bien l’arbre qui cache la forêt. En retrait sur toutes les classiques de la Coupe d’Italie, sa polyvalence pourrait lui jouer défaut, car capable de sprinter et grimper, que ce soit sur un terrain vallonné ou montagneux. Bon baroudeur saisissant ses chances, mais sans plus ?

La saison blanche de Stefano Locatelli. Autre espoir de la génération 89, Stefano Locatelli a été littéralement transparent. Invisible sur toutes les courses auquelles il a participé, il a même systématiquement jeté l’éponge à toutes les épreuves d’un jour du mois de septembre et d’octobre. Équipier modèle pour ses leaders sprinteurs/puncheurs ? Celui qui terminait dans le top 10 du Tour du Trentin l’an passé va devoir rebondir vite.

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