En six jours de course, Nacer Bouhanni aura connu beaucoup de péripéties sur le Tour, rarement heureuses - Photo ASO
En six jours de course, Nacer Bouhanni aura connu beaucoup de péripéties sur le Tour, rarement heureuses – Photo ASO

C’était la première fois qu’il prenait le départ de la Grande Boucle. Après six étapes, force est de constater que c’est un échec. Une chute, des blessures et un abandon après s’être battu jusqu’au bout, Nacer Bouhanni espérait évidemment autre chose de ce baptême du feu. Il n’aura pas eu le temps de connaître les joies de la grande messe de juillet.

Aucun sprint disputé

Lors de la première étape, Nacer Bouhanni n’avait pas connu de grosse mésaventure : juste la même que Cavendish, Greipel, Sagan et la majorité des sprinteurs. La chute à quelques kilomètres de l’arrivée l’avait empêché de disputer le sprint remporté par Marcel Kittel. Une première déception puisque le maillot jaune était en jeu. Un maillot auquel le Vosgien rêvait sans doute en secret malgré un statut d’outsider dans l’emballage final. Malheureusement, il ne sera pas pour lui, tout comme les étapes suivantes, où les quelques côtes et cols casse-pattes ne lui permettent toujours pas d’être dans le peloton pour disputer le sprint. L’ancien champion de France espérait donc enfin se montrer lors de l’arrivée à Marseille. Pour enfin se mesurer aux meilleurs, puisque sur la Canebière, tout le monde était là.

Oui mais voilà, encore une fois, rien ne s’est passé comme prévu. Victime de problèmes gastriques, Bouhanni a passé plusieurs dizaines de kilomètres à l’arrivée, au niveau de la voiture FDJ.fr, avant de se battre comme un beau diable dans le col de la Gineste, à un peu plus de dix kilomètres du but. On pensait le plus dur fait, mais comme toujours depuis le départ de Corse, le Lorrain a dû surmonter une épreuve supplémentaire, assez inattendue et dont il se serait bien passer. Une chute ravageuse dans le final, à seulement 300 mètres de la ligne. Etalé au milieu de la chaussée, Bouhanni a eu droit à Maxime Bouet lui roulant dessus involontairement, puis à un encastrement de coureurs en beauté. Après des radios, on n’annonçait aucun fracture, mais selon un communiqué de l’équipe au trèfle : « un traumatisme dorsal et une dermabrasion jambe gauche et épaule droite »…

Le calvaire jusqu’à l’abandon

Au départ ce matin, Nacer Bouhanni laissait donc son staff pantois. Alors qu’on se doutait déjà qu’il ne disputerait pas la victoire à Montpellier, on se demandait même s’il allait pouvoir rallier l’arrivée. Après quelques kilomètres, on a vu le Français reculer et concéder quelques longueurs au peloton. Le début d’un calvaire de plusieurs dizaines de kilomètres, aux côtés de la voiture de Franck Pineau. Bien loin des autres voitures d’équipes, à presque cinq minutes d’un peloton qui commençait à hausser le rythme. Les caméras braquées sur lui, on pouvait donc observer les difficultés du garçon de 22 ans, notamment dans le col de la Vayède. Après un long, trop long moment d’agonies, Bouhanni a abdiqué. Il a posé pied à terre et pris place à bord de la voiture de son directeur sportif. Une issue qui paraissait inéluctable depuis hier soir.

Pourtant, Pineau le disait quelques temps avant l’abandon de son protégé, Bouhanni voulait continuer. Mais le directeur sportif de l’équipe française confiait aussi que c’était « très compromis »… Pour sa première participation, le vainqueur d’étape sur le dernier Paris-Nice aura donc accumulé tous les malheurs possibles sans jamais pouvoir défendre ses chances et montrer ce qu’il valait face au gratin mondial de la discipline. Après moins d’une semaine de course, la formation de Marc Madiot se retrouve donc orpheline de son sprinteur, et devrait désormais tout miser sur l’autre homme fort de l’équipe, et tout aussi jeune : Thibaut Pinot. Pour Bouhanni, dont les résultats ont été un peu décevants depuis sa sortie du Giro, c’est donc le moment de récupérer d’un début de saison forcément fatiguant. Et de tout mettre en œuvre pour revenir l’année prochaine, avec des ambitions encore plus élevées.

Robin Watt


 

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