L’absence de Bryan Coquard sur le Tour a été le feuilleton du mois de juin. Elle a presque éclipsé le reste de l’équipe Direct Energie. Pourtant, l’effectif est riche et le Coq a été remplacé pour sprinter par son poisson pilote depuis deux ans, Adrien Petit. Mais pour être la flèche tricolore manquante après le départ d’Arnaud Démare, il lui faudra reprendre confiance.

Un nouveau statut

Adrien Petit a terminé cinquième lors du sprint chaotique de Vittel il y a une semaine. La meilleure performance de sa courte histoire avec le Tour. L’Arrageois court pour la troisième fois la Grande Boucle et il a déjà son fan club autour du paddock, casquette au nom de l’idole vissée sur les têtes. Sa sympathie est appréciée. Après trois années passées à accompagner ses sprinteurs, Nacer Bouhanni puis Bryan Coquard, dans les derniers hectomètres des étapes plates, Adrien Petit a enfilé le cuissard du leader. « Ça fait plaisir d’aller un peu titiller les meilleurs, ce que je n’avais pas forcément l’occasion de faire ces dernières années quand je devais m’écarter à 200 mètres de la ligne. C’est agréable d’être au plus proche dans l’emballage final », nous confie-t-il. Un rôle qu’il avait brièvement connu chez Cofidis durant ses premières années professionnelles. Depuis devenu un poisson pilote de qualité, il doit appréhender un nouveau statut hérité il y a moins d’un mois.

« C’est agréable d’être au plus proche dans l’emballage final. »

Adrien Petit

« Je suis d’abord là pour prendre des repères sur le sprint, retrouver ce statut de sprinteur que j’ai perdu depuis quelques années. Il faut du temps pour que les automatismes reviennent. » Son premier fait de gloire, sa médaille d’argent aux championnats du monde espoirs de 2011 après avoir parfaitement emmené Arnaud Démare, en a fait une référence des ultimes mètres de bataille. Le Français est un poisson-pilote né. La transition vers le finisseur qu’il doit être n’est donc pas aisée : « Avec Bryan, je savais exactement ce que je devais faire, où je devais produire mon effort. J’y allais sans angoisse, pour lui, je faisais juste mon boulot. » Un boulot qui lui convient peut-être mieux, d’après lui. « Je ne suis pas un pur sprinteur. Je sais aller vite, je sais faire des sprints longs mais je n’ai pas la giclette des purs sprinteurs. Je suis lucide par rapport à ça. Je ne me mets pas dans la même catégorie que Démare ou Bouhanni. »

Reprendre confiance

« Il ne lui manque qu’à mettre au fond un jour pour comprendre que le talent, il l’a. »

Jean-René Bernaudeau

C’est criant. Le plus gros problème d’Adrien Petit réside dans un manque étonnant de confiance en lui. « Je peux pas espérer des choses énormes. Faire comme à Vittel, c’est déjà bien. Un top 10, voire un top 5, c’est exceptionnel pour moi. Le Tour, c’est le gratin mondial. » Jean-René Bernaudeau travaille d’ailleurs à combler cette lacune grave pour un finisseur : «  Le haut niveau se joue sur la confiance. Je pense qu’il lui faut du temps pour en emmagasiner. » Du temps, le manager vendéen est prêt à lui en laisser. « Avec Adrien, c’est un travail de remise en confiance. C’est un très gros moteur, il a de vrais possibilités, assure-t-il. Il ne lui manque qu’à mettre au fond un jour pour comprendre que le talent, il l’a. »

Et le travail de sape commence à fonctionner sur le coureur. « Je reprends peu à peu confiance, reconnaît Petit. On fait des efforts et on verra, notamment quand Thomas Boudat sera de retour à 100 %. » Celui-ci a d’ailleurs sprinté à la place du Picard à Bergerac. Mais Bernaudeau en est sûr, « à la fin de l’année ce sera un autre homme. » Adrien Petit laisse alors la porte ouverte aux rêveries : « Une ouverture à 100 mètres de la ligne et ça peut passer, donc forcément on y pense… » Mais lorsque nous évoquons une possible victoire l’an prochain, une fois le plein de confiance fait, Petit redescend de son éphémère nuage. « Il faut oublier ça tout de suite, je vais essayer de faire des sprints propres mais mon statut reste le même. » L’absence de confiance, le mur d’Adrien.

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