Si les coureurs verts de l’équipe Europcar parcourent aujourd’hui les routes du Tour de France, c’est la suite d’une aventure incroyable qui ne date pas d’hier puisque les premiers traits de la formation française ont été tracés en Vendée, en 1991. Une rare abnégation et un amour du sport cycliste infaillible, telles sont les qualités qui ont permise à Jean-René Bernaudeau de diriger l’équipe depuis déjà 22 ans. Retour sur l’histoire des comparses de Thomas Voeckler.

De l’amateurisme au cyclisme professionnel

Pour évoquer les débuts de la formation française, il faut retourner au temps où le communisme pur et dur était encore à la mode. En 1991, Jean-René fonde l’équipe amateur Vendée U, qu’il fait évoluer en Nationale 1, ce qui correspond au meilleur niveau du cyclisme français hors-professionnel. Neuf ans plus tard, à l’entrée du deuxième millénaire, le patron franchit le pas et décide de se lancer dans le monde impitoyable du cyclisme professionnel grâce à l’aide financière des sociétés Bonjour (journal de petites annonces) et Toupargel (société de produits surgelés). Dès la première année, l’équipe vendéenne participe au Tour de France. Si les jeunes coureurs, emmenés notamment par le futur champion de France Sylvain Chavanel ne sont pas récompensés les premières années, qu’importe. L’aventure est en marche.

En 2001, le leader de la troupe, Didier Rous écrit les premières lignes du palmarès de l’équipe en remportant le championnat de France sur route et les Quatre Jours de Dunkerque. La formation de “JRB” se fait remarquer surtout sur les routes des courses françaises professionnelles à l’instar du Tour du Limousin ou du Circuit de la Sarthe. Mais la petite notoriété acquise sur le territoire national permet ensuite à la formation de Jean-René Bernaudeau de ne jamais louper le Tour de France. Depuis 2000 et sous toutes ses appellations, l’équipe vendéenne a donc toujours été au départ de la Grande Boucle.

La confirmation et la prise d’ampleur

Bonjour arrête son partenariat en 2003 et c’est Brioches la Boulangère qui reprend le flambeau du sponsoring de la formation vendéenne. C’est alors sportivement que l’équipe va obtenir un rayonnement international puisqu’en 2004, le jeune Thomas Voeckler porte le maillot jaune pendant 10 jours sur le Tour. L’Alsacien se montre également très combatif pour défendre son bien, ce qui offre à l’équipe une image sympathique qui peut compter sur le soutien du public à chaque course de l’Hexagone. Mais l’aventure devient vraiment extraordinaire quand Bouygues Télécom débloque un budget bien supérieur et permet à la troupe d’intégrer le plus grand échelon du cyclisme mondial, le Pro Tour. Avec leurs maillots bleu clairs, les protégés de Jean-René Bernaudeau lèvent les bras à trois reprises sur la Grande Boucle, par l’intermédiaire de Pierrick Fédrigo et de la nouvelle coqueluche du grand public, Thomas Voeckler, surnommé Ti-Blanc depuis son épopée de 2004.

Cependant en 2009, la crainte de la fin du parcours féérique de l’équipe française envahit les esprits car Bouygues annonce la fin de son partenariat et aucun repreneur ne pointe son nez. C’est le début d’un voyage houleux dans la course aux sponsors que Bernaudeau, le passionné, mènera à bien pour obtenir in extremis au mois d’octobre l’accord d’Europcar. L’équipe est rétrogradée en Continental Pro mais poursuit l’aventure. Paradoxalement, c’est après cette rétrogradation que la formation sera la plus rayonnante sur les compétitions majeures et notamment sur le Tour de France. Charteau, Rolland et bien évidemment Voeckler, tous brillent sur les routes de la Grande Boucle, et offrent une visibilité extraordinaire à leur sponsor.

Oui mais voilà, cette année encore, le doute a subsisté, Europcar refusant d’abord de prolonger le partenariat. La formation vendéenne a longtemps craint de vivre une situation similaire à celle de fin 2009. La faute en partie aux résultats. En effet, l’équipe ne s’est imposé cette saison que sur des courses continentales, à l’exception de la victoire de Gaudin sur le prologue de Paris-Nice. De surcroît, le début de Tour est très décevant pour l’équipe, la stratégie laissant à désirer, notamment en ce qui concerne l’utilisation incompréhensible du maillot blanc 2011, Pierre Rolland. Les prestations de la troupe de Jean-René Bernaudeau sont à l’image de celles des coureurs français en général, vraiment faibles. Mais finalement, tout se termine bien. La société de voitures de location a prolongé, pour deux ans, et l’aventure se poursuit, encore et toujours.

Pierre Martin

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