Aujourd’hui âgé de 30 ans, Alberto Contador est sans doute à un tournant de sa carrière. Il entre désormais dans l’âge mur, et le choix des courses auxquelles il participera conditionnera la texture que prendra son palmarès. Doit-il tout miser sur le Tour ? Ou bien tenter le pari de doubler avec le Giro ou la Vuelta ? Jusqu’à présent, sa ligne de conduite est claire : la Grande Boucle passe avant tout. C’est la course la plus prestigieuse qui soit, et un coureur de son rang se doit de s’y aligner. Qu’importe si son cœur penche vers l‘Italie et l’Espagne ; la raison (et les sponsors) lui indiquent la route du Tour du centenaire.

Doubler Giro-Tour, un fantasme ?

Privé d’une bonne partie de la saison 2012, “El Pistolero” avait du adapter son calendrier en conséquence. La densité exceptionnelle de son programme de course de fin d’année l’oblige à faire l’impasse sur la course rose en 2013. Un enchainement de trois grands tours en l’espace de quelques mois aurait un effet dévastateur sur l’état de forme du grimpeur castillan. On se rappelle du cas Sastre qui à force de vouloir concourir sur les trois tableaux, s’y était cassé les dents, accélérant son déclin de façon vertigineuse. Nul doute que Contador ne commettra pas la même erreur, il est même fort probable qu’une fois le Tour de France terminé, il stoppe sa saison de façon anticipée, à la manière d’un Lance Armstrong. Son programme de préparation classique mais chargé (San Luis, Oman, Tirreno, Critérium et Pays Basque) va dans ce sens.

Si on se projette plus loin dans le futur, il devient même improbable de revoir un jour Contador tenter ce fameux doublé légendaire, qui n’a plus été réalisé depuis Marco Pantani en 1998. L’année 2014 verra le retour de championnats du monde en Espagne, à Ponferrada, qui plus est sur un terrain montagneux. Une occasion en or qu’un grand champion ne peut pas se permettre de manquer, et qui l’obligera à s’aligner sur la Vuelta. Une opportunité pour lui de réaliser un inédit triplé Tour-Vuelta-Mondial, qui le ferait rentrer encore un peu plus dans la légende du cyclisme. Il sera ensuite certainement trop usé pour se lancer dans le défi immense que représente l’enchainement Giro-Tour, car lors de leurs doublés respectifs  Merckx (25 et 28), Hinault (28 et 31), Roche (28), Indurain (28 et 29) et Pantani (28) n’avaient jamais plus de 29 ans, à l’exception du Français en 1985.

Une dernière tentative ?

A-t-il manqué le coche ? Oui, car en ayant autant dominé les grands tours de son époque, on regrettera éternellement qu’il se soit cantonné à un seul grand tour pendant la période 2009-2010, celle où il semblait intouchable, accompagné d’une équipe Astana de très haut niveau. Sa fameuse chute lors de la 1ère étape du Tour de France 2011 aura réduite ses chances de réaliser ce doublé si prestigieux, au moins dans les faits. Mais cette année là, la rigueur extrême du Giro lui avait de toute manière ôtée toute possibilité de conserver suffisamment de fraîcheur le long des trois semaines tout aussi éreintantes du mois de juillet.

On remarquera enfin que les participations d’Alberto Contador aux deux autres grands tours sont à chaque fois des répercutions directes d’affaires de dopage qui lui collent à la peau. Le boycott d’Astana en 2008 l’obligea à s’aligner en Italie et en Espagne, puis la menace de suspension qui pesait sur lui au cours de l’année 2011 le força à participer à un maximum de courses dans le but d’engranger un maximum de succès avant sa probable sanction, comme l’avait fait Valverde avant lui. Une suspension avec effet rétroactif qui tombera finalement sur la période allant de janvier 2011 à aout 2012. Contador, qui dans l’affaire a perdu deux de ses grands tours, reviendra en pleine possession de ses moyens pour arracher la Vuelta des mains de Joaquim Rodriguez. La preuve que le talent de l’Espagnol est immense, ce qui laisse la porte ouverte à une tentative de doubler les deux épreuves. En revanche, ce ne sera possible que si la suite de sa carrière n’est plus perturbée par les problèmes de dopage. Au moment où s’ouvre le procès de l’affaire Puerto, rien n’est moins sur…

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