Sur le contre-la-montre de 60 kilomètres de ce samedi, Alberto Contador a fait de gros dégâts. Dans des conditions climatiques difficiles, il a récupéré le maillot rose qu’il avait lâché hier, et gagné énormément de temps sur ses adversaires. A un peu plus d’une semaine de la fin du Giro, l’Espagnol paraît intouchable.

Un chrono de folie

Incontestablement, les leaders n’ont pas bénéficié de conditions aussi favorables au moment de s’élancer que les coureurs partis quelques heures plus tôt. Vasil Kiryienka ne pensait sans doute pas qu’il remporterait ce chrono lorsqu’il a décroché le meilleur temps provisoire. Et pourtant. Face au vent et à la pluie, les cadors ont concédé énormément de temps sur le début du parcours, avant de plus ou moins limiter la casse sur la deuxième partie. Mais personne, à l’exception de Contador, n’a réellement fait vibrer Kiriyenka dans la zone d’arrivée. Et serein, le Biélorusse a vu l’Espagnol échouer à quatorze secondes de son chrono : de quoi rendre heureux les deux hommes. Car le Pistolero, s’il n’a pas remporté l’étape, a peut-être assuré sa future victoire sur ce Giro. Entre Trévise et Valdobbiadene, il a fait des écarts monstres : Uran lui a concédé 2’31, Aru 2’47 et Porte, à la surprise générale, 4’06.

Le leader de l’équipe Tinkoff a donc – très largement – repris son maillot rose. Aérien sur les quelques bosses du parcours, il a su gérer son effort et s’accommoder des conditions météorologiques, en surprenant tout le monde. Si le fait qu’il reprenne du temps sur Fabio Aru était prévisible, les écarts avec Richie Porte et Rigoberto Uran paraissent complètement improbables. L’Australien était censé profiter du contre-la-montre pour refaire une partie du retard accumulé cette semaine au gré des problèmes mécaniques, des pénalités et des chutes. Le Colombien, lui, devait se replacer en vue d’une troisième semaine durant laquelle il espère être enfin à 100 % physiquement. Il n’y aura donc rien eu de tout ça, puisqu’on a retrouvé un Contador impressionnant dans l’effort solitaire, qu’on avait l’impression d’avoir perdu depuis pas mal d’années. Entre l’état de grâce de l’Ibère et les faiblesses évidentes de ses concurrents, ce chrono livre donc des conclusions aussi impressionnantes qu’inattendues.

Astana à l’offensive, mais qui d’autre ?

Aru n’est pas venu sur ce Giro pour terminer deuxième : le podium, il l’a déjà connu l’année dernière. Non, l’Italien, supporté par tout un pays, ne vise que la victoire. Malgré ses presque deux minutes et demie de retard sur Contador, on imagine qu’il va attaquer partout où il en aura l’opportunité, comme il l’a fait jusqu’à maintenant. Aidé par Cataldo et Landa, jusqu’alors impériaux en montagne, on ne doute pas qu’il puisse mettre en place des stratégies surprenantes pour renverser un Tour d’Italie qui semble pour le moment lui échapper. Mais l’équipe Astana pourrait se heurter à un problème de nombre : même à trois contre un, il sera compliqué de faire craquer le Pistolero. Il faudra donc pour Aru espérer l’aide indirecte d’autres concurrents, eux aussi motivés à l’idée de ne laisser aucun répit à Contador, le laissant prendre à sa seule charge le poids de la course. Mais difficile de trouver qui d’autre qu’Aru serait capable de partir à l’abordage.

D’Amador à König, le podium est envisageable, et sera une performance plus que satisfaisante. Même pour Uran, compte tenu de sa forme actuelle. Alors il y aura sans doute des attaques dans les ultimes cols de cette troisième semaine gargantuesque, pour définir un classement général encore très indécis au-delà des deux premières places. Mais pour titiller Contador, il faudra sans doute compter sur le seul Aru. Sur un coup de maître, ça pourrait fonctionner, mais l’Espagnol a l’expérience pour ne pas se faire piéger. Finalement, après deux semaines où Contador et Aru se sont battus sans créer aucun écart, le chrono aura donc eu une importance encore plus prépondérante qu’on ne pouvait l’imaginer. Parce que même si on a tous envie de croire qu’il reste du suspense, il suffit de se rappeler du passif de Contador pour revenir à la raison. En étant aussi bien placé, jamais le Madrilène n’a craqué, et il n’y a pas de raison qu’il fasse exception au cours des prochains jours.

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