A 30 ans, Tony Martin a décidé de tenter l’aventure des classiques. Le rouleur de toujours, un temps obnubilé par les classements généraux, a un nouveau dada : les pavés. Mais pour le week-end d’ouverture, l’Allemand a goûté au bitume, sur le Het Nieuwsblad. « Première leçon difficile pour moi », écrivait-il ce samedi sur Twitter. Le début du sacré défi qu’il s’est lancé.

Une découverte récente

Les pavés ne sont pas tout nouveaux pour le quadruple champion du monde du contre-la-montre. Rappelez-vous le dernier Tour de France, quelques jours avant son abandon malheureux au Havre. Entre Seraing et Cambrai, Martin tient la cadence des spécialistes sur les sept secteurs pavés, et s’offre le luxe, dans les derniers kilomètres, d’aller chercher en solitaire une victoire d’étape et un premier maillot jaune sur la Grande Boucle. La première fois, peut-être, que le « Panzer » s’est dit qu’il avait un réel potentiel sur les pavés. Car jusque-là, il évitait soigneusement les classiques flandriennes, à l’exception d’une première saison chez les professionnels, en 2008, qui l’avait vu disputer dans l’anonymat le plus total quelques épreuves de second rang bourrées de secteurs pavés. Mais du coup, pour 2016, il a revu son programme, avec le Het Nieuwsblad et A Travers la Flandre pour découvrir les classiques du Nord dans la peau d’un prétendant à un résultat final.

« Si tout se passe bien, j’essaierai aussi d’être au départ de Gand-Wevelgem, du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, expliquait Martin avant de débuter sa saison. Je veux me tester, voir comment je m’en sors sur ce genre de courses. » Il faut dire qu’il a le profil pour réussir. Sa puissance et sa capacité à fournir un effort très intense sur une longue durée ont fait de lui la référence des dernières années en chrono. Suffisant pour convaincre Patrick Lefevere, il y a deux ans, que son poulain pouvait aussi briller sur les classiques. « Avec son gabarit, il est capable de faire de grands numéros sur les pavés. Mais pour ça, il faut que je parvienne à lui faire croire que c’est possible, confiait le manager d’Etixx à la Dernière Heure. La première fois que je lui en ai parlé, il était surpris… » Finalement, le principal intéressé a décidé de relever le défi. Et s’il parvient à assumer des courses de 250 kilomètres, alors il sera forcément un candidat redoutable. Un peu comme Fabian Cancellara, qui quelques années avant lui avait su transposer ses qualités de rouleur sur les pavés printaniers.

“Un nouveau Tony Martin”

« Cette campagne sera un test, et si les signaux sont bons, j’aimerais continuer dans cette voie », avance même l’Allemand. A croire que les victoires contre-la-montre ne lui suffisent plus : il veut connaître les succès les plus prestigieux qui soient, après y avoir pris goût notamment sur le Tour de France. Chez Etixx, Martin a la chance de pouvoir compter sur une équipe de vrais spécialistes. En une saison avec Boonen, Terpstra et les autres, il devrait apprendre beaucoup plus que n’importe qui d’autre. Alors si pour le moment il se veut modeste voire en retrait, assurant qu’il ne peut pas encore prétendre à gagner, sa marge de progression est grande et son évolution devrait être très rapide. Sa recherche de la perfection dans le chrono en fait aussi l’un des coureurs les plus perfectionnistes, et il avait par exemple reconnu comme personne le parcours du Het Nieuwsblad avant l’épreuve. Sa chute malheureuse à un peu plus de 35 kilomètres de l’arrivée ne doit donc être prise que comme une péripétie, rien d’autre. « C’est un nouveau Tony Martin », lâchait Wilfried Peeters en marge du week-end d’ouverture. Ça tombe bien : devenir le patron des flandriennes, le « Panzer » n’attend que ça.

 

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