Le début de ce Tour d’Espagne promettait d’être explosif, il l’a été. Au terme de quatre journées galiciennes escarpées, nerveuses et piégeuses, personne n’a gagné la Vuelta, mais certains l’ont déjà perdue. D’où l’exigence d’une première semaine de grand tour, qui ne laisse personne indifférent. Les premières tendances se dessinent tandis que les sprinteurs vont avoir enfin de quoi s’exprimer. Enfin sur le papier…

Déjà du ménage

Sur une épreuve de trois semaines possédant la somme affolante de onze arrivées au sommet, cols et bosses confondus, la moyenne par défaut d’une étape sur deux avec arrivée en altitude devait forcément donner des premières étapes pimentées. L’arrivée au Monte da Groba a mis en évidence la présence de bon nombre de favoris aux avants postes, mais ne fut que le début du cauchemar actuel pour l’équipe Euskaltel, perdant presque toutes ses illusions. Carlos Betancur a aussi été mis hors course pour la victoire, alors que Sergio Henao a déjà perdu plusieurs minutes. Pour le reste, les seconds couteaux se sont fait plaisir comme prévu, mais la tension palpable s’est faite ressentir. Ça frotte énormément, les équipes s’échangent des amabilités à coups de bordure, bref, cela va à cent à l’heure et le calme qui arrive est le bienvenu. Ironie du sort, le maillot rouge de leader semble être devenu persona non grata parmi les principaux protagonistes, dont Vincenzo Nibali, qui ne cache pas son envie de se séparer du poids de la course.

Un poids à gérer sur une course difficilement maîtrisable. La situation d’outsider n’ayant rien à perdre est enviable, et le stress du leadership est un sérieux inconvénient dans ce type d’étapes. Au rayon des bonnes surprises, on retrouve l’équipe NetApp et le surprenant Leopold König, les Movistar et Katusha, toujours au top, ainsi que la très forte équipe Astana. Chris Horner et Ivan Basso font encore de la résistance, mais il convient de rappeler que rien n’est encore joué. Les dix-sept premiers du général se tiennent en 59 petites secondes, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Cependant, les favoris à la victoire finale devrait observer une – courte – trêve pour laisser la place aux sprinteurs. Histoire de se remettre de leurs émotions, et d’affiner les stratégies à adopter. Nibali, possédant presque une minute d’avance sur Rodriguez, se devant bien évidemment de courir différemment. Et finalement, après quatre jours de course, le plus heureux est sans doute Alejandro Valverde, tout proche au général sans avoir à supporter le poids de la course qu’implique le maillot rouge…

Un triplé pour Boasson Hagen ?

A l’aube de cette 68e Vuelta, nous avions évoqué le plateau de sprinteurs présent, avec une domination annoncée d’Edvald Boasson Hagen face à des adversaires de seconde zone. Et le terrain de jeu du Norvégien se profile cette semaine, jusqu’à vendredi soir. Ce qui fait trois occasions de s’illustrer pour le dernier vainqueur du Grand Prix de Plouay, mais aussi trois occasions de se rater. Car si, sur le papier, les étapes semblent convenir au sprinteur de la Sky, rien ne s’annonce facile. Dès demain, l’arrivée jugée à Lago de Sanabria fera suite à 170 kilomètres de montées et descentes sans répit. Avant l’étape de Caceres et de sa bosse finale à en faire sauter bon nombre de sprinteurs, dont “EBH”. Heureusement, la journée de vendredi s’annonce plus tranquille beaucoup moins de difficultés et une arrivée presque plate. Malgré tout, avant le sprint, il faudra parcourir un peu plus de 200 bornes. Si l’on imagine toujours aussi mal Boasson Hagen être battu à la régulière par un autre spécialiste des arrivées massives, il n’est pas dit que le peloton arrive groupé à chaque fois, et que le Norvégien soit assez fort pour empêcher les puncheurs de s’imposer.

On l’a vu ce mardi, vers Finisterra. Là aussi, on annonçait le double vainqueur d’étape sur le Tour comme grand favori. Mais il n’a terminé que 6e et la victoire est revenu à Moreno, soit un grimpeur-puncheur à l’opposé du puncheur-sprinteur qu’est Hagen. Ce sont donc trois jours indécis qui se profilent, puisqu’il ne faut pas exclure non plus la possibilité qu’une échappée aille – enfin – au bout. Avec Vincenzo Nibali de nouveau leader, à peu près tout le monde aura un bon de sortie, même si se séparer du maillot rouge s’annonce désormais difficile pour le Sicilien. Toutefois, il y a quelques hommes qui verront ces trois étapes comme un léger répit avant la tempête qui se profile. Car dès samedi avec l’ascension de l’inédit Alto de Peñas Blancas, le Vuelta 2013 entrera dans le – très – vif du sujet. Plus question alors de se cacher ou d’en garder sous la pédale. Les leaders, pour ça, ne pourront plus compter que sur les journées de repos. Alors messieurs, profitez-en !

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